Je suis dégoûté, on s’est fait défoncer

Cela se passe en ce moment à la ZAD de NDDL

Le film des expulsions et destructions sur la zad, jour après jour.

 17 mai 2018 : 1er jour de la reprise des expulsions après la « trêve ».

https://www.youtube.com/watch?v=YZDqUEndm9U

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Les expulsions de zadistes qui n’ont pas déposé de dossiers en vue d’une régularisation ont repris jeudi. Leurs habitats précaires ont été démolis. Il y a eu quelques échauffourées mais peu de résistance.

Après des semaines de relative accalmie, les forces de l’ordre se sont de nouveau déployées dans la zone à défendre (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes ce jeudi matin pour procéder à des expulsions et à la démolition de cabanes et autres habitats précaires. Venus en force –environ 1 800 hommes, des dizaines de fourgons et quatre véhicules blindés – il n’aura fallu qu’une heure ou deux aux gendarmes mobiles pour contrôler les abords du bois de Rohanne où sont situés une dizaine de logements, dont les habitants n’ont fait aucune démarche pour une éventuelle régularisation. Hormis quelques échauffourées sporadiques face à une faible résistance, ces opérations se sont déroulées «globalement dans le calme», a déclaré le général Richard Lizurey, venu à la tête de ses troupes.

«Je suis dégoûté, on s’est fait défoncer», déclarait de son côté un zadiste masqué, ayant tenté avec quelques dizaines d’autres de s’opposer à l’avancée des forces de l’ordre. En milieu de matinée, on n’entendait plus, en dehors de quelques tirs de grenades lacrymogènes et assourdissantes en différents points du bocage que le ronflement des engins de chantier acheminés pour dégager les barricades, combler les tranchées creusées par les zadistes et procéder aux démolitions.

Sous les bois, autour d’une cabane de terre et de rondins, où traînaient encore une guitare, de la vaisselle et quelques canettes vides, des gendarmes s’activaient déjà pour dégager l’espace. Aux premières loges, installé dans un ancien fauteuil de dentiste, près de sa caravane, un treillis militaire sur le dos, Chris, 52 ans, ancien conducteur d’engin et «SDF depuis 20 ans», n’a pas bougé, continuant la lecture d’un roman de science-fiction. «J’habite ici, il n’y a pas de raison que je parte.

De toute façon avec ce déploiement de forces il n’y a pas moyen de les arrêter», remarquait-il, fataliste.

Partagés entre colère et résignation, la plupart des zadistes, regroupés à La Wardine ou à Bellevue (des lieux-dits de la ZAD) ont observé les manœuvres de démolition à distance. «Beaucoup de gens sont partis, remarque Erwan, qui se revendique des Black Blocs. Mais il est faux de dire que la majorité est pour les régularisations. Cela ne représente qu’un tiers des gens qui vivent ici. On a bien compris la stratégie de l’Etat qui veut nous diviser. Mais ici on défend des valeurs. On ne veut pas de reparcellisation. Qu’ils arrêtent avec leur façon de voir la propriété !»

Pendant ce temps, à quelques mètres des forces de l’ordre déployées dans une prairie, un grand jeune homme en parka rouge haranguait les gendarmes. «Enlevez vos armures et vos casques et venez nous voir. Ici, on peut faire des potagers, du pain, de la musique et on peut faire l’amour !»

Lundi une quinzaine des projets qui avaient été déposés par les zadistes ont été jugés recevables et une dizaine d’autres devront être affinés avant une possible régularisation tandis que les démolitions devraient se poursuivre ce jeudi et vendredi.

http://www.liberation.fr/france/2018/05/17/notre-dame-des-landes-

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Vent de zizanie sur la ZAD

Un «comité de pilotage» doit se réunir ce lundi à Nantes pour étudier la régularisation des habitants de la zone à défendre, avant de possibles nouvelles expulsions. Les occupants sont de plus en plus divisés entre ceux qui se sont résignés au processus administratif et ceux qui le rejettent.

A ce rythme-là, tout le gouvernement va finir par passer par Nantes. Ce lundi, Stéphane Travert est en effet attendu à la préfecture pour présider le comité de pilotage (Copil) sur le devenir du bocage de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). Le ministre de l’Agriculture succède à sa collègue des Transports, Elisabeth Borne, venue parler le 4 mai de l’agrandissement de l’actuel aéroport de Nantes. Nicolas Hulot, lui, était là il y a à peine un mois, le 18 avril, pour la reprise des négociations après les premières expulsions… Edouard Philippe et son ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, avaient gratifié les gendarmes mobilisés sur la ZAD d’une visite surprise le 13 avril. Preuve, s’il en fallait, des multiples facettes que revêt l’abandon du projet d’aéroport.

Les habitants de la «zone à défendre», de leur côté, ont donc été contraints de se calquer sur ce tempo gouvernemental effréné. Le 20 avril, ils s’étaient ainsi résolus à déposer une quarantaine de dossiers «nominatifs», dont 28 projets purement «agricoles», comme demandait le gouvernement. Un «geste de bonne volonté» salué par la préfète Nicole Klein, qui leur a valu une «trêve» de trois semaines dans les expulsions.

«Dispositif contre-insurrectionnel bicéphale»

Depuis, tous n’ont eu de cesse de rappeler le caractère «interdépendant» de leurs projets: ils rêvaient initialement d’une convention d’occupation collective, comme celle mise en place au Larzac en 1984 après l’abandon du projet d’extension du camp militaire. La quasi-totalité de leurs «lieux de vie» est ainsi concernée par des demandes de régularisation. Mais rien ne garantit, pour autant, que toutes seront satisfaites. Trois agriculteurs de la ZAD, inscrits depuis plusieurs années à la Mutualité sociale agricole (MSA), ont par exemple vu leurs dossiers «mis de côté» pour le moment par la préfecture: les anciens exploitants des terres qu’ils occupent sans titre aimeraient remettre la main dessus – bien qu’ils aient déjà été dédommagés… L’Etat s’est jusque-là refusé à trancher, incitant les protagonistes à rechercher une improbable solution «à l’amiable».

En déposant ces dossiers nominatifs, les habitants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes estimaient pourtant avoir fait un «geste» énorme en direction du gouvernement. Une «stratégie d’autodéfense administrative» que certains d’entre eux assument aujourd’hui. «Il a semblé plus important de donner une chance de préserver le plus de lieux et d’activités possible en jouant aussi cette carte, expliquent-ils.

Face à un dispositif contre-insurrectionnel bicéphale, qui nous attaque à la fois sur le plan administratif et militaire, le rapport de forces nous paraîtrait défavorable s’il reste cantonné au strict terrain de la confrontation.»

«Réapprendre leurs vocabulaire et sigles»

Reste que ce pari n’est pas du goût de tous, alors que la ZAD s’est construite historiquement contre les décisions de l’administration…

«Nous voilà donc sommés d’apprendre ou de réapprendre leurs vocabulaire et sigles, enrageait mercredi un zadiste sur le site d’information alternatif Indymedia, où s’expriment dorénavant les voix discordantes de la zone. Nous voilà en train de penser ce que qu’on va dire en fonction de ce qui va leur plaire. L’ensemble prend la tournure d’une espèce d’entretien d’embauche, à la différence qu’on cherche à se faire embaucher collectivement.»

Preuve des tensions qui agitent le mouvement, la coordination des organisations opposées au projet d’aéroport a ainsi dû «ajourner» son traditionnel rassemblement estival, dont elle avait annoncé en janvier le maintien, en guise de feu d’artifice, dans la liesse qui avait suivi sa «sacrée belle victoire»… «Force est de constater que, depuis plusieurs semaines, le climat s’est beaucoup dégradé sur la zone», justifie-t-elle. Dans une lettre ouverte, un comité local breton s’en est pris de son côté à l’Acipa et au Cédpa, deux des principales organisations du mouvement, après que leurs représentants ont publiquement pris leurs distances avec les zadistes les plus radicaux… Ambiance.

C’est donc dans ce contexte tendu que les habitants de la ZAD s’attendent à une seconde vague d’expulsions cette semaine. Même si des «avancées» ont été relevées par la délégation habilitée à négocier avec la préfète, lors d’une réunion tenue le lundi 7 mai, autour des projets non agricoles et des habitats précaires. «Il semblerait que l’Etat ait de nouveau l’intention de faire une opération policière sur le terrain, s’inquiète un de ses membres. En tout cas, ils ont dit qu’ils ne l’excluaient pas du tout.»  «L’Etat souffle le chaud et le froid, en montrant d’un côté des volontés de négociation et d’ouverture et, de l’autre, en le faisant systématiquement par ultimatums», s’agace un autre.

Lourd tribut

Pour faire de nouveau entendre leurs revendications, un pique-nique et un rassemblement «calme» et «déterminé» auront donc lieu ce lundi midi devant la préfecture, à Nantes, avant la venue du ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert. Les zadistes et leurs soutiens, à vrai dire, ont déjà payé un lourd tribut dans les violents affrontements avec les gendarmes: plus de 300 d’entre eux ont été blessés à des degrés divers par les grenades des gendarmes depuis le début des opérations, le 9 avril. Dont 33 lors de la première semaine de «trêve»… L’un d’eux a reçu un éclat métallique «à 1 ou 2 cm» de la colonne vertébrale, s’inquiète un «collectif de soignant.e.s» (médecins, infirmiers, psychologues…) en lien avec «l’équipe médic» de la ZAD. «En utilisant ces armes, l’Etat prend le risque de tuer», martèle-t-il.

http://www.liberation.fr/france/2018/05/13/notre-dame-des-landes

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Un comité d’accompagnement pour soutenir le projet collectif de la zad

Quarante trois personnes connues de diverses nationalités et expertises ont écrit la semaine dernière au Président de la République, à Edouard Philippe, à Nicolas Hulot, à Nicole Klein (préfète des Pays de la Loire) pour proposer  de soutenir le projet collectif de la Zad, et de se tenir prêtes, si c’est souhaité par le mouvement, à créer un « comité d’accompagnement et de conseil » qui suivrait l’évolution à long terme et apporterait diverses formes de soutien. Parmi elles, Olivier de Schutter, Professeur de droit international, ancien Rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation, Marc Dufumier, agronome, enseignant-chercheur, AgroParisTech, Vandana Shiva, directrice, Research Foundation for Science, Technology and Natural Resource Policy, India, Jean Ziegler, professeur de sociologie, Université Genève, auteur, ancien Rapporteur spécial auprès l’ONU sur le droit à l’alimentation.

En plus des parrains « locaux » aux différents projets, toujours proches et volontaires, depuis des années, pour un coup de main, un échange de savoir-faire ou d’outils, les personnes du  Comité de Suivi ont déjà proposé d’apporter un soutien concret à des projets sur la zad : formations, envoi de semences, conseils vétérinaires et soins des bêtes, conseils pour la gestion des forêts, études sur la viabilité de « micro-fermes »…

Mais un vrai comité scientifique international de suivi pourra en plus augmenter la visibilité de tout ce qui se fait de positif sur la zad, et partant, le pérenniser, face aux désinformations et à la volonté gouvernementale d’écrasement qui apparaît actuellement avec les expulsions et destructions d’habitats.

Parmi ces quarante trois personnes signataires, certaines viendront

dimanche et/ou lundi :

– Kevin Morel (Université catholique de Louvain, Belgique).

– Philippe Cacciabue (ex-directeur de la Foncière Terre de Liens).

– Philippe Canal, forestier, secrétaire-général du SNUPFEN, principal syndicat à l’ONF,

– Catherine Darrot, maître de conférence en sociologie rurale,

Agrocampus Ouest, Rennes.

– Jean-Louis Laville, professeur du Conservatoire National des Arts et Métiers, titulaire de la chaire de l’Economie Solidaire (à confirmer)