Bure’lesques

du 11 au 13 août 2017

Informatif, festif et inventif, le festival Les Bure’lesques est ouvert à tous, familles, amis, habitants d’ici et de plus loin… et se veut un grand moment d’échanges, d’envies et de projets, de réflexions, de musiques et de spectacles, de pratiques militantes et de solidarités.

Le programme est calé :

http://burefestival.org/Programme-general

Un résumé de ce qui va se passer…

La musique ira de la chanson au noise-rock, en passant par fanfares et flamenco. On peut d’ores et déjà présenter comme amuse-bouche :

Plusieurs spectacles de cirque et de théâtre sont prévus, dont :

  • Auto-stop Bure (conférence gesticulée de Marie Beduneau)
  • Une petite zistoire (spectacle pour enfant de Marc Goujot)
  • Distractions (nouveau cirque de salon)
  • Poser ses pieds sur un tapis (spectacle déambulatoire de Nadège Heluin)

Des lectures de texte :

  • Defendre la ZAD (compagnie Ixtlan)
  • Nous étions debout et nous ne le savions pas (Catherine Zambon)

Des conférences, des rencontres, des tables rondes :

  • Des déchets de la Grande-Guerre à ceux du nucléaire (avec Isabelle Masson-Loodts)
  • Les failles technologiques du projet Cigéo, décryptage du récent rapport d’analyse de L’IRSN (Bertrand Thuillier, ingénieur, expert indépendant)
  • Impact environnementaux de la filière nucléaire : Déchets – Rejets (avec Bertrand Nouvelot – CRIIRAD Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité)
  • Les déboires du réacteur EPR de Flamanville, du chantier interminable à l’impasse (Martial Chateau, administrateur du réseau Sortir du nucléaire + un autre intervenant)
  • Linky et le big data (avec Joe Labat)
  • Le monde après l’accident nucléaire (Association Les Enfants de Tchernobyl Belarus / Projection débat Yves Lenoir)
  • Les luttes ouvrières en Lorraine : le cas des aciéries de Longwy (Radio Lorraine Coeur d’acier
  • L’automedia : produire ses propres contenus d’information (avec Lutopik et Le Nouveau Jour J)
  • Les transports nucléaires (table ronde en préparation)
  • La nucléarisation du territoire (table ronde en préparation, avec des acteurs locaux)

Sans oublier :
– des
projections, parfois suivies de rencontres : films sur Bure, histoire des luttes antinuk, peplum détourné, courts-métrages auto-produits par les opposant.es…
– des
ballades naturalistes dans les environs pour commencer les journées en douceur
– des
stands d’associations, de revues, de collectifs (Lutopik, Le nouveau jour J, La Décroissance, Reporterre, L’âge de faire, Réseau « Sortir du nucléaire », Greenpeace, Confédération paysanne, les différentes associations opposées à Cigéo…)
– des
ateliers pour enfants (jeux, découverte des pelotes de réjection, cirque…)

et DIMANCHE 13 au matin : Assemblée de luttes !

DES TEMPS FORTS COLLECTIFS ET VISUELS

  • Lancer de ballon lumineux le samedi soir (sous réserve météo)
  • Action Bout de bois : Bois debout ! ou appel à participer à la construction d’un tipi en bois décoré de planchettes décorées et personnalisées par toutes et tous, en vue de la construction d’une cabane associative au Bois lejuc cet automne.
    Vernissage/apéro décalé le dimanche soir.

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Allez aussi sur :

http://vmc.camp/

https://burezonelibre.noblogs.org/

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Déchets radioactifs : « Cigéo ou la chronique d’un échec annoncé »

En tant que scientifiques, il nous semble utile de revenir sur le Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) de déchets radioactifs en projet à Bure (Meuse) et sur les très nombreuses questions présentes dans le rapport de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) remis à la fin de juin, comme dans le projet d’avis de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) publié au début d’août, à propos des options de sûreté de cette installation.

Ces questions ne concernent pas uniquement les risques majeurs lors de l’exploitation (incendie, explosion), mais soulèvent également des interrogations sur la capacité effective du site : 104 000 m3 de déchets dits « en réserve » et 68 500 m3 de combustibles usés non pris en compte, déchets non acceptables en l’état (colis bitumineux et déchets « incertains », soit 38 %, en nombre, des déchets de moyenne activité).

Elles font aussi apparaître des doutes sur certains aspects de la conception de l’installation (capacité à surveiller, à maintenir, à récupérer, à sceller, etc..). Rappelons que la demande d’autorisation de création, initialement prévue pour 2015, avait déjà été repoussée à 2018, avant de l’être à 2019.

Sous contrainte de temps et sans réel contrôle

Il faut s’étonner que de telles questions, sur un projet aussi important, soient encore présentes à quelques mois de cette demande. En réalité, pour certains scientifiques comme pour les associations exprimant leur opposition au projet et qui suivent ce dossier, ces questions ne sont que des conséquences d’un projet mené sans alternative à l’enfouissement à Bure, sous influence de l’industrie nucléaire, sous contrainte de temps et sans réel contrôle dans son développement par la Commission nationale d’évaluation.

Ces questions sont également l’anticipation du constat d’un projet irréalisable, issu d’un choix discutable (enfouissement dans l’argile) et d’une conception trop rapide (inspirée d’un entrepôt de surface).

Revenons par conséquent sur la genèse de cette impasse. En 1991, la loi Bataille ouvrait intelligemment une réflexion sur le sort des déchets nucléaires de haute activité et de moyenne activité à vie longue, en envisageant trois voies de recherche pour leur gestion : stockage géologique, maintien en surface et séparation-transmutation des radioéléments.

Mais en 1999, c’est déjà l’absence d’alternative. Des moyens et des crédits très importants sont affectés majoritairement à l’enfouissement au détriment des deux autres voies, et un seul laboratoire de recherche géologique est créé à Bure, alors que la loi imposait plusieurs sites de recherche.

Roche friable et présence d’eau

En 2005, c’est la contrainte de temps qui apparaît. Le dossier Argile 2005, issu des recherches à Bure, mentionnait bien la capacité de l’argile à retenir les radioéléments, mais caractérisait aussi la roche comme friable (d’où la nécessité de centaines de milliers de tonnes d’acier) et faisait état de la présence d’eau (7 % à 8 %), ce qui générerait des milliers de mètres cubes d’hydrogène par radiolyse et corrosion.

Seul le premier enseignement a été retenu. Un projet industriel a alors été conçu, trop rapidement, et par conséquent en s’inspirant beaucoup trop de solutions déjà existantes : des entreposages de surface, sans contraintes de volume, accessibles et ventilés naturellement.

En 2006, dans la foulée et sous l’influence de la filière nucléaire, une loi est votée rapidement, entérinant la poursuite des travaux. Mais cette loi ne tient absolument pas compte des conclusions du débat public de 2005-2006, qui proposait une voie de moyen terme – un entreposage de longue durée – afin de permettre, après un temps long d’observations et de recherches, une solution consensuelle et éprouvée.

En juin 2007, l’absence de contrôle se vérifie, avec les premiers rapports de la Commission nationale d’évaluation, qui décrivent les opérations sans apporter de réelles critiques ni alerter sur les problèmes à venir.

Tout ce que nous avions annoncé est vérifié

Le résultat est que le projet Cigéo recèle maintenant des erreurs structurelles de conception qui avaient pourtant été anticipées. Les dossiers Argile produits en 2005 et en 2009 par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) apportaient déjà la preuve de l’immense fragilité de l’option du stockage géologique profond. Nous avions dénoncé, dès 2012, la présence d’hydrogène du fait du choix d’une matrice argileuse, la non-prise en compte des combustibles usés, les incertitudes sur les scellements, la nécessité d’une ventilation continue, la vulnérabilité du site en cas de contamination des galeries et des puits, l’impossible récupération de colis en cas d’accident et/ou d’incendie…

Tout ce que nous avions annoncé est maintenant vérifié officiellement. Le laboratoire de Bure ne doit, ne peut que rester le laboratoire qui avait été annoncé en 1999 aux habitants de la Meuse et de la Haute-Marne.

Cependant, nous sommes bien conscients que les déchets ne disparaîtront pas avec la disparition de Cigéo ; ils doivent impérativement disposer d’une solution de gestion. Revenons alors à l’esprit et à la lettre des conclusions du débat public de 2005-2006 afin d’envisager la seule solution réellement à notre portée actuellement : l’entreposage à sec en subsurface, afin de pouvoir poursuivre les recherches sur la nature de ces déchets, leur tri et leur production, sans dogmatisme et en mobilisant les doutes et le pragmatisme indispensables face à la complexité de cette problématique.

Signataires :

Benjamin Dessus, ingénieur, économiste.

Bernard Laponche, polytechnicien, docteur ès sciences.

Bertrand Thuillier, ingénieur, docteur ès sciences.


En savoir plus sur :

http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/08/07/dechets-radioactifs-cigeo-ou-la-chronique-d-un-echec-annonce_5169692_3244.html#oJZF4zRbrjPP26Aw.99