Eldorado de la communication climatique française ?
Alors que la mise en œuvre de l’Accord de Paris qui doit limiter le réchauffement planétaire bien au-dessous des 2°C est au cœur de l’actualité européenne et internationale, les processus d’implantation d’infrastructures de production électrique se poursuivent partout en France, comme si de rien n’était, bien que plusieurs centrales soient « sous cocon », c’est-à-dire à l’arrêt ou fonctionnant bien en dessous de leur seuil de rentabilité. Bienvenue à Landivisiau, Finistère, et son projet de centrale à cycle combiné gaz (CCCG).
Projet de méga centrale à gaz initié par l’État en 2011, piloté de fait par Jean-Yves Le Drian, (ancien président de la Région) et remporté par le consortium Poweo-Direct Énergie/Siemens, c’est l’un des piliers du Pacte électrique breton. Derrière cette jolie image d’Épinal, une infrastructure dont l’utilité n’est en réalité pas acquise, et qui devrait bénéficier d’une subvention de 94 000 euros par Mégawatt/heure produit, soit environ 50 millions d’euros par an, prélevés sur la contribution au service public sur l’électricité (CSPE), c’est à dire payés par les citoyens, et ce pendant 20 ans, contrat renouvelable une fois.
Donc à juste titre, la colère des habitants gronde. À travers le collectif GASPARE, de nombreux citoyens ne se contentent pas de s’opposer à l’implantation de cette centrale à gaz, ils réfléchissent à la question de l’énergie dans leur région, et ceci depuis des années. C’est pourquoi, malgré leurs très faibles moyens, ce collectif a décidé d’engager un bureau d’étude indépendant, Horizons, pour élaborer un « scénario électrique alternatif breton », et ainsi apporter une vision contradictoire à un débat dont ils étaient exclus. Élaboré à partir de données et d’hypothèses institutionnelles issues des dernières projections de RTE, du Pacte électrique et du premier document du Schéma Régional Climat Air Énergie (SRCAE) de la Bretagne, le scénario alternatif du bureau Horizons démontre l’inutilité d’une nouvelle centrale à Landivisiau. Les prévisions de développement des énergies renouvelables, le maintien prévu par RTE des turbines à combustion rénovées de Cordemais, Brennilis et Dirinon, la mise en œuvre d’actions de réductions de consommations, en particulier sur les logements et le tertiaire, suffisent à effacer la pointe électrique d’hiver, argument principal des promoteurs de la CCCG. La démonstration s’appuie sur des données incontestables qui prennent en compte tant les évolutions de consommation que différents éléments liés au développement des énergies renouvelables et à l’optimisation des équipements existants.
Dans un contexte de transition énergétique et de croissance verte, l’urgence est bien à une remise à plat du Pacte électrique breton, afin d’assurer une confrontation sereine et objective entre les différents scénarios énergétiques proposés. La construction « à tout prix » d’une CCCG est une aberration, tout comme l’est le discours général d’accuser en permanence cette région d’être dans un assistanat électrique, puisque ayant refusé les centrales nucléaires. Un peu de courage politique : confrontons les différents scénarios énergétiques qui sont disponibles aujourd’hui et ayons le courage d’assumer une réelle transparence des données d’analyse avec une prise en compte des impacts des différents projets, que ce soit en termes de créations d’emplois durables, de conséquences environnementales et sanitaires ou de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Cette tribune collective est signée par les associations suivantes :
La section Rade de Brest de Bretagne Vivante
AE2D – Agir pour un Environnement et un Développement Durables
nonalacentrale.fr/?p=7140