L’extractivisme n’est pas le fait d’extraire des entrailles de la terre les ressources qui permettraient à chacun de couvrir ses besoins vitaux ; c’est le fait d’extraire de façon maniaque tout ce qui peut l’être : pétrole, uranium, sable, or, fer cuivre, métaux rares etc… avec pour seul pour objectif de nourrir le capital, en complète déconnexion avec nos besoins réels.
Il ne s’agit pas d’améliorer notre quotidien mais de produire au maximum pour alimenter la machine infernale « croissance-productivisme-consumérisme » dans les pays du nord global. Les exemples ne manquent pas, entre l’addiction au pétrole qu’entretiennent les lobbies automobiles, l’uranium qui alimente nos centrales et les métaux rares qui peuplent nos ordinateurs, tablettes et smartphones.
Remuer de plus en plus de terre, aller de plus en plus profond parce qu’on a d’abord extrait les ressources les plus accessibles et les plus concentrées, utiliser des techniques toujours plus invasives et polluantes (fracturation hydraulique, forages en eaux profondes, produits chimiques déversés sans scrupule dans le milieu naturel…), sont les sinistres corollaires de cette méga-industrie prédatrice.
L’impact environnemental est catastrophique : déforestation, atteinte à la biodiversité, réchauffement climatique, paysages de désolation, pollution des nappes phréatiques et de l’air atmosphérique et surconsommation de l’eau qui prive les populations de cet élément essentiel ; à l’autre bout de la chaîne, des montagnes de déchets qui s’accumulent.
Les colonisations et l’esclavage, les conflits armés plus récents (Libye, Niger, Irak, Mali…), la corruption des pouvoirs en place pour le contrôle des ressources ont asservi les peuples du sud, avec des conséquences sociales et sanitaires scandaleuses : déplacements de populations autochtones au mépris de leur culture, répression violente et systématique des résistances, populations exploitées (et travail des enfants), sous payées et qui ne profitent pas des ressources naturelles de leur territoire mais subissent les conséquences environnementales de l’extractivisme ; en témoignent les montagnes de déchets radioactifs qui s’accumulent à Arlit au Niger, polluent les nappes phréatiques et induisent une explosion des cancers, pour satisfaire une partie de notre demande en uranium.
La France est sur le point de relancer « les mines » sur tout le territoire ; de nombreux permis ont été accordés récemment : or dans la Creuse, or et argent en Haute Vienne… 55 permis de recherche de gaz de schiste sont encore actifs et le code minier est en train d’être revu pour faciliter ces exploitations.
L’entreprise « la Française de l’Energie (LFdE) » entend exploiter le gaz de couche (gaz contenu dans les couches profondes de charbon) en Lorraine et dans le Nord/Pas-de-Calais. Pourtant, la technique utilisée (fracturation hydraulique ou technique très voisine) est potentiellement très polluante pour l’eau et l’air ; pourtant le réchauffement climatique nous impose de ne pas exploiter de nouvelles énergies fossiles. L’entreprise a été introduite en bourse en juin dernier et veut certifier des ressources pour augmenter sa valeur ; c’est un projet financier et non un besoin des habitants des bassins miniers !!!
Ce n’est pas la transition vers l’éolien et le photovoltaïque prônée par les « techno-écolos » qui stopperait cette folie extractive, bien au contraire : une grande éolienne contient en moyenne 500 kg de cuivre et de nombreux métaux rares ayant une durée de vie maximale d’une vingtaine d’années ; les panneaux photovoltaïques sont bourrés de métaux rares, ont une durée de vie plus courte encore et sont peu recyclables.
Pour casser ces logiques destructrices, les activités humaines doivent être subordonnées aux lois du fonctionnement des écosystèmes naturels et à la qualité de vie des habitants ; c’est-à-dire produire, selon les besoins et avec les ressources dont on dispose localement, des objets et des biens de qualité.
Se réapproprier les décisions politiques, habiter réellement nos territoires, mettre en commun et protéger les ressources disponibles en sont les conditions premières.
C’est le défi minimal que l’humanité doit relever pour laisser une chance aux générations à venir de ne pas vivre l’effondrement dans la barbarie.