Pour Jérôme, paysan abattu par les gendarmes !
A la suite d’un contrôle de l’administration, Jérôme Laronze, 37 ans, paysan, militant de la Confédération Paysanne de Saône-et-Loire, est décédé le 20 mai, suite aux tirs des gendarmes venus l’interpeller.
Voici les circonstances de cet accident et l’historique qui a amené à ce drame.
Eleveur de bovin, Jérôme était adhérent à la Conf depuis 2014. Il s’est tout de suite investi au comité départemental, dans les différentes manifestations organisées et a été co porte parole pendant l’année 2016. Jérôme est venu avec ses problèmes sans jamais aborder ce sujet. Il avait certainement besoin d’avoir ces moments extérieurs pour mettre de côté ses soucis le temps d’une réunion ou d’une fête. Il était curieux, cultivé, poète et surtout non violent.
Historique : Comment en est-on arrivé à ce drame ?
Un retracement des faits connus :
Jérôme a subi plusieurs contrôles de la DDPP en 2010 notamment sur les notifications de mouvements d’animaux, bouclage, identification, mortalité. Un audit fait par la Chambre d’agriculture et en lien avec le GDS* lui avait été envoyé. Puis plus rien jusqu’en 2014 ou les contrôles ont repris.
Le 2 juin 2016, un contrôle de la DDPP avec une présence nombreuse de gendarmes tourne au drame. Le troupeau effarouché par le déploiement des agents dans la pâture saute dans une rivière, plusieurs bêtes ne survivront pas. Ayant déjà des fragilités psychologiques Jérôme sera marqué depuis ce moment-là.
La Conf 71 prend contact avec sa famille, la DDPP pour alerter sur la situation.
Un nouveau contrôle est fait le 22 juin 2016 ou une des sœurs de Jérôme et quelques membres de la Conf sont présents. La DDPP est encore accompagnée par des gendarmes. La tension palpable baisse lorsque les gendarmes se mettent en retrait et qu’ils finissent par partir. Le contrôle se termine très calmement. L’administration a été alerté par l’état de Jérôme, sa situation était connue.
Le 11 mai Jérôme est confronté à un nouveau contrôle toujours en présence de nombreux gendarmes et réagit en prenant la fuite.
9 jours de cavale avec plusieurs courses poursuites avec les forces de l’ordre jusqu’à son interception le 20 mai dans un petit chemin à Sailly. Visiblement Jérôme était assoupi, la voiture des 2 gendarmes s’est garée à proximité et ils sont descendus. Jérôme s’est réveillé à ce moment- là et a tenté de fuir alors que les 2 gendarmes étaient à pied sur le côté. 6 balles ont été tirées dont 3 mortelles.1 tirée latéralement qui lui a atteint l’artère fémorale, 2 tirées de l’arrière qui l’ont touché aux omoplates. Une enquête judiciaire va être ouverte pour violences avec armes ayant entrainé la mort sans intention de la donner.
Les questions et les suites
De nombreuses questions se posent, chacun pouvant s’identifier à ce drame et vouloir comprendre pour que cela ne se reproduise jamais. La question de l’absence de prise en compte de la détresse des hommes, souvent seuls dans leur ferme, confrontés à l’humiliation d’un contrôle qui peut parfois faire agir les paysans au-delà de la raison, mérite une réponse syndicale.
Voici ce qui est envisagé pour la suite :
La Conf 71 va se porter partie civile en lien avec la Conf Nationale.
la Conf nationale demande un moratoire sur les contrôles et se lance dans un travail interne poussé sur les contrôles (PAC*, sanitaires…) et les conditions de leur déroulement.
Une pétition va être mise en ligne.
Une veillée d’hommage et de partage a lieu mardi 20 juin à Macon. Plus d’info
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Laurent Pinatel : « il n’était pas l’homme violent que l’on dit »
« Nous voulons rendre justice à Jérôme Laronze car nous savons, en tant que militant de la Confédération paysanne de son département, qu’il n’était pas l’homme violent que l’on dit », affirme Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. Pour le syndicat, quand les contrôleurs débarquent dans les fermes, ils sont le plus souvent dans un état d’esprit que « l’agriculteur est présumé coupable ». « Il faut inverser cette situation ». Laurent Pinatel insiste sur le fait que la Confédération paysanne ne cherche pas à réduire les contrôles, dans la mesure où de l’argent public est versé, « mais cela ne justifie pas de venir à dix gendarmes armés. Nous voulons de la décence »