Une intervention sur Radio Plus (104.3 FM) dans l’émission du Lundi 11 Mars 2019 « L’Air du Temps ».
Radio Plus : L’appel des scientifiques se fait de plus en plus pressant : les conséquences du réchauffement climatique, déjà bien visibles, seront de plus en plus graves si les rejets de gaz à effet de serre se poursuivent. Aujourd’hui, ces émissions ne diminuent pas mais repartent même à la hausse …
Vous êtes membre du Collectif pour le climat et bien sûr, vous ferez partie des citoyens qui se mobiliseront ce samedi 16 Mars pour cette Marche, dans de nombreuses villes de France …. Un rassemblement est prévu, à Lens, par exemple.
Un collectif climat s’est constitué sur le secteur de Lens-Liévin. Beaucoup de motivations de la part de personnes qui étaient déjà impliquées dans ce domaine en d’autres endroits.
Le rassemblement à Lens aura lieu ce 16 mars à 10 h au rond-point Bollaert et se dirigera vers la mairie puis vers la gare. Des pancartes expliqueront ce qui nous motive.
Il ne faut pas oublier qu’une marche pour le climat aura lieu aussi à Arras à 14 h 30 (départ de la gare) et une autre Grand-Place à Lille à 14 h 30.
Bien entendu, les lycéennes et lycéens ne seront pas en reste puisqu’elles et ils auront manifesté la veille le 15 mars : c’est significatif que les jeunes –en France, en Belgique et ailleurs- se prennent en main et montrent leurs inquiétudes.
Dans notre rubrique « Sale Temps sur la Planète », beaucoup de choses ont déjà été dites sur le changement climatique provoqué par toutes les pollutions : les hydrocarbures, les nanoparticules, le nucléaire, le gaz de couche pour n’en citer que quelques-unes … beaucoup de sujets ont été traités …. Nous avons pointé du doigt beaucoup d’erreurs faites engendrant la pollution …. Tout à l’heure, encore nous parlions de la pollution numérique … Comme on le sait, à cause du dérèglement climatique, les conséquences seront de plus en plus graves : inondations à cause de précipitations abondantes, hausse du niveau de la mer et des océans, tempête, sécheresse, effet de serre, disparition de la biodiversité, transhumance …. Là aussi, la liste est longue mais le facteur commun à tout cela, c’est l’activité humaine … Alors, lorsque vous dites … et tel est votre slogan « Agissons pour la Planète », ça veut dire quoi ? « Agissons » … à qui est destiné ce verbe à l’impératif ?
Agir à cause des pollutions que vous avez indiquées ? Oui, sans oublier certaines : l’avion, le grand cargo –qui pollue plus que 50 millions de voitures-, la pollution maritime, la déforestation, la pollution des sols, de l’air et de l’eau, les projets gigantesques dans l’agro-industrie et le tourisme (par exemple une serre tropicale dans la Somme, par exemple une ferme de 1000 vaches, par exemple des porcheries dans le Douaisis ou dans l’Audomarois, par exemple l’artificialisation des sols, par exemple ce projet fou d’Europacity à l’initiative d’Auchan dans la région parisienne …) ; la diminution de la biodiversité flore et faune sauvages, la multiplication d’insectes nuisibles qui se déplacent du sud au nord.
Agir pourquoi ? Pour éviter les conséquences dramatiques de l’activité humaine que vous avez indiquées. L’une d’entre elles sera le déplacement de plus de 200 millions d’humains de par le monde : il faudra la gérer humainement.
Qui doit agir ? Nous, les individus, bien sûr ! Mais pas seulement … et certainement pas uniquement nous !
L’Etat doit aussi se remettre en question … comme nous –ce qu’il n’a pas vraiment fait jusque maintenant !
Par ailleurs, on ne peut mettre sur le même plan la responsabilité individuelle et celle des dirigeants libéraux, des multinationales, du libre-échange, des banques investissant dans les énergies polluantes … Ce système économique est responsable de beaucoup de choses y compris de la pollution des esprits. Le raisonnement par l’argent ne sera pas le bon moyen pour que l’on s’en sorte.
Est-ce que vous croyez qu’il y a réellement, maintenant, une prise de conscience … ? Et que veulent tous ces manifestants ? Parce qu’on comprend bien que « L’objectif, c’est de fédérer les énergies avec des gens qui ont envie de faire bouger les choses sur les thématiques du climat », oui…. mais, n’y-en-a-t-il pas davantage pour qui ce n’est pas une priorité ? Un seul exemple, dans leurs revendications sociales, les « gilets jaunes » ont relégué le sujet à l’arrière-plan ….
La prise de conscience existe et est de plus en plus visible. Il suffit de voir les actions des jeunes. Mais il ne faut pas faire preuve d’un optimisme béat.
En tout cas, je ne partage pas totalement votre vision à propos des gilets jaunes ; il est vrai qu’ils ont commencé en agitant –à juste titre- des revendications sociales. Mais certains sont allés plus loin et ont fait le lien entre leurs revendications et celles sur l’état de la planète. La transition écologique passera par la justice sociale. C’est ce que certaines et certains disent. Il ne faudrait surtout pas opposer fin du mois et fin du monde ! Il ne peut pas y avoir justice climatique sans justice sociale.
Voilà ce qui a été dit à Commercy (Meuse) dans une AG des gilets jaunes
« Nous sommes forts de la diversité de nos discussions, en ce moment même des centaines d’assemblées élaborent et proposent leurs propres revendications. Elles touchent à la démocratie réelle, à la justice sociale et fiscale, aux conditions de travail, à la justice écologique et climatique, à la fin des discriminations. Parmi les revendications et propositions stratégiques les plus débattues, nous trouvons : l’éradication de la misère sous toutes ses formes, la transformation des institutions (RIC, constituante, fin des privilèges des élus…), la transition écologique (précarité énergétique, pollutions industrielles…), l’égalité et la prise en compte de toutes et tous quelle que soit sa nationalité (personnes en situation de handicap, égalité hommes-femmes, fin de l’abandon des quartiers populaires, du monde rural et des outre-mer…).
Rappelons quand même que le mouvement des gilets jaunes a été insufflé par la taxe en hausse sur les carburants …. Donc sur les énergies fossiles …. Responsables en partie de la pollution … alors, quelle solution ?
Tout le monde connait la pollution des énergies fossiles. Tout le monde connait la solution. Cela a été dit lors de la COP 21 à Paris en 2015 : limiter de façon spectaculaire l’extraction d’énergies fossiles. Que se passe-t-il en ce moment ? Tout le contraire : on n’a jamais autant extrait ! Total fait partie de ces multinationales qui montrent le chemin pour exploiter le plus possible dans le monde afin de satisfaire leurs intérêts et leurs actionnaires. L’Etat français est aussi dans cette optique productiviste ; il a reculé –grâce à des collectifs actifs- pour exploiter dans notre pays le gaz de schiste et de couche. Mais il va faire venir du gaz de schiste des Etats-Unis ! On marche de plus en plus sur la tête !
Je crois comprendre que les Collectifs pour le Climat exigent des Pouvoirs Publics, des mesures de transition pour repenser nos modèles énergétiques, urbains, industriels et agricoles et des politiques ambitieuses indispensables pour accompagner un changement sociétal profond, dans les respect de tous ! Or, quand l’Etat prend des mesures cela tourne rapidement au « tollé » général ! Je le constatais, lors d’une émission …. Pas facile d’être Président ….. Les manifestants donnent-ils des solutions ? Et d’ailleurs, y-a-t-il des solutions miracles ?
Avant d’envisager les solutions, il faudrait se poser la question suivante : nous a-t-on demandé notre avis ? La réponse est : NON. C’est pourquoi, nous nous lançons dans ces actions qui nous permettent de montrer qu’on est totalement concernés par ces questions, qu’on a notre mot à dire ; et on le fera savoir.
ENSEMBLE pour le climat, cela veut dire :
- Se retrouver pour montrer notre détermination
- Se retrouver pour imaginer des solutions ensemble
Ces solutions ne seront pas faciles à imaginer. Elles devront partir de l’idée que ce n’est pas en consommant que l’on ira dans le bon sens. Il faudra aussi s’habituer à la sobriété. Cela ne veut pas dire que l’on va se priver de tout. Cela signifie que l’on va d’abord faire en sorte que tous les humains ne manquent de rien de ce qui est essentiel. Et que l’on va se retrouver entre humains pour bâtir –avec nos petites idées- un monde respectueux de notre environnement, de notre vie et de la nature ; bref respectueux du vivant -qu’il soit humain, végétal ou animal. Vaste programme ; ce sera cela le miracle. Et il faudra qu’on y arrive. Et ce ne sera pas encore suffisant !
Nous voulons des mesures drastiques pour une réorganisation de la société sur des bases de justice et solidarité pour nous tous et pour la planète :
– Une fiscalité carbone juste, efficace, et redistributive
– Des mesures sociales et écologiques facilitant le passage aux alternatives permettant de mieux vivre
– mettre fin à l’extraction des énergies fossiles pour réduire drastiquement les émissions de GES
– développer une énergie locale, éolienne, solaire et non nucléaire
– multiplier les pratiques en agroforesterie écologique, bio. Nous en avons un exemple avec ce maraicher bio à Loison-sous-Lens
– Repenser le transport, donner notamment toute sa place au vélo – ce qui n’est pas le cas du tout avec la mise en place du bus BHNS autour de Lens.
– La fin de l’impunité des multinationales, lobbys ou groupes de pression climaticides (dans les secteurs bancaires, énergétiques, agricoles…)
Les rassemblements pour une cause aussi vitale, c’est bien …. Car l’union fait la force et le nombre prouve que … mais ne devrions nous pas, à l’image du colibri de Pierre RABHI, … faire chacun notre part ?
Commençons par nous-même : c’est certainement le plus simple. Cela veut dire que l’on doit avoir un comportement exemplaire : ce ne sera déjà pas toujours facile.
Mais il faut remettre les choses dans l’ordre. Il faut rappeler que les pauvres émettent 40 fois moins de carbone que les très riches … et paient plus de 4 fois plus de taxe carbone en % de leurs revenus !
Donc, il faudra demander beaucoup plus aux riches qu’aux pauvres : c’est la justice sociale. C’est donc dans cette direction que nous devrons nous inspirer du colibri de Pierre Rabhi.
En second lieu, l’Etat devra montrer l’exemple. Il y a plein de projets inutiles (je ne vais pas les énumérer, ce serait trop long) ; Il faudra les abandonner.
En dernier ressort, les multinationales et les sociétés productivistes ne devront pas être en reste : elles sont aux premières loges dans la responsabilité de la pollution actuelle. Seront-elles vertueuses ? Pour l’instant, elles n’en prennent pas le chemin. D’ailleurs, les plus gros pollueurs français ne paient presque pas de taxe carbone !
Et pourtant il y a urgence.
Il est indispensable de passer par la décroissance pour avoir un petit espoir de se sortir de cette phase très anxiogène. Cela passe donc par une réflexion collective sur la justice sociale et écologique.
La situation est grave. Rob Hopkins le disait à sa façon : « c’est normal d’avoir peur ; si vous n’avez pas peur, c’est que vous n’avez pas bien compris la situation ».
Tous les acteurs potentiels du changement pour la survie devront être collectivement très inventifs. Il faudra agir pour trouver des solutions … si tout le monde le veut … et s’il n’est pas encore trop tard !
C’est pour cela que l’on se bouge. Et on ne fait que commencer. C’est pour cela qu’il faudra être très nombreux lors des différents rassemblements des 15 et 16 mars dans le monde.
Merci et on rappelle votre point de ralliement pour le secteur de Lens-Liévin, ce samedi 16 Mars
10 h, rond-point Bollaert