Tous les indicateurs sont au rouge
C’est dans une quasi indifférence médiatique que s’est tenu à Bonn, en Allemagne, la session annuelle des négociations climatiques. Or, tous les indicateurs concernant le réchauffement de la planète sont au rouge. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), la température moyenne a excédé de 1,1 °C les niveaux de l’ère préindustrielle. Un troisième triste record après ceux de 2015 et de 2014 [1]. Alors que les surfaces de banquise en Arctique et Antarctique ont atteint des niveaux exceptionnellement bas en 2016, la montée des océans se révèle 25 à 30 % plus rapide entre 2004 et 2015 qu’entre 1993 et 2004 selon une étude relayée par Le Monde.
La perspective de maintenir l’augmentation de la température moyenne, par rapport à l’ère préindustrielle sous le seuil de 1,5°C, comme le mentionne l’accord de Paris adopté en décembre 2015, s’éloigne de plus en plus. « Le 5 mai, le dernier pointage de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) indiquait qu’un nouveau record était atteint, avec une concentration atmosphérique de CO2 de plus de 410 parties par million (ppm) relevé au laboratoire de Mauna Loa – un niveau jamais atteint depuis le pliocène, il y a quelque 2 millions d’années », énonce le journaliste Stéphane Foucart. En parallèle, la hausse rapide du méthane, un gaz 28 fois plus réchauffant que le dioxyde de carbone, alerte les climatologues, souligne le site Reporterre.
Ces tendances s’accompagnent d’événements extrêmes depuis le début de l’année 2017. Des canicule prolongées ont frappé de nombreux États d’Australie [2]. Une grande partie de l’Afrique de l’Est est actuellement victime d’une sécheresse intense à l’origine de graves pénuries alimentaires [3]. Au Pérou, des pluies torrentielles inédites depuis des décennies ont déclenché des inondations et des glissements de terrain ayant fait au moins 78 morts et quelque 70 000 sans-abri, justifiant la déclaration de l’état d’urgence [4].
C’est dans ce contexte que la Maison blanche devrait annoncer « d’ici fin mai » si les États-Unis sortent ou non de l’accord de Paris. « Pour couronner le tout, Donald Trump a récemment signé un décret sur l’indépendance énergétique qui abroge plus d’une demi-douzaine de mesures adoptées par son prédécesseur et qui aura de graves conséquences mondiales », dénonce Hoda Baraka de l’organisation écologiste 350.org. Face à l’irresponsabilité des politiques, l’ONG coordonne du 8 au 13 mai de multiples actions en faveur du désinvestissement des énergies fossiles (voir la carte mondiale des mobilisations). Une action est notamment prévue à Paris pour demander au musée du Louvre de rompre son partenariat avec la multinationale Total (notre enquête).
Que faut-il attendre du nouveau président français sur ce sujet ? Le 10 février dernier, Emmanuel Macron a publié une vidéo sur twitter adressée aux chercheurs d’Outre-Atlantique. « Je sais que votre nouveau président a décidé de compromettre votre budget, vos initiatives car il se montre très sceptique sur le changement climatique. Moi, je n’ai aucun doute quant au changement climatique et l’on doit être attentifs à ce problème », déclare t-il. Avant de les inviter à se joindre aux chercheurs français et européens en venant travailler dans l’Hexagone sur le changement climatique et les énergies renouvelables, tout en garantissant des budgets. Une déclaration que ne lui manqueront pas de rappeler des organisations de la société civile, si Emmanuel Macron ne traduit pas son engagement en actes concrets dans les semaines qui suivront son investiture.
Notes
1] Les données du Met Office (Royaume-Uni), de la NASA et de la NOAA (États-Unis) montrent sans équivoque que 2016 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée.