L’autre conséquence de la fuite en avant productiviste
Comme d’autres, le mpOC insistait beaucoup jusqu’ici sur l’impasse biophysique à laquelle nous mène l’obsession de croissance. Or, il semble bien que le message soit passé : même les médias dominants ont repris les mises en garde et l’inéluctabilité du changement climatique est comprise par beaucoup. Chacun commence à en constater les graves conséquences, comme le prouve la présence de 75.000 personnes très mobilisées dans les rues de Bruxelles, ce 2 décembre, pour la manif climat.
Nous allons donc maintenant insister sur l’impasse sociale que produit aussi l’obsession de croissance. Pour produire plus, les entreprises, mises en concurrence féroce sur le marché mondial, n’ont qu’une solution : vendre moins cher que leurs concurrentes. Elles doivent donc abaisser leur prix de revient et pour cela une méthode reste la plus efficace : baisser les salaires, augmenter la productivité c’est-à-dire instaurer des cadences infernales et allonger la durée du travail. Ceux qui triment dur pour assurer la survie de leur famille ressentent douloureusement ce néo-esclavage moderne et les mobilisations des gilets jaunes n’en sont qu’une des manifestations, plus spectaculaire que d’autres.
Le mpOC insistera donc plus sur le fait que les dégâts du croissancisme sont autant sociaux qu’environnementaux et, plutôt que vouloir les opposer mensongèrement (diviser pour régner), nous unirons nos forces à ceux qui se dressent contre la source principale de tous les maux : la course aux profits financiers du capitalisme mondialisé.
Pour ce qui est de l’impasse biophysique, il importe aussi de ne pas se laisser abuser par les discours démobilisateurs qui disent : « Il ne reste que 2 ans [ou 10 ans ] si nous voulons empêcher la fin du monde ». La réalité est bien plus nuancée. Certes, des centaines de travaux scientifiques montrent que des seuils sont franchis ou sont en passe de l’être pour toute une série de paramètres du système Terre. Des évolutions négatives sont donc inévitables mais, selon que nous agirons ou pas, elles seront graves, très graves ou catastrophiques. Mais, même en imaginant le pire (bouleversements climatiques, écologiques et géopolitiques, des guerres entre puissances pour les ressources ou guerres civiles attisées par les extrêmes droites identitaires…), des humains survivront à la barbarie crée par le système fou qui nous dirige et trouveront bien un lieu habitable quelque part sur Terre.
Depuis sa création, il y a près de 10 ans, le mpOC dit qu’il faudra choisir entre une décroissance choisie, ordonnée et solidaire, ou leur récession, chaotique et inégalitaire… L’heure du choix est arrivée.
L’intensité du malheur qui vient dépendra de nous : terrible si nous restons passifs, modérée si nous agissons. Actes de non-coopération avec le modèle consumériste, résistance aux dérives fascisantes, opposition aux projets inutiles et à la poursuite de l’extraction des énergie fossiles, participation aux alternatives qui émergent : chacun peut trouver un moyen d’agir pour ne pas être complice du naufrage que préparent les (ir)responsables qui n’ont comme projet que d’occuper le pouvoir politique que leur concède l’économisme suicidaire. Alors, oui, si nous nous mobilisons, viendra l’effondrement, mais pas celui de toute civilisation, seulement celui du modèle productiviste qui ne nous considère que comme des ressources humaines, à exploiter ou à jeter après usage. La fin de leur monde est souhaitable.
Donc, certes, les fuir, eux et leurs technologies …
mais aussi les empêcher de nuire et redonner sens au mot.
MPOC Belgique