Communiqué de la Confédération Paysanne
Les gouvernements passent et les cours d’eau trépassent ?
Dans une communication conjointe du 9 août, le ministre de la Transition écologique et le ministre de l’Agriculture ont présenté des actions pour la gestion quantitative de l’eau. Nous espérions du courage et de l’ambition pour une véritable refonte de la gestion de l’eau en agriculture.
Cette ressource vitale pour toutes les formes de vie sur terre mérite mieux que quelques phrases pleines de bonnes intentions, mais qui ne remettent pas en cause les pratiques passées !
Derrière les annonces vagues qui ont été faites hier, le gouvernement vise la simplification pour libérer la ressource. Alors que l’idée sous-jacente est de favoriser la prolifération de réserves, nous rappelons que, non, les pluies hivernales ne tombent pas pour rien mais participent au cycle naturel de l’eau.
Abreuver, à coup de subventions publiques, des systèmes agricoles intensifs déjà à forts impacts négatifs sur les ressources naturelles, c’est adopter une posture de fuite en avant irresponsable face aux enjeux graves du dérèglement climatique en cours.
Pour répondre aux enjeux de gestion de la ressource en eau en cohérence avec son milieu, la priorité doit être donnée à la transition vers des pratiques agricoles qui cherchent son économie (assolements, variétés adaptées au milieu naturels, etc…). La gouvernance de l’eau doit absolument être revue pour stopper l’accaparement par une minorité. Les ouvrages de stockage doivent être pensés pour bénéficier à l’ensemble d’un territoire et de ses acteurs et leur construction doit avoir le moins d’impact possible sur le milieu naturel.
La Confédération paysanne défend une irrigation compatible avec les besoins des milieux naturels, accessible à tous et qui doit avant tout sécuriser les productions, en particulier celles à forte valeur ajoutée en emploi. Elle ne doit pas servir à entretenir un système agricole intensif. En ne s’attaquant qu’aux conséquences des changements climatiques par le biais d’une adaptation coûteuse et inégalitaire, les pouvoirs publics poursuivent l’enfermement des paysans dans un cycle destructeur.
A l’heure de l’ouverture des EGA, au moment ou plus que jamais le revenu des paysannes et des paysans se réduit à peau de chagrin, seule une remise en cause profonde et collective des systèmes agricoles permettra d’ouvrir de nouveaux horizons au plus grand nombre.
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Le communiqué de presse de France Libertés où l’incompétence le dispute au léchage de bottes:
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Communiqué de presse de FNE
Le gouvernement prône une meilleure gestion de la ressource en eau.
FNE aussi, mais pour de vrai …
La France est à sec. La carte des arrêtés de restriction d’eau le montre très clairement. Il est plus que temps d’en prendre conscience et de mettre en place des mesures efficaces et durables quant à la gestion quantitative de l’eau. Il semble que le Gouvernement ait eu cette prise de conscience lors du Conseil des Ministres du 9 août. Messieurs Hulot et Travert souhaitent agir, faire en sorte que cette période critique de sécheresse, cette année exceptionnelle, ne devienne pas la norme d’ici à 2050. France Nature Environnement partage cette volonté : il faut prendre des mesures urgemment. Mais les solutions que propose le Gouvernement ne sont pas (toutes) viables et la question des retenues d’eau fait une fois de plus réagir le mouvement associatif.
L’eau pour tous, tous pour l’eau …
La totalité du communiqué :
http://civicrm.fne.asso.fr/civicrm/mailing/view?reset=1&id=6409
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2 articles sur l’impact environnemental des retenues d’eau
http://www.eauxglacees.com/Relance-de-l-irrigation-la-colere
http://www.eauxglacees.com/Irrigation-le-combat-de-Delphine
Le 1er article fait référence à une étude commanditée par le ministère de l’environnement auprès de l’ONEMA, l’IRSTEA et l’INRA et rendue publique en 2016, étude que Travert et Hulot se sont visiblement empressés de mettre aux oubliettes.
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Irrigation agricole à outrance ;
Emmanuel Macron et Nicolas Hulot relancent cette politique suicidaire
Le “plan” de gestion de l’eau présenté en conseil des ministres le 9 août 2017 par le ministre (supposé) de l’Ecologie, signe, comme c’était aisément prévisible, et comme nous l’avions annoncé, un acquiescement total du gouvernement aux exigences de la FNSEA et des irrigants. Sous la communication fallacieuse, un seul objectif : favoriser la réalisation à grande échelle, en dépit du bon sens, des centaines de projets de création de retenues d’eau actuellement à l’étude, financées par l’argent public, afin de soutenir le “tout maïs irrigué”, catastrophe agrologique, financière et environnementale.
http://www.eauxglacees.com/Emmanuel-Macron-et-Nicolas-Hulot
extraits
Nous avons déjà longuement narré comment tous les gouvernements, depuis un demi-siècle, ont toujours cédé au lobby des irrigants et de la FNSEA. Voir le chapitre de notre ouvrage “Sivens, le barrage de trop”, dans lequel nous décrivions ces renoncements successifs depuis la loi sur l’eau de 1992 :
http://www.eauxglacees.com/IMG/pdf/1992-2013_l_irrigation_a_tout_prix_-.pdf
Le gouvernement de Monsieur Emmanuel Macron, après ceux de François Hollande et de Nicolas Sarkozy, vient de nous en offrir une nouvelle, et accablante, démonstration.
Un “monde nouveau”, la “nouvelle politique”, qu’ils disaient…
Lors de sa campagne électorale, à l’occasion de plusieurs déplacements dans l’Ouest, Emmanuel Macron avait tout promis à la FNSEA, ce que les commentateurs se sont empressés d’oublier :
http://www.eauxglacees.com/12-Presi…
Avant cela deux rapports sénatoriaux avaient parfaitement établi la “feuille de route” de la relance de l’irrigation à outrance, rapports dont aucun media ou ONG « environnementale » n’ont jamais évoqué l’existence…
Nous avions longuement dit tout le mal qu’il fallait penser des rapports Lozach-Tandonnet et Pointereau…
http://www.eauxglacees.com/2017-ver…
http://www.eauxglacees.com/Rapport-…
Lundi dernier, deux jours avant le dernier conseil des ministres des 100 jours de M. Macron, celui-ci recevait à l’Elysée les représentants des syndicats agricoles.
M. Hulot, pour sa part, avait reçu Mme Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, qui n’avait pas manqué de se réjouir de l’écoute du ministre, tout particulièrement quant à la question de l’usage de l’eau en agriculture.
http://www.eauxglacees.com/Irrigati…
Enfin la sécheresse exceptionnelle du printemps et de cet été 2017 offrait une fenêtre de tir particulièrement favorable.
Et c’est ainsi, en catimini, à la veille des vacances du gouvernement, que l’affaire allait pouvoir être bouclée.
Ce qui fut fait, alors “qu’en même temps”, on apprenait la nomination de Jean “Kappelmeister” Launay à la présidence du Comité national de l’eau… Dormez en paix braves gens. A propos des “gens”, ils sont où les insurgés sans cravates sur ce coup là ? Ah, oui, partis en vacances tellement ils était fatigués…
Venons en après ce préambule au décryptage de la communication gouvernementale comme diraient les traqueurs de “fake news”…
Le texte ci-après a été publié le 9 août, à l’issue du conseil des ministres sur le portail de l’Elysée. Nos commentaires en gras.
La gestion de l’eau
« Le ministre d’État, ministre de la transition écologique et solidaire et le ministre de l’agriculture et de l’alimentation ont présenté une communication relative à la gestion de l’eau. »
Première entourloupe, il ne s’agira aucunement de la « gestion de l’eau » au sens large, qui excède très largement le seul sujet de l’irrigation agricole, qui est l’unique prétexte de cette mise en scène.
« Alors qu’un important épisode de sécheresse touche de nombreux départements, le Gouvernement veut développer une politique de gestion durable de l’eau pour résorber les situations de tension hydrique, en veillant à associer pleinement les territoires à l’identification des actions pertinentes et à leur mise en œuvre. »
Il n’aura pas fallu attendre longtemps, mais seuls les initiés auront compris : « associer pleinement les territoires à l’identification des actions pertinentes et à leur mise en œuvre. » » Kézako ? Les « projets de territoires » c’est un concept et une arnaque sémantique inventés par Philippe Martin et un ingénieur des Eaux et Forêts, celui-là même qui avait avalisé dès 2001 le projet de Sivens. C’est dans un rapport dudit Martin que le concept apparaît au printemps 2013. Martin succédera à Delphine Batho, qui avait auparavant dès sa nomination, institué un moratoire sur les projets de retenue d’eau. Trois mois après sa nomination, Philippe Martin ordonne, lui, aux Agences de l’eau de refinancer les projets de retenue d’eau, et confie au Comité national de l’eau l’instruction et à vrai dire la mise en forme des « projets de territoire ». Projets de territoire que l’ineffable Ségolène Royal achèvera de porter sur les fonts baptismaux. Depuis lors les services de l’Etat comme les Agences de l’eau rechignaient toutefois quelque peu à refinancer à outrance les centaines de projets de territoires, et autant de retenues d’eau, que tentaient à toute force de leur fourguer irrigants, FNSEA et Chambres d’agriculture…
« La France connaît actuellement une situation hydrologique préoccupante. Dans 82 départements, les préfets ont pris des arrêtés de restriction d’usage de l’eau. Parmi eux, 30 départements sont couverts par des arrêtés de crise imposant l’arrêt des prélèvements d’eau non prioritaires (lavage de voiture, arrosage de jardins, remplissage des piscines…). Cette situation exceptionnelle pourrait devenir commune à partir de 2050 en raison du dérèglement climatique. Aussi, au-delà des mesures de restriction en période de crise, la politique de gestion de l’eau doit prendre en compte les changements de long terme pour préserver durablement les ressources naturelles, notamment pendant la saison des basses eaux. »
Ici instrumentalisation devenue classique, du changement climatique, mais aucune remise en cause d’un modèle agricole, celui du tout maïs irrigué, dont chacun sait pourtant qu’il est au cœur de la crise de l’eau.
« Dans ce but, le ministre d’État, ministre de la transition écologique et solidaire et le ministre de l’agriculture et de l’alimentation ont présenté des actions concrètes autour de deux objectifs : encourager la sobriété des usages et réguler en amont la ressource, grâce notamment à l’innovation ; faire émerger, dans l’ensemble des territoires, des solutions adaptées aux besoins et aux contextes locaux. »
Astucieuse transition, qui irait contre ces nobles intentions ? Nous autres car sous ce charabia, un unique objectif : la relance de l’irrigation à outrance.
« Les actions visant à encourager la sobriété des usages et l’innovation sont les suivantes :
engager les citoyens, les entreprises ainsi que les services publics dans des démarches d’économies d’eau, grâce notamment à des campagnes de proximité de sensibilisation et de communication, tout au long de l’année ; »
Foutage de gueule absolu et culpabilisation du citoyen lambda, qui est en réalité la première victime du modèle agricole productiviste qui détourne l’eau à son unique profit.
« – poursuivre les investissements avec les collectivités territoriales pour accentuer la maintenance des réseaux afin de réduire au maximum les fuites dans les canalisations et favoriser la réutilisation des eaux usées traitées, quand cela est pertinent ; »
Arnaque phénoménale. Veolia, Suez et Saur ont fait disparaître depuis un demi-siècle près de 5 milliards d’euros qui auraient du être utilisés pour rénover les réseaux d’eau et d’assainissement qui, faute d’avoir été rénovés, fuient évidemment à tout va. Mais tout va bien, le Kappelmeister Jean Launay vient de co-signer avec le nouveau responsable des relations institutionnelles de Veolia, un opuscule dans lequel ils appellent à la création d’un fonds d’investissement, qui permettra aux collectivités d’emprunter pour rénover leurs réseaux…
« – développer une agriculture plus économe en eau et multi performante, notamment grâce au choix des assolements ; progresser encore, à travers l’innovation, dans l’efficience de l’irrigation (réduction des pertes dans les réseaux, pilotage, sélection génétique) ; »
Baratin de circonstance qui va conduire l’INRA et l’IRSTEA à produire industriellement nouveaux rapports et colloques dont on n’a jamais vu qu’ils aient conduit à une régression du « tout maïs irrigué » ;
« – réaliser, là où c’est utile et durable, des projets de stockage hivernal de l’eau afin d’éviter les prélèvements en période sèche, lorsque l’eau est rare ; »
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