Edouard Philippe va-t-il enfin accepter de fermer celle existant au Havre ?
Alors que des milliers de militants pour la justice climatique ont occupé la plus grande mine de charbon allemande à la veille de l’ouverture de la COP23, il est urgent de confirmer et planifier la fermeture des dernières centrales à charbon en France, y compris celle du Havre où l’ancien maire et actuel Premier ministre, Edouard Philippe, s’y est toujours opposé. Make our Planet Great Again ?
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Des ONG lancent une campagne pour accélérer la sortie du charbon en Europe
Le 3 novembre, une trentaine d’association écologistes ont lancé la campagne Europe Beyond Coal pour « accélérer la sortie du charbon dans toute l’Union européenne ». Les ONG européennes s’inspirent de la campagne américaine Beyond Coal, lancée en 2010 par le Sierra Club. Parmi les signataires européens figurent Greenpeace, le WWF, le Réseau Action Climat (RAC), les Amis de la Terre, le Bureau européen de l’environnement (BEE), Client Earth ou encore Banktrack.
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Environ 4500 militants pour la justice climatique ont pris possession, ce dimanche 5 novembre, de ce qui est l’une des plus grandes mines de charbon à ciel ouvert en Allemagne. Par leurs corps et leur simple présence, les militant.e.s ont obligé RWE, l’opérateur de la mine, à stopper les opérations d’immenses excavatrices qui extraient le lignite en découpant le sol sur des dizaines de mètres de hauteur. Profonde de 370 mètres, dont une bonne partie se situe désormais sous le niveau de la mer, la mine de Hambach exploite un champs de lignite qui s’étend sur 85km2, soit l’équivalent de 80% de la surface de Paris.
Acte 2 des mobilisations citoyennes pour la transition énergétique en Allemagne, le mouvement Ende Gelaende vise à obtenir, après la sortie programmée du nucléaire, la programmation de la fermeture des centrales à charbon et des mines de charbon en Allemagne. Après le succès des actions de même nature organisées en août 2015, mai 2016 et août 2017, l’action de ce 4 novembre, à la veille de la COP23, visait notamment à montrer que l’Allemagne, et plus largement les pays européens, doivent arrêter de tergiverser en matière de transition énergétique. Il en va de l’avenir des îles du Pacifique – les îles Fidji président la COP23 – comme de la possibilité de réellement contenir le réchauffement climatique en deçà des 2°C tel que le prévoit l’article 2 de l’Accord de Paris.
Charbon ou Accord de Paris, il faut choisir !
Dans son rapport qui a fait grand bruit la semaine dernière, le PNUE, qui montrait le fossé existant entre les politiques climatiques des Etats et ce qu’ils devraient faire pour respecter cet objectif des 2°C, appelle les Etats de la planète de planifier et organiser une fermeture aussi rapide que possible des 6 683 centrales à charbon en activité – l’équivalent de 1964 gigawatts. La combustion du charbon rejette en effet 45% des émissions mondiales de CO2 liées au secteur énergétique, auxquelles il faut ajouter d’autres gaz à effet de serre et une importante quantité de particules fines.
La consommation mondiale de charbon n’a jamais été aussi forte dans l’histoire
La consommation de charbon, loin de se réduire, continue à croître (4% par an entre 2000 et 2013 – moins depuis) et que l’équivalent de 840 gigawatts de capacités sont en construction à travers le monde. Jamais le système économique mondial n’a brûlé autant de charbon alors que ce sont 90% des réserves mondiales de charbon qui ne doivent pas être exploitées si l’on veut réellement rester en deçà des 2°C de réchauffement. D’où l’importance de cette mobilisation citoyenne qui prend à témoin l’ensemble de la communauté internationale : il est urgent de sortir du charbon.
Et en France ?
Utilisées en cas de pic de consommation, les cinq centrales à charbon en France ne représentent plus que 2,3 % de la capacité de production électrique installée (3000 MW) et à peine 1,4 % de l’énergie produite selon les données de RTE. L’allemand Uniper (Ex-E. on) est propriétaire des centrales de Gardanne (Bouches-du-Rhône) et d’Emile-Huchet (Moselle) tandis qu’EDF possède celle de Cordemais (Loire-Atlantique) (deux tranches) et du Havre (Seine-Maritime). Annoncée par Ségolène Royal en juillet 2016, la fermeture des centrales charbon françaises a été reportée quatre mois plus tard, notamment suite à la mobilisation du maire du Havre, Edouard Philippe.
La carte des 30 centrales à charbon en Europe les plus émettrices de CO2
Reprise dans le plan climat que Nicolas Hulot a présenté en juillet 2017, la fermeture des centrales à charbon est désormais fixée à l’échéance 2022, promettant un accompagnement des salariés et régions impactés, assurant qu’il n’y aurait pas de « perdants » mais des « adaptations ». Si le Premier-ministre s’est bien gardé de réagir, Edouard Philippe avait toujours affirmé jusqu’ici que la centrale du Havre durerait au moins jusqu’à 2035 et il semble continuer à oeuvrer pour qu’il en soit ainsi. Depuis, aucune feuille de route et aucune précision n’ont été fournis par Nicolas Hulot sur les modalités de fermeture des centrales à charbon, préférant renvoyer à la présentation de la programmation pluriannuelle de l’énergie annoncée pour fin 2018.
Emmanuel Macron, le gouvernement et tout particulièrement Nicolas Hulot seraient pourtant bien intentionnés d’annoncer sans plus tarder, comme réponse appropriée à la mise en garde rendue publique par le PNUE, un calendrier précis de fermeture des centrales à charbon en France. Histoire d’en sortir définitivement à l’échelon hexagonal et de se donner le temps d’offrir une reconversion et une sécurité professionnelles aux quelques dizaines de salariés que cela concerne. Sans doute symbolique au regard de la faible consommation de charbon en France, elle n’en reste pas moins importante : sortir du charbon ne supporte aucune exception.
Maxime Combes
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Commentaires
Sortie du Charbon en Europe ? Mon oeil : ce matin, sur France Inter, on annonce qu’on pourrait avoir des difficultés à faire fonctionner les centrales nucléaires cet hiver et que l’on va devoir s’appuyer sur les centrales à gaz et à charbon !
Sortir du charbon, sortir du gaz, sortir du nucléaire ?
Le seul moyen de rendre toutes ces luttes compatibles, et elles le sont !, c’est d’exiger prioritairement que les investissements aillent à une très rapide transition : réorientation massive des investissements des fossiles et du nucléaire vers économies d’énergie, reconversion des travailleurs, énergies renouvelables localisées et sous contrôle citoyen ….. des chantiers énormes qui vont créer plein d’emplois