On en profite pour informer ( !) sur le PS dans la région !
Extraits de l’interview de J.C. Cambadelis au journal le Monde
« La dégénérescence des socialistes les a amenés à abandonner les exclus »
Un score d’à peine 3 % dans le territoire de Belfort et d’à peine 7 % dans le Val-d’Oise lors des deux élections législatives partielles qui viennent de se dérouler, le Parti socialiste est-il mort ?
Comme vous y allez ! Non, le Parti socialiste n’est pas mort, du moins en tant que structure. La fonte des militants est stoppée, il reste la première formation de gauche à l’Assemblée nationale et au Sénat. Hormis Gérard Collomb et Jean-Yves Le Drian, les grands élus ne l’ont pas quitté et son autonomie financière est assurée jusqu’à la prochaine élection présidentielle, au prix d’un double sacrifice : la vente de son siège et un plan social sans précédent. Mais si la structure demeure, le Parti socialiste est nu, il n’a plus de doctrine.
Quatre candidats se disputent malgré tout votre succession. Cela ne vous fait-il pas un peu sourire ?
…
Qui allez-vous soutenir ?
…
Lorsque vous étiez premier secrétaire du Parti socialiste, vous aviez tenté de convertir vos camarades au « progressisme ». En vain, puisque l’aile gauche du parti a refusé l’appellation. Le regrettez-vous ?
Oui, je le regrette. J’ai commis l’erreur de sacrifier à la synthèse au lieu d’imposer ce terme de progressiste.
Mais cela voulait clairement dire que le socialisme est dépassé…
Non, cela voulait dire que le socialisme dans les conditions politiques actuelles n’est qu’une partie de la gauche et qu’il doit impérativement se renouveler dans un ensemble plus large. On glose beaucoup sur la crise de la social-démocratie française, mais regardez ce qui se passe au niveau mondial. Partout, c’est la division : en Grande-Bretagne entre Corbyn et Smith, aux Etats-Unis entre Clinton et Sanders, en Italie entre Renzi et D’Alema, en Allemagne entre Schulz et Gabriel…
Partout, la gauche est confrontée aux mêmes tensions entre ceux qui veulent accompagner la mondialisation et ceux qui la contestent radicalement. Moyennant quoi les gauches ne sont pas seulement en désunion, elles sont en rivalité mortelle car aucune ne peut espérer gagner l’une sans l’autre. C’est pourquoi il est vital pour le PS de dégager un nouvel horizon capable de rassembler les forces progressistes non pas sur l’opposition capital-travail mais sur l’idée de l’émancipation.
Moyennant quoi c’est Emmanuel Macron qui s’est accaparé ce terme de progressiste, non sans succès d’ailleurs…
Emmanuel Macron s’est servi du progressisme pour séduire une partie des électeurs socialistes, mais à peine élu il l’a abandonné.
Pour devenir un président de droite ?
Pour devenir un président de centre droit. Aujourd’hui, sa tactique consiste, avec son premier ministre issu des rangs juppéistes, à ramener à lui le centre droit sans se préoccuper de la gauche parce que sa conviction est qu’elle est morte. Ce en quoi il se trompe lourdement.
Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
Les Français sont dans l’attente, pas dans l’adhésion. Ils veulent des résultats et, si les résultats ne viennent pas, ils rechercheront une alternative. Or la politique menée par Emmanuel Macron est hasardeuse. Elle est faite pour les gagnants de la mondialisation, pour ceux qui ont intérêt au libéralisme et à la dérégulation. Le raisonnement est que la richesse donnée aux uns profitera à tous mais c’est un leurre, car la croissance, même si elle revient, sera pauvre en emplois. Il y aura des gagnants d’un côté et des perdants de l’autre, des inclus et des exclus, des nantis et des chômeurs, tout le contraire du progressisme promis par le président de la République. D’où la nécessité pour la gauche de construire dès aujourd’hui une alternative globale.
Incluez-vous encore Jean-Luc Mélenchon dans la gauche ?
Je ne l’exclus pas. Je constate simplement que c’est lui qui exclut la gauche de son populisme, lequel comporte une part d’utopie et une part de dangerosité. Je n’aime pas ses attaques contre la démocratie parlementaire ni son souverainisme de plus en plus exacerbé sur la question européenne…
L’une des raisons de la rupture entre les gauches, ces dernières années, a été l’Europe. Existe-t-il une voie de réconciliation ?
La bataille fiscale est à mes yeux primordiale. Pour que l’Europe change, il faut d’abord lutter contre le dumping fiscal. C’est pourquoi je propose que le camp progressiste se batte autour de l’idée d’un serpent fiscal, exactement comme il a existé un serpent monétaire : les taux d’imposition ne pourraient évoluer qu’à l’intérieur d’un plafond et d’un plancher fixés par les Etats membres. Autour de cette idée, on peut espérer créer lors des prochaines élections européennes de 2019 un rassemblement large allant de Martin Schulz [à la tête du Parti social-démocrate allemand] à Alexis Tsipras [premier ministre grec, issu de la gauche radicale].
« La gauche de demain sera girondine », proclamez-vous dans l’essai que vous publiez à la Fondation Jean-Jaurès. C’est surprenant pour un jacobin comme vous…
En faisant la tournée des fédérations, l’année dernière, j’ai été frappé par l’envie de faire et l’enthousiasme qui se dégageaient du terrain. Il y a une formidable énergie citoyenne à mobiliser face au jacobisme d’Emmanuel Macron que je considère comme une impasse. On ne peut pas faire bouger le pays depuis Bercy sur une vision technocratique. Tôt ou tard, il y aura un blocage. La gauche doit en finir avec le jacobinisme.
A qui voulez-vous donner le pouvoir ?
Aux régions ! C’est elles qui ont la puissance de faire au niveau économique. C’est à elles qu’il revient de corriger les inégalités sur le territoire, angle mort de la politique d’Emmanuel Macron.
Et si un président de région issu de l’extrême droite se faisait élire ?
C’est un risque à prendre. C’est la démocratie. Il y a des régions en Italie ou en Autriche qui sont malheureusement dirigées par l’extrême droite.
Que deviendrait la Corse ?
Je suis pour une large autonomie.
Et pour le bilinguisme ?
Pourquoi ne poserait-on pas la question aux régions ?
Qui aurait décidé de l’avenir de Notre-Dame-des-Landes ?
La région évidemment, parce qu’elle est la première concernée.
La droite aussi veut reconquérir le pouvoir par les régions…
Mais elle est dans une contradiction absolue, car Laurent Wauquiez est le plus jacobin des jacobins. Il faudra qu’il fasse un choix.
L’électorat populaire est convoité par Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Laurent Wauquiez. Comment espérez-vous le séduire de nouveau ?
La dégénérescence des socialistes les a conduits d’un parti de gouvernement à un parti de bonne gouvernance. Elle les a amenés à abandonner les exclus, à faire passer l’intérêt de l’entreprise avant celui des salariés.
C’est une critique forte du quinquennat Hollande…
Le déficit public était élevé, on devait encourager l’investissement à travers le pacte de responsabilité et le CICE [crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi]. Mais la grande erreur est d’avoir théorisé les deux gauches irréconciliables alors qu’il fallait dire que c’était une parenthèse, comme Lionel Jospin lors du tournant de la rigueur en 1983.
Concrètement, comment aider les exclus ?
Il faut viser l’égalité réelle, attaquer les inégalités là où elles se constituent, donner plus à ceux qui ont moins. D’où l’importance de la décentralisation, qui permet de concentrer plus de moyens à certains endroits, de lutter contre la relégation territoriale dans une parfaite connaissance du terrain.
Considérez-vous, comme Benoît Hamon, que le travail, c’est fini, qu’il ne structurera plus la société de demain ?
Non, la fin du travail est une utopie dangereuse. Le travail, même s’il évolue, restera structurant. C’est la raison pour laquelle nous devons placer la lutte contre la précarité au centre du projet des progressistes.
Quel est l’ennemi du progressisme ?
Le marché libéral, parce qu’il ne fait pas société, mais aussi le nationalisme, le populisme.
Le prochain premier secrétaire du PS devra-t-il être dans une opposition ferme à Emmanuel Macron ?
Mon dernier acte de premier secrétaire est d’avoir fait voter à l’unanimité du Conseil national une résolution qui disait que nous étions une opposition de gauche, réaliste. Il faut s’en tenir à ça.
Quel horizon fixez-vous à la recomposition de la gauche ?
Je ne fixe pas de rythme. Je fixe un but : l’invention d’un nouveau progressisme et assumer un girondisme salvateur. Ce qui me frappe, c’est la vitalité du monde associatif, qui est confronté à la très grande pauvreté et aux blessures sociales. Le PS a là une mine qu’il n’utilise pas. Dans le rendez-vous des municipales, il y a la possibilité de faire l’alliance des divers gauche pour la conquête et le maintien d’un certain nombre de villes, donnant ainsi un maillage qui comptera pour la prochaine présidentielle. S’il fait cela, le PS pourrait devenir incontournable.
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Commentaire d’un Pasdecalaisien
Il est absolument remarquable de constater que JC Cambadélis donne des leçons sur l’histoire écrite du temps de F. Hollande. Il donne l’impression qu’il n’était pas partie prenante … alors qu’il y était en plein dedans ! Le cynisme d’un « grand » du PS est à l’oeuvre. Cela en est écoeurant.
Il ne faut pas s’étonner non plus de cet état d’esprit quand on sait ce qui a fait l’essentiel de sa vie : abus de biens sociaux dans le cadre de l’affaire Agos, abus de confiance dans le cadre de ses activités à la MNEF ; profiter de toutes les occasions, magouiller pour obtenir certains diplômes et bien vivre, … surtout financièrement.
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Commentaire d’un autre Pasdecalaisien sur le PS dans la région
Le PS était devenu progressivement une armée mexicaine. Des généraux étoilés en surnombre et des prétendants aux aguets, des colonels défendant becs et ongles leurs prés carrés et des adjudants aux abois, la partition se jouant étant toujours la même : celle du « calife et du grand vizir frémissant d’impatience ».
Abondance pour ce qui est des ambitions mais parcimonie concernant les convictions. Et puis la défaite en rase campagne et la lente décomposition faite d’exclusions, de ralliements à l’ennemi d’hier, de faux retraits, de tentatives de réécrire l’histoire de la défaite annoncée pourtant. «Hier la Grande Armée, aujourd’hui troupeau», un parti en déshérence sans perspectives et un électorat en désespérance qui dans le bassin minier se donna au Front National.
Dans la 12ème circonscription, le candidat socialiste battu se félicita d’avoir sauvé sa ville en vue des prochaines municipales, la candidate LREM avait soigneusement oublié de dire qu’elle était toujours membre du Conseil National du PS quand elle participait déjà aux investitures dans le département comme référente. Nous oublierons définitivement le le député socialiste sortant qui du fait de ses errements disparaîtra dans les oubliettes de l’Histoire locale après un ultime et infructueux coup de rein pour remonter en selle. D’autres caciques socialistes avaient déjà un second fer au feu dans la discrétion la plus totale voire dans la clandestinité.
Comme souvent, quand un grand parti s’effondre ce sont les seconds couteaux qui sortent de l’ombre. Faute d’avoir trouvé un sauveur suprême, c’est l’armée mexicaine qui est en voie de résurrection. Quand le débat de fond est esquivé et que la seule femme candidate est écartée, il y a tout lieu de s’interroger. Le PS gît par 6% de fond et il est peu probable que Monsieur Cambadélis, resurgissant de sa retraite comme un diable de sa boîte, détienne la solution pour renflouer l’épave.
Dans « Le Monde » Il accorde une interview. Et donne des leçons de progressisme.
Pour ceux qui auraient oublié qui était Monsieur Cambadélis. C’est le type qui a dirigé le PS pendant le quinquennat Hollande et les dernières élections présidentielles et législatives et a foncé droit dans le mur à grand coup de klaxon italien quatre tons. La palette peinte en rose sur laquelle il fit sa propre campagne électorale dans les rues de Paris est toujours en vente sur E Bay.
Quand Monsieur Cambadélis susurre benoîtement que «La dénérescence des socialistes les a amenés à abandonner les exclus, à faire passer l’intérêt de l’entreprise avant celui des salariés » il ne peut que nous laisser perplexe. Est-ce du «foutage de gueule» ou Monsieur Cambadélis commence-t-il une carrière d’humoriste ?
Quand Monsieur Cambadélis vaticine et propose «On peut espérer créer par des élections européennes un rassemblement large allant de Martin Schulz à Alexis Tsipras» nous assistons carrément à un numéro de cabaret dont lui seul semble avoir le secret.
Envisageriez-vous raisonnablement de prendre des cours de conduite avec Monsieur Cambadélis ou simplement monteriez-vous dans un autocar dont il tiendrait le volant ?
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Autre commentaire sur la situation dans la région
A ceux qui feignent de croire qu’il ne s’est rien passé en juin de l’année passée ou qui nous invitent à en détourner pudiquement le regard, à ceux qui nous incitent à vaquer tranquillement à nos occupations coutumières en attendant des jours meilleurs, il ne faut pas hésiter à rappeler les faits.
Dans le Pas-de-Calais, le parti socialiste détenait 11 sièges de député sur 12 Il n’en détient plus aucun et la droite extrême en détient 4 alors qu’elle était absente. Parmi les députés socialistes écartés, il y en avait un que le PS a subrepticement balayé sous le tapis dans un grand nuage de fumée. Comment les socialistes en sont-ils arrivés là ? Par quelle dénaturation et dégénérescence de la politique en sommes-nous arrivés là?
Le strabisme de l’apprenti cacique socialiste, et à plus forte raison celui du cacique installé, est rarement convergeant, il est toujours divergeant et c’est à cela qu’on les reconnaît. Un oeil rivé sur un avantage chèrement acquis ou généreusement octroyé en héritage du fait des hasards de la filiation ou en récompense d’une soumission assumée, l’autre scrutant avec avidité les prétentions inscrites de longue date dans un solide plan de carrière. La convoitise est rarement affichée mais un sens de l’intérêt personnel bien établi guide ses pas. Des convictions ? Très peu. Du mérite ? Encore moins. Tout est affaire de conformisme, de connivences, de propension hors du commun à s’inscrire dans la durée, un sens aigu des opportunités et une capacité extraordinaire à rebondir même sur une planche de fakir.
Ceci est particulièrement visible dans le Pas-de-Calais qui est devenu un cas d’école pour mesurer certaines dérives. Des noms? Je ne vous en donnerai pas. Vous saurez les reconnaître, dans votre ville, dans votre canton ou dans votre arrondissement. Si vous avez un doute sur la pertinence de vos soupçons, exprimez haut et fort vos doutes et attendez. Si le lendemain certains évitent de vous saluer ou changent de trottoir pour ne pas vous croiser, vous saurez que vous n’êtes pas loin de voir juste.
Si vous n’en pensez pas moins mais préférez prudemment vous taire, vous devez vous interroger. Etes-vous un apprenti cacique qui s’ignore encore ? Craignez-vous une mesure de rétorsion ou un retour de bâton ? Peut-être tout simplement êtes-vous dans ce mélange de conformisme, de prudence frileuse et de connivences qui vous feront perdre votre âme si ce n’est pas déjà fait.
Pour ne pas avoir regardé la réalité en face, pour s’être accommodé de l’inqualifiable pendant des décennies, pour avoir cru en des vertus affichées parfois cruellement démenties, l’idée progressiste a régressé dans le Pas-de-Calais pour ne plus être qu’une coquille vide de sens. Cà et là, une relève de la vieille garde qui a failli se prépare, probablement avec les mêmes méthodes car formée…à bonne école.