Sportives : un combat
Etre une femme sportive, amateur ou professionnelle, reste souvent difficile dans nos sociétés. Surtout dans les sports encore considérés comme réservés aux hommes.
Une émission de France inter
47 minutes d’audition
https://www.franceinter.fr/emissions/interception/interception-10-juillet-2016
Cet été 2016 sera très sportif, avec notamment les Jeux Olympiques de Rio, du 5 au 21 août. Il parait presque naturel de dire que près de la moitié des athlètes qui participeront à ces JO seront des femmes (elles étaient 44% à Londres en 2012). Et pourtant, être une femme sportive, amateur ou professionnelle, reste souvent difficile dans nos sociétés. Surtout dans les sports encore considérés comme réservés aux hommes, par exemple le rugby ou la boxe.
Les chiffres sont là : la place réservée aux femmes dans la couverture des évènements sportifs par les médias est bien moindre que celle accordée aux hommes. Les primes versées aux femmes sont inférieures à celles des hommes. Les footballeuses américaines ont menacé de boycotter les JO de Rio si elles n’obtenaient pas l’égalité salariale avec les hommes.
L’image de la femme sportive reste prisonnière des clichés sexistes. Pour être médiatisées, les sportives sont souvent condamnées à l’exploit alors que les compétitions masculines sont systématiquement suivies. Pourtant, le sport pratiqué par les femmes peut-être tout aussi spectaculaire.
Reportage Céline Rouzet. Emission présentée par Lionel Thompson.
Réalisation Anne Lhioreau assistée de Stéphane Cosme
Sur le site du Sénat, rapport de juin 2016, « Egalité des femmes et des hommes dans le sport »
Collectif La Barbe avec le CIO
Les livres :
« Je me bats dans la vie comme sur le ring « , Anne-Sophie Mathis et Valérie Rodrigue, Ed Anne Carrière
« A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin », Fabienne Broucaret
« Le sport féminin : dernier bastion du sexisme ? » Fabienne Broucaret
« Football féminin, la femme est l’avenir du foot », Audrey Keyser et Maguy Nestoret Ontanon, Ed Le bord de l’eau
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Utérus, joli décolleté ou pedigree d’un mari : le sexisme ordinaire envers les femmes journalistes
En France, dans les années 60, des journalistes mâles de l’ORTF pissaient encore sur les chaussures de leur collègue femme, Danièle Breem, lorsqu’elle intervenait à l’antenne. Un demi-siècle plus tard, entre sexisme bienveillant et « femme de », interviewer un homme politique reste souvent pénible.
Depuis que France Télévisions a annoncé, mercredi 17 mai, qu’Anne-Sophie Lapix remplacerait David Pujadas au 20 heures de France 2 à la rentrée, la journaliste a vu fondre sur elle une pluie de tweets sexistes. La plupart ciblent plus particulièrement Lapix à travers son mari, Arthur Sadoun, qui se trouve diriger Publicis. Ces internautes parient sur l’intervention d’Emmanuel Macron auprès de Delphine Ernotte, la patronne de France télévisions… elle-même cliente du groupe Publicis, lequel s’était prononcé en faveur d’Emmanuel Macron durant la campagne.
Au-delà du bon gros amalgame complotiste comme il en est d’autres sur les réseaux sociaux, la journaliste, pourtant plus connue du grand public que son mari, a soudain été circonscrite en “femme de”. D’ailleurs, de nombreux tweets la rebaptisent “Madame Sadoun”.
Cette variante de la misogynie ordinaire n’est pas sans précédents envers des femmes journalistes. En 2011, Anne Sinclair s’était vue ramenée au rôle d’attachée de presse de son mari d’alors, Dominique Strauss-Kahn. Alors qu’elle mettait en cause sur son blog le débat sur l’islam lancé par Nicolas Sarkozy, Christian Jacob, patron des députés UMP à l’Assemblée, dénonçait sur RMC la “nouvelle technique de communication de DSK” : passer par sa femme. Marine Le Pen s’était faite plus explicite encore :
M. Strauss-Kahn fait campagne par l’intermédiaire de sa femme, je pense que ce n’est pas au niveau que l’on attend de candidats à la présidentielle.
Les journalistes politiques de sexe féminin ont été plus présentes que jamais durant la campagne présidentielle qui vient de s’achever. Hormis pour le premier débat d’entre-deux tours, une parité scrupuleuse a été tenue par exemple lors des débats télévisés entre candidats, avec Léa Salamé, Anne-Claire Coudray ou Nathalie Saint-Cricq. Pourtant, les remarques sexistes persistent.
Les neurones et la maternité
Ainsi, lors d’un de ces débats télévisés, François Fillon a-t-il assigné Léa Salamé à son rôle de mère pour mieux déprécier son travail de journaliste… parce que mère. Interrogé par Léa Salamé sur un point de son programme sur la Sécurité sociale, il rétorquait, faisant allusion au récent congé maternité de l’intervieweuse :
Je comprends que vous posiez la question, puisque vous avez été absente quelques temps, et je me permets de vous féliciter d’ailleurs, mais j’ai déjà répondu 20 fois, y compris sur ce plateau, à cette question.
Dans le contexte d’un rapport de force qui entoure une telle interview, le petit mot doux de félicitation ne vient pas atténuer le sexisme, mais le déplace dans un registre bien précis : celui du sexisme bienveillant. Au lendemain du débat, le quotidien Libération éclairait cette forme de sexisme, moins frontale et plus difficile à débusquer, avec cet article de psychologie sociale publié par deux chercheurs belges, Marie Sarlet et Benoît Dardenne, en 2012 dont voici un extrait :
L’ambivalence des attitudes envers les femmes découlerait de la coexistence entre deux types de pouvoir : le pouvoir structurel et le pouvoir dyadique. Le premier est celui à travers lequel les hommes dominent aux niveaux des institutions politiques, légales, économiques et religieuses. Ce type de pouvoir renforcerait les attitudes sexistes hostiles envers les femmes.
Le second, le pouvoir dyadique, est originaire de la dépendance des hommes aux femmes (pour les besoins d’intimité et de reproduction) et encouragerait des formes bienveillantes de sexisme (par exemple, la vénération et la protection des femmes). Le sexisme bienveillant serait donc le résultat d’une caractéristique inhérente aux relations entre les hommes et les femmes, leur interdépendance, ce qui souligne la nécessité de considérer le sexisme bienveillant dans la compréhension des relations entre les genres.
Le sexisme bienveillant est une variante du discours machiste. Plus tôt, dans la campagne, la même Anne-Sophie Lapix s’était outrée à l’antenne que le frontiste Florent Philippot gage qu’elle ne prépare pas ses interviews elle-même. Campant l’empathie, il lui avait rétorqué qu’il s’inquiétait qu’elle ne soit pas mieux épaulée. Pour Lapix, le numéro 2 du FN n’aurait pas parlé ainsi à un intervieweur homme. C’est à partir de ce moment-là qu’elle s’est retrouvée dans le viseur de nombreux comptes twitter, qui plus tard se mettront donc à cibler “Madame Sadoun”.
Quand des journalistes pissaient sur les chaussures de leur collègue femme
Professeure en science de la communication et membre du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Coullomb-Gully estime qu’il est toujours vrai que, lorsqu’une femme accède à un poste, à l’instar de Lapix au 20 heures, on lui “cherche des poux dans la tête”, là où un homme n’aurait pas été passé au crible pour les mêmes raisons. Parmi ces prétextes invoqués, l’enfant ou le mari figurent toujours en bonne place.
Mais il n’en a pas toujours été ainsi : dans son livre Huit femmes sur un plateau, Marlène Coullomb-Gully s’intéresse au parcours des pionnières du journalisme. De Danielle Breem, première journaliste à l’Assemblée nationale arrivée en 1955 à la rédaction de l’ORTF, la chercheuse raconte que lorsqu’elle s’installait dans la cabine du speaker, les journalistes mâles qui l’entouraient urinaient sur ses chaussures.
Anne Sinclair lui a encore confié qu’elle avait un jour proposé de cirer les chaussures de Jean-François Kahn sur un plateau télé. Quant à Michèle Cotta, le journal Combat, où elle a commencé, lui a d’abord interdit de signer de son vrai nom qui trahissait son genre.
Toutes ont essuyé attaques misogynes et atavismes déplacés, mais sans forcément être ramenées à leur utérus ou leur alliance. Pour la bonne raison que les pionnières, qui s’appelaient Danièle Breem ou Jacqueline Baudrier (qui présentera le fameux débat télévisé entre Giscard et Mitterrand le 10 mai 1974), étaient pour la plupart célibataires, sans enfants :
On ne pouvait pas chercher l’homme derrière Breem ou Baudrier comme on le fait aujourd’hui derrière Anne-Sophie Lapix pour la bonne raison qu’il n’y avait pas d’homme derrière elle. En tous cas pas UN homme. A Breem, on a justement reproché d’être une « Marie-couche-toi-là ». A d’autres, de jouer sur les codes masculins. A l’époque, elles avaient intégré que pour réussir, il fallait être atypique.
Dans les archives radiophonique qu’on garde de Jacqueline Baudrier, elle n’étrille guère l’ORTF pour son machisme, mais bien davantage la télévision, dont elle estime qu’elle a longtemps été « pas mûre pour les femmes ». Baudrier vouvoyait tout le monde hormis Léon Zitrone, et c’est elle qui a mis le pied à l’étrier à Bernard Pivot. Ecoutez-la évoquer ses débuts dans son métier au micro de Jacques Chancel sur France Inter, dans l’émission « Radioscopie » le 6 janvier 1976. A l’époque, Jacqueline Baudrier présidait Radio France depuis un an :
la totalité de l’article :
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Pistes pour un écoféminisme anti-système
L’écoféminisme est assez peu connu dans les pays francophones. La littérature existante se concentre pratiquement exclusivement sur l’écoféminisme spiritualiste. Ce courant est la plupart du temps considéré avec méfiance, y compris par les milieux écologistes radicaux qui y voient un retour mystique à la terre. Certain·e·s d’entre elles·eux critiquent en particulier l’idée « essentialiste » d’une partie de ce mouvement qui considère que le simple fait d’être une femme implique une relation différente à la nature.
l’article sur :
entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2017/06/10/pistes-pour-un-ecofeminisme-anti-systeme/