Droits des paysans, droits universels !
Appel à la mobilisation de la Via Campesina ; cela se passera le lundi 17 avril
Vers une Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales !
(Harare, Mars 2017) Le mouvement paysan international La Via Campesina appelle ses membres et ses alliés à se mobiliser le 17 avril, Journée internationale des luttes paysannes1. Cette année, nous souhaitons que le monde entier sache que les paysans, les paysannes et les autres personnes travaillant dans les zones rurales œuvrent sans relâche pour leurs droits. L’initiative pour les droits des paysans, lancée par La Via Campesina il y a 17 ans, est maintenant à un stade avancé pour être reconnue par les Nations unies comme une Déclaration sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales. Cette déclaration, si elle est approuvée, créera un instrument juridique international pour protéger les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales, et attirer l’attention sur les menaces et les discriminations dont ils sont victimes.
Au XXIème siècle, une telle déclaration est une nécessité urgente et évidente. Les paysans, qui produisent la masse des aliments consommés mondialement, continuent de subir criminalisation, discrimination, déplacements et persécutions malgré l’existence de nombreux instruments juridiques internationaux qui reconnaissent et protègent leurs droits.
Les droits fondamentaux des paysans sont de plus en plus précarisés à l’heure où la crise économique et écologique empire. L’expropriation foncière, l’éviction forcée, la discrimination basée sur le genre, l’absence de droit à la terre, le peu d’importance accordée au développement rural, les faibles revenus et le manque d’accès aux moyens de production, l’insuffisance de protection sociale et la criminalisation des mouvements qui défendent les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales sont autant de violations des droits universels des hommes et des femmes.
En Afrique, par exemple, plus de 70% de la production agricole et des soins aux personnes sont assurés par les femmes. Pourtant, leurs droits en matière de propriété de biens, d’accès au crédit, à l’information et aux prises de décisions politiques sont très peu reconnus. Au Brésil, malgré de nombreuses années de luttes paysannes pour une réforme agraire globale, une redistribution équitable des terres n’a toujours pas eu lieu. En Europe, la politique agricole commune et la dérégulation du secteur laitier touchent des centaines de milliers de familles d’agriculteurs. La concentration des terres augmente et certains des paysans touchés sont forcés de vendre leur terre ; la participation des jeunes à l’agriculture n’a jamais été aussi faible. En Asie, comme dans le reste du monde, les accords de libre-échange et les accords bilatéraux ont détruits beaucoup de marchés locaux et continuent d’être une menace pour l’agriculture locale et traditionnelle.
Nous appelons les peuples du monde entier à célébrer la Journée internationale des luttes paysannes en continuant le travail pour renforcer la souveraineté alimentaire et le combat contre le réchauffement climatique et pour la préservation de la biodiversité ; à se battre pour une véritable réforme agraire et une meilleure protection contre l’accaparement des terres ; à continuer à conserver, utiliser et échanger nos semences ; et à renforcer les liens de solidarité entre nous. Toutes ces luttes nous apporte la force dont nous avons besoin pour défendre nos terres contre les intérêts des entreprises privées et pour lutter contre la persécution et la violence envers les paysans et les autres personnes travaillant dans les zones rurales. Cette année en juillet 2017, La Via Campesina tiendra au pays basque sa VIIe conférence internationale durant laquelle nous approfondirons notre analyse de la crise actuelle et nous déciderons de lignes d’action stratégiques pour renforcer notre mouvement.
Enfin, nous appelons les pays à soutenir la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales. Nous mobiliserons nos membres et nos alliés pour faire pression sur nos gouvernements afin que les prochaines négociations lors de la 4ème session du groupe de travail inter-gouvernemental à composition non limitée sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme à Genève, soient un succès. Nous pensons qu’en défendant les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales, c’est l’ensemble de l’humanité qui ressortira gagnante.
Rejoignez-nous le 17 avril en interpellant vos gouvernements, en organisant des manifestions, des débats et des discussions publiques, des projections de films, des marchés de produits paysans, des festivals ou des actions de solidarité – toutes vos idées et vos initiatives sont les bienvenues ! Partagez-les à l’adresse suivante : lvcweb@viacampesina.org afin que nous puissions les diffuser sur notre carte d’actions à l’avance. Envoyez aussi vos photos, vos vidéos et vos enregistrements audio pour que nous puissions les mettre en ligne sur notre site et notre Télé.
Il est vital que nos droits en tant que paysans et paysannes soient garantis. L’accès à la Terre est essentiel pour vivre dignement en milieu rural et pour que tous les peuples du monde atteignent la souveraineté alimentaire. Regardez et partagez notre nouvelle vidéo disponible ici !
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Pour plus d’informations sur le processus auprès des Nations unies, cliquez ici.
Nous alimentons nos peuples et nous construisons un mouvement pour changer le monde !
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Note
1. Le 17 avril 1996, 19 paysans ont été tués lors d’une attaque de la police militaire de l’état amazonien du Para au Brésil contre un grand nombre de membres du Mouvement des travailleurs sans terre (MST) qui bloquaient une autoroute afin de réclamer une réforme agraire. Deux autres personnes sont décédées des suites de leurs blessures plusieurs jours plus tard, et des centaines d’autres ont été si gravement blessées qu’elles n’ont pas pu continuer à travailler dans l’agriculture. La Via Campesina, qui à ce moment-là tenait sa deuxième conférence internationale à Tlaxcala au Mexique, a déclaré le 17 avril Journée internationale des luttes paysannes.
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