L’accès à l’eau pour tous est un droit humain universel. C’est aussi une condition préalable à tout développement. Il est alors essentiel pour chaque pays de faire du secteur de l’eau une priorité, afin de contribuer au bien-être des populations et au développement de l’économie locale.
Cette nécessité se traduit dans les stratégies nationales du pays, à travers un budget conséquent et des politiques du secteur adaptées, et doit être soutenue par les organisations de la coopération internationale.
En 2016 un an après l’échéance fixée par la communauté internationale pour atteindre l’Objectif du Millénaire pour le Développement(OMD) Eau et Assainissement et dans la perspective de promouvoir un accès à l’eau pour tous, une relance du secteur est primordiale. Cela passe nécessairement par les Plans nationaux pour l’eau, instrument de planification autour duquel tous les acteurs peuvent se rassembler et unir leurs efforts.
1-Soutenir la relance de plans d’actions nationaux pour l’eau
Un appui doit être apporté à la mise en œuvre opérationnelle des Plans d’actions nationaux établis par les états, avec une priorité accordée aux pays africains.
Les plans d’action nationaux sont en effet essentiels aux progrès du secteur et doivent :
-Permettre des économies d’échelle : détecter les zones non desservies, rechercher des financements, faire le lien avec les plans communaux Eaux
-Reposer sur des objectifs et des données régulièrement actualisées, et sur une mobilisation de tous les acteurs (services centraux et déconcentrés de l’état, collectivités locales, partenaires techniques et financiers, acteurs de la coopération décentralisée, usagers, ONG…)
-Etre coordonnés et mis en œuvre par une structure permanente, prise en charge par l’état.
2-Organiser des tables rondes nationales inclusive de relance de secteur
L’organisation par pays d’une table-ronde sectorielles, réunissant les différents acteurs et partenaires permettrait de relancer la mise en œuvre des plans d’action nationaux eau, avec pour objet de :
-Identifier, dans chaque pays présentant un faible taux d’accès au service, la part et la localisation des populations non desservies, notamment dans les zones rurales et périurbaines et auprès des populations les plus démunies qui accusent le plus grand retard.
-Identifier les obstacles et les besoins financiers, tant en termes de montants due d’efficacité
-Mettre en œuvre un programme d’action, mobilisant l’ensemble des acteurs et bailleurs sur un calendrier d’action jusqu’en 2020 et au-delà. Il devra se baser sur les plans d’actions et politiques existants, et s’accompagner d’un travail de suivi-évaluation, incluant les usagers de l’eau.
3-Promouvoir des politiques de financement, ambitieuses et adaptées
L’amélioration de l’accès à l’eau potable a un impact positif à la fois économique, environnemental et social, notamment pour les pays qui n’ont pas atteint les OMD. Il est donc essentiel de définir des politiques de financement volontaristes, comme cela a été rappelé à de nombreuses reprises par la communauté internationale.
Adossée à des engagements politiques ambitieux, la planification financière concertée est un outil efficace à condition d’être fondée sur une juste répartition entre des transferts des bailleurs de fonds, des contributions des budgets publics nationaux et une participation équitable et solidaire des usagers des services d’eau.
-orienter les financements internationaux, vers les populations les plus démunies
-promouvoir de nouveaux outils de financement, additionnels aux instruments traditionnels
-assurer une meilleur coordination et efficacité de l’aide
4-Assurer une bonne gouvernance des services d’accès à l’eau
La mise en place d’une gouvernance transparente et opérationnelle des services d’accès à l’eau est incontournable pour permettre un accès effectif, de façon durable et solidaire.
Cette gouvernance repose sur les autorités locales, garantes du service public de l’eau sur leur territoire. Elles assurent la mise en place et la maintenance des infrastructures, et sont responsables de la gestion financière, adaptée et transparente, du service. Celui-ci doit être construit avec et pour le citoyen, en s’appuyant sur les principes de participation, de transparence, de redevabilité, de solidarité et d’équité.
Dans tous les pays, l’absence ou le manque de système de gouvernance constitue une entrave majeure à l’accès de tous aux services d’eau. Elle peut en effet conduire à de nombreuses dérives : autorités corrompues, lors de passation de marchés, profits abusifs d’un délégataire, incompétence d’une petite entreprise, exigences inconsidérées d’usagers, abandon de responsabilité d’une commune…Régulation et contrôle sont donc nécessaires, mais faute de volonté politique ou de moyens, ils ne sont pas systématiquement mis en place.
-mettre en place un mécanisme de régulation et de contrôle du secteur
-soutenir la professionnalisation et la performance des services décentralisés du secteur
-associer les citoyens aux décisions
5-Promouvoir la mise en oeuvre effective du droit de l’homme à l’eau potable
En 2010, après de longs débats, le droit à l’eau potable et à l’assainissement a été reconnu comme un droit de l’homme par l’assemblée générale des nations unies, par le conseil des droits de l’homme et par l’assemblée générale de l’organisation mondiale de la santé. Ce nouveau droit de l’homme n’aura toute sa signification que lorsqu’il aura été inscrit dans les lois des différents pays et qu’il sera mis en œuvre au niveau local.
Alors que les classes dirigeantes et que les habitants des villes de la plupart des pays bénéficient de facto du droit à l’eau, il n’en est pas même pour les fractions déshéritées ou marginalisées de la population. Pour des raisons économiques, souvent, celles-ci ne peuvent exercer ce droit.
Faute d’une pression sociale forte, les progrès dans le domaine du droit à l’eau ont été lents et insuffisants. Les investissements à consentir sont couteux et peut visible.
Pourtant, les avantages économiques d’une amélioration de l’accès à l’eau dépassent de très loin les couts associés et tous les experts s’accordent à défendre un renforcement des actions dans ce domaine. Comme pour les autres droits de l’homme, la pression de décisions juridiquement obligatoires sur les gouvernements permettra d’accélérer les progrès
-faire du droit à l’eau potable un droit opposable
-associer les populations à la gestion de l’eau et garantir le financement de l’accès à l’eau
-favoriser l’entraide dans le développement du droit à l’eau potable
5-Apporter une réponse adaptée aux situations d’urgence et humanitaires
L’eau, source de vie, est aussi source de drames. Aléas naturels, conflits crées par l’homme ou épidémies, ces catastrophes sont en augmentation et font de plus en plus de victimes et de dégâts.
La réponse humanitaire doit couvrir les besoins vitaux que sont l’eau, l’hygiène et l’assainissement, dans un souci d’efficacité et de dignité. Chaque catastrophe doit être une occasion de rebâtir une communauté plus résistante et plus résiliente. Chaque intervention en urgence doit être liée à la reconstruction et au développement, car la réduction de la vulnérabilité constitue le meilleur rempart contre les désastres créés par l’eau
L’urgence est aussi chronique : le manque d’eau constitue un problème humanitaire majeur pour plus d’un milliard d’humain.
La réduction de l’exposition au risque, de la vulnérabilité, et la capacité à réagir, sont trois facteurs qu’il est nécessaire de renforcer pour prévenir la réalisation des risques.
Le développement et la lutte contre la pauvreté sont les meilleures protections contre les désastres car ils rendent les communautés plus résistantes et mieux équipées pour faire face. Lorsque la catastrophe survient, l’aide humanitaire nécessite d’être mieux coordonnée, plus efficace, pertinente et efficiente.
Elle doit systématiquement raire le lien avec la sortie de crise, la rénovation et la construction
-prévenir par l’application du cadre d’action de Hyōgo
-répondre par l’action humanitaire d’urgence
Etablir le lien Urgence, Rénovation, Construction
6-Assurer la sécurité alimentaire par l’accès à l’eau aux agricultures familiales
L’eau est un bien commun qui doit d’abord servir l’intérêt général. Il doit être physiquement et économiquement accessible à tous, sans exclusion aucune. Pour les agricultures familiales du Sud, l’eau est un moyen de subsistance essentiel. De fait, le droit à une alimentation suffissante, inclus dans le droit international, exige un accès durable à la ressource en eau. Il s’agit donc de garantir ce droit à l’accès à l’eau pour répondre aux enjeux de sécurité alimentaire et permettre aux agricultures familiales de produire suffisamment pour tous et dans des conditions environnementales soutenables.
La concurrence pour l’accès à l’eau ne cesse de s’aiguiser du fait de la croissance démographique, de l’industrialisation, de l’urbanisation et de l’évolution des modes de production et de consommation. Les conflits, parfois violents, entre agriculteurs, entreprises et villes en pleine croissance, se multiplient dans le monde.
Face à certain groupe d’intérêt mieux représentés et puissants, les paysans subissent un accès à l’eau toujours plus restreint et une spoliation fréquente de leurs droits historiques d’accès à la ressource.
L’accès à l’eau est un élément essentiel pour assurer la sécurité alimentaire
-investir dans l’eau agricole pour les agricultures familiales
-protéger les droits d’accès et d’usage à l’eau pour produire
-favoriser la gestion concertée de l’eau
S. SARR