Les inégalités sociales sont fortes dès le collège
58 % des élèves des sections pour jeunes en difficulté au collège sont issus de catégories sociales défavorisées, 2 % sont enfants de cadres supérieurs. Selon le milieu social, la réussite des élèves au collège est très inégale.
A 12 ans, dès l’entrée en sixième, les élèves ne sont pas sur un pied d’égalité. Plus de 20 % des enfants d’inactifs et plus de 10 % des enfants d’ouvriers ou d’employés ont déjà redoublé, contre 2 % des enfants de cadres supérieurs, selon les données du ministère de l’Education nationale. Une partie des écarts s’est puise son origine à l’école maternelle et primaire.
Proportion d’élèves en retard à l’entrée en sixième à la rentrée 2015 Selon l’origine sociale de l’élève Unité : % |
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Garçons | Filles | |
Agriculteur | 8,8 | 5,3 |
Artisan, commerçant | 9,2 | 6,6 |
Cadre | 3,1 | 2,1 |
Profession intermédiaire | 6,5 | 4,7 |
Enseignant | 2,6 | 2,0 |
Employé | 9,9 | 7,6 |
Ouvrier | 14,6 | 11,7 |
Retraité | 15,1 | 12,5 |
Inactif | 24,2 | 20,6 |
Ensemble | 10,9 | 8,6 |
90 % d’enfants de milieu populaire en classes adaptées
Les élèves ne suivent pas les mêmes filières. Les enfants d’ouvriers, d’employés et d’inactifs représentent près de 90 % des élèves des sections d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa) [1], contre 53 % des jeunes qui suivent un enseignement général (données 2014). Les enfants de cadres supérieurs représentent 2 % des élèves de Segpa, dix fois moins que leur part dans l’enseignement général.
Répartition des collégiens en fonction de la filière et de la catégorie sociale Unité : % |
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Enseignement général | Enseignement pour élèves en difficulté (Segpa) | |
Agriculteurs | 2 | 1 |
Artisans, commerçants et chefs d’entreprise | 11 | 6 |
Cadres supérieurs | 21 | 2 |
Professions intermédiaires | 13 | 5 |
Employés | 17 | 14 |
Ouvriers | 27 | 44 |
Inactifs | 9 | 28 |
Total | 100 | 100 |
En fin de troisième, 10 % des élèves de milieu favorisé ont déjà redoublé, 3,5 fois moins que les élèves de milieu défavorisé. Les résultats au brevet suit aussi l’origine sociale. Le taux de réussite est en moyenne de 86,4 %, mais il varie de 80,8 % à 96,5 % selon que l’élève a un parent ouvrier ou cadre supérieur. Le score des enfants d’enseignants frôle les 100 %.
La part d’élèves de milieu défavorisé en retard a nettement baissé entre 2004 et 2013 (de 53 % à 35 %) et l’écart s’est réduit avec les élèves de milieu favorisé (passés de 19 % à 10 %). Mais cette évolution reflète surtout un recours moindre au redoublement, qui a fait preuve de sa faible utilité mais n’est pas réellement remplacé par des moyens nouveaux de rattrapage. Une partie des jeunes plus importante qu’auparavant termine le collège avec des lacunes.
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Taux de réussite au brevet des collèges
Selon la catégorie sociale
Unité : %Taux de réussite Agriculteurs exploitants 93,7 Artisans, commerçants, chefs d’entreprise 89,0 Cadres supérieurs 96,5 – dont professeurs et assimilés 97,9 Professions intermédiaires 91,6 – dont instituteurs et assimilés 96,8 Employés 86,2 Ouvriers 80,8 Ensemble 86,4
Evolution de la proportion d’élèves en retard en troisième Selon la catégorie sociale Unité : % |
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2004 | 2013 | |
Très favorisée | 19 | 10 |
Favorisée | 31 | 17 |
Moyenne | 38 | 23 |
Défavorisée | 53 | 35 |
Total | 39 | 24 |
Elèves de troisième, Segpa inclus, enseignements public et privé. Lecture : en 2004, 19 % des élèves de troisième très favorisés avaient un an de retard ou plus. |
Les inégalités sociales se constituent avant le collège, mais une grande partie de l’avenir des jeunes se joue à ce moment de leur scolarité. La coupure marquée avec le primaire dans la façon d’enseigner, l’académisme des enseignements au secondaire (tournés vers la forme universitaire), la fréquence des évaluations et bien d’autres facteurs alimentent le lien entre milieu social et inégalités. Les modules de soutien mis en place ne peuvent pas grand chose face à l’ampleur des écarts. Une partie des jeunes décrochent et attend l’âge de fin de scolarité obligatoire faute de solution adaptée pour eux ou d’avoir été entendus au moment de leur décrochage.
La fin de collège est un point de bifurcation essentiel. C’est au moment du passage en seconde que l’on va réellement séparer les jeunes d’une classe d’âge. 85 % des enfants de milieu favorisé vont en seconde générale et technologique, proportion deux fois supérieure aux enfants de milieux défavorisés. Une de ces derniers sont contraint d’opter pour des filières et avenir qu’ils ne souhaitent pas.
Accès en seconde générale et technologique selon l’origine sociale Unité : % |
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Origine sociale favorisée | Origine sociale défavorisée | Ecart en points | Rapport | Rapport des chances * | |
1967 | 77,8 | 23,0 | 54,8 | 3,4 | 11,7 |
1985 | 77,5 | 26,7 | 50,8 | 2,9 | 9,4 |
1994 | 87,8 | 40,1 | 47,7 | 2,2 | 10,7 |
2000 | 84,6 | 39,0 |
45,6 |
2,2 | 8,6 |
2012 | 84,8 | 42,4 | 42,4 | 2,0 | 7,6 |
Pour les années, il s’agit de suivi des élèves entrés en sixième cinq ans plus tôt. Certains ont redoublé. * Rapport des chances : compare les chances d’accès en seconde d’une catégorie à une autre. Les chances d’une catégorie donnée sont mesurées par le rapport entre la part de ceux qui y accèdent et de ceux qui n’y accèdent pas. Par exemple, pour un enfant d’origine sociale favorisée, la ‘chance’ d’accéder à la seconde en 1967 est de 77,8 % (part de ceux qui y accèdent) divisé par 22,2 % (part de ceux qui n’y accèdent pas), soit 3,5. Pour un enfant d’origine défavorisée, elle est de 23 % divisé par 77 % = 0,30. Le rapport de chances est de 3,5 divisé par 0,3 = 11,7. |
Notes
[1] Elles accueillent les collégiens présentant des difficultés scolaires « graves et durables ».
inegalites.fr