« Gnagnagna gnagnagna pauvre conne ».
Cette célèbre saillie du philosophe des lumières éteintes revient à la mode.
« Gnagnagna gnagnagna », c’est le niveau de la discussion du moment entre Médiapart et Charlie Hebdo. « Gnagnagna Edwy Plenel est pas gentil ». « Gnagnagna Charlie il a fait un vilain dessin ».
« Gnagnagna t’as bouffé un tajine avec Ramadan ». « Gnagnagna t’as sucé Manuel Valls ».
Pendant que vous vous bouffez la gueule, ça défiscalise, ça optimise, ça détourne du pognon dans le plus grand des calmes.
Les conséquences ? Des gens qui meurent, faute de soins, de logements, de justice, suicidés sur leur lieu de travail, bref, en silence, pas dans le fracas d’un attentat, mais qui crèvent quand même.
Pour les clashs à deux balles on a déjà Angot et Moix. Pour les putasseries, on a déjà BFM TV. Pour l’indécence on a déjà Macron qui baisse des APL.
Donc merci de revenir à votre lutte commune pour un vivre ensemble un peu moins degueulasse et la défense des plus démunis face à la compétition crasse et truquée. Pour le reste, rappelons à toute fin utile que Dieu n’existe pas, mais que chacun est libre de croire aux licornes si ça lui chante. Certains pensent même que Nicolas Hulot est utile au sein du gouvernement. Chacun ses chimères.
La mienne est peut-être de penser que les idées peuvent supplanter les égos.
Utopie akbar !
un texte de Guillaume Meurice
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Selon que vous serez Mediapart ou Le Point
Le Point dispose donc, depuis trois ans, d’informations sur des accusations portées contre Ramadan.
Comme l’ont dit et redit plusieurs de ses journalistes : Mediapart ne savait rien, jusqu’à ces dernières semaines, des accusations de viol qui ont récemment été portées contre Tariq Ramadan. Par ailleurs, Mediapart, qui avait mené dès 2016 une longue enquête – dont le moins qui se puisse dire est qu’elle était tout sauf complaisante – sur ce personnage, vient d’en publier une seconde, absolument glaçante, sur ces accusations. En d’autres termes : Mediapart – seul – fait là un excellent travail d’investigation.
Mais cela n’empêche pas que son fondateur, Edwy Plenel, continue d’essuyer, plusieurs jours après que Manuel Valls – qui semble ne plus pouvoir exister que par ces hallucinantes diatribes – a dit sa volonté de lui faire, en même temps qu’à d’autres, « rendre gorge », des calomnies abjectes et des insultes délirantes : hier encore, Luc Ferry l’a traité de « robespierriste trotsko-fanatique », puis Alain Finkielkraut, après l’avoir quant à lui traité de « fanatique », l’a très posément accusé de « couvrir l’islamisme ».
L’hebdomadaire Le Point, à l’inverse donc de Mediapart, dispose en revanche, depuis trois ans, d’informations précises sur des accusations portées contre Ramadan : c’est ce que révèle un article mis en ligne sur son site le 7 novembre dernier. Selon l’auteur de ce papier : en 2014, une jeune femme, « alors âgée de 30 ans, avait contacté Le Point » – que Franz-Olivier Giesbert ne dirigeait plus depuis le début de l’année mais dont il restait éditorialiste et conseiller – « pour présenter son manuscrit, intitulé “Un voyage en eaux troubles avec Tariq Ramadan_” », et dont le « contenu était effrayant, hallucinant »_.
Mais Le Point continuait, en décembre 2014, d’interviewer Ramadan comme si de rien n’était, pour recueillir son avis sur le nouveau livre de Michel Houellebecq [^1].
Les imprécateurs qui vomissent aujourd’hui des torrents d’injures sur Plenel devraient donc, s’ils étaient cohérents, interpeller aussi les gens du Point, qui assurent, eux, avoir su dès 2014 l’existence d’un témoignage « effrayant » et « hallucinant », dont Mediapart n’avait pas connaissance. Pourquoi ne le font-ils pas ? Pourquoi réservent-ils à Mediapart leurs insinuations dégueulasses ?
La réponse est peut-être que Le Point contribue depuis des années, par la confection, notamment, de couvertures racoleuses sur « l’islam sans gêne » ou la burqa, à entretenir dans l’opinion un climat de défiance à l’encontre des musulmans – quand Mediapart et son fondateur ont tout au contraire fait le choix de ne jamais succomber à de telles facilités : voilà qui devait, assurément, être durement sanctionné.
[^1] Franz-Olivier Giesbert ironise, dans le dernier numéro du Point – où il continue d’écrire toutes les semaines –, sur « l’inénarrable Plenel »_et ses « conférences avec Ramadan »_ – que lui-même, par ailleurs, invitait sans problème et très régulièrement à la télévision.
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