Revue de presse de l’Observatoire du nucléaire

Séisme près de la centrale nucléaire du Blayais : dernier rappel ?

Ce mercredi 20 mars 2019, un séisme d’une magnitude non négligeable (4,9) s’est produit à proximité de la centrale nucléaire du Blayais (Gironde). Il est légitime de se demander si cet évènement n’est pas le dernier rappel avant que le pire ne se produise.

En effet, même s’il se termine sans dommages importants, cet épisode vient rappeler que l’ensemble de la population française, et même européenne, vit sous la menace d’une catastrophe nucléaire dont la cause peut être purement industrielle mais qui peut aussi survenir à la suite d’un évènement naturel.

Il se trouve que, lors de la fameuse tempête du 27 décembre 1999, la centrale nucléaire du Blayais a déjà montré sa grave vulnérabilité face au risque inondation, avec un scénario proche de celui qui allait se produire 12 ans plus tard à Fukushima.
L’évènement de ce jour est l’occasion de rappeler que, bien que le risque sismique soit modéré en France, le danger est bien réel car, par souci d’économies, EDF a construit ses centrales nucléaires en fonction du risque théorique : elles sont donc peu résistantes.
Il est par ailleurs notable que, 8 ans après le début de la catastrophe de Fukushima (qui se poursuit et va continuer encore pendant des décennies), les mesures de « sûreté » dites post-Fukushima ne sont toujours pas en place.
Il faut aussi rappeler que, même quand ces mesures seront enfin de mise, la catastrophe pourra toujours se produire car l’expérience montre qu’il est impossible de prévoir tous les scenarios.
Et ce d’autant que toute construction humaine est faillible et que l’accident peut être causé par des erreurs de conception, de construction, d’exploitation, de maintenance… le tout étant démultiplié par le vieillissement des installations.
Non contente d’être très vulnérable face au risque d’inondation et celui des séismes, la centrale du Blayais est aussi une des plus anciennes de France, étant en service depuis 38 ans.
Loin de la désinformation orchestrée par EDF mais aussi par la prétendue « Autorité » de prétendue « sûreté » nucléaire (ASN), la seule façon d’être sûr d’éviter la catastrophe nucléaire est de fermer aux plus vite la centrale nucléaire du Blayais… et les autres centrales.

 Déchets nucléaires (Bure/Cigéo) : enfouissement de la démocratie
Bure : de nouvelles perquisitions sur des habitant-es historiques !
Cedra, 3 décembre 2018 : http://k6.re/=gHeY
Déchets nucléaires : les millions d’euros qui irradient les villes près de Bure
FranceTv, 20 décembre 2018 : http://k6.re/p_O3J
L’Andra paye des médias pour orienter l’opinion en faveur de Cigéo
Reporterre, 21 janvier 2019 : http://k6.re/ldZVX
Des Youtubeurs achetés par l’Andra pour promouvoir l’enfouissement de déchets
Twitter, 5 février 2019 : http://k6.re/RHXaW
À Bar-le-Duc, une parodie de justice contre les opposants à Cigéo
Reporterre, 6 février 2019 : http://k6.re/15o2Z

C’est en 1998 que le gouvernement Jospin et sa ministre verte Dominique Voynet ont choisi le village de Bure (dans la Meuse) pour l’enfouissement des déchet nucléaires les plus radioactifs. Dans un premier temps, il n’était question que d’un « laboratoire » pour étudier la faisabilité de ce projet, mais la ficelle était grossière : il était clair qu’il s’agissait bien de choisir un lieu pour commettre ce crime contre la planète et les êtres vivants.
Tant bien que mal, malgré diverses études qui montrent son caractère totalement irresponsable, le projet avance et les autorités françaises usent désormais des grands moyens, dont une justice locale aux ordres, pour réprimer les courageux opposants mais aussi pour mentir à l’opinion en achetant littéralement les médias « anciens » mais aussi des « youtubers », enchantés de se laisser corrompre pour mentir à leur jeune public.
La formule est un peu facile, certes, mais c’est pourtant l’exacte vérité : l’enfouissement des déchets radioactifs passe d’abord par l’enfouissement de la démocratie. Les résistants ont besoin d’aide…

Nucléaire mondial : la débandade sans fin…
Le Japon va abandonner le projet nucléaire turc
Takashi Tsuji, 4 décembre 2018 : http://k6.re/Ka9Hb
Rappel – Texte de l’Observatoire du nucléaire
L’Expansion, 10 mai 2013 : http://k6.re/q-TkT
Le projet nucléaire russe en Finlande repoussé de 4 ans
Financial Times, 26 décembre 2018 : http://k6.re/UZing
EPR et ITER n’ont pas démarré en 2018
Le Monde, 30 décembre 2018 : http://k6.re/86dJ
Fin de partie pour l’usine américaine de MOX d’Orano (Areva)
Les Echos, 9 janvier 2019 : http://k6.re/pmLI3
Hitachi abandonne le projet nucléaire de Wylfa (Pays de Galles)
Financial Times, 11 janvier 2019 : http://k6.re/EnUcq
Le Brexit fragilise tous les pans du nucléaire européen
Techniques de l’ingénieur, 22 février 2019 : http://k6.re/SCi=6

Nous avons souvent évoqué dans cette revue de presse l’effondrement continu et irréversible de l’industrie nucléaire mondiale. La part de l’atome dans la production mondiale d’électricité est ainsi passée de 17 % en 2001 à moins de 10 % à ce jour.
Et cette dégringolade ne va pas s’arrêter : accordées de façon irresponsables par les autorités de sûreté, les réacteurs actuels ferment et vont fermer les uns après les autres. D’autre part, les projets de nouveaux réacteurs sont rares (méfiez vous des nombreux effets d’annonce… la plupart du temps non suivis d’effets) et souvent abandonnés avant même les mises en chantier.

Réacteur EPR : toujours plus catastrophique…
Une étude de l’Ademe condamne la filière EPR pour raison économique
Actu-Environnement, 10 décembre 2018 : http://k6.re/TzLY9
Nucléaire : l’ASN pointe le risque d’un nouveau report pour l’EPR
Les Echos, 29 janvier 2019 : http://k6.re/HxiC2
Un problème de sécurité dans le réacteur EPR finlandais d’Areva
Reuters, 22 février 2019 : http://k6.re/JIhWu

L’EPR est incontestablement le réacteur nucléaire le plus ridicule de tous les temps. Conçu au début des années 90, c’est un dinosaure déjà dépassé (même du point de vue pronucléaire) avant même de fonctionner.
L’EPR de Finlande, mis en chantier en 2005 par Areva (devenue Orano dernièrement), devait entrer en service en 2009 : presque 15 ans plus tard, avec déjà un retard de dix ans (!), il continue de rencontrer des problèmes techniques importants. Même s’il entre un jour en fonction, c’est un désastre industriel mais aussi et financier… pour nous les citoyens de France puisque nous payons les milliards de surcoût et de pénalités…
Il en est de même pour l’EPR de Flamanville (Manche), mis en chantier en 2007 par EDF, qui devait entre en fonction en 2012 mais qui n’est toujours pas terminé lui non plus, et qui cumule lui aussi les milliards de surcoût et les graves déconvenues techniques.
Outre sa cuve défectueuse validée de façon totalement irresponsable par la prétendue « autorité » de prétendue « sûreté » nucléaire (ASN), le réacteur est à nouveau confronté à des graves problèmes de soudures. On comprend alors mieux les projets de Macron – cf plus bas – pour s’assurer que les pertes gigantesques d’EDF seront bien couvertes par l’argent public, c’est à dire encore une fois par nous, citoyens de France.
Cerise sur le gâteau, dans une étude sur l’évolution du mix électrique français de 2020 à 2060, l’Ademe (organisme d’État) prévoit une baisse du coût de l’électricité grâce à un fort développement des renouvelables tandis que la filière EPR se révèle non compétitive. Ce n’est cependant pas une surprise et, de toute façon, nous n’en sommes plus à compter les milliards gaspillés mais à espérer échapper par miracle à un Fukushima français

Les projets de Macron pour EDF : privatisation des bénéfices, nationalisation de la faillite
EDF proposera une restructuration du groupe d’ici fin 2019
Agence Montel, 15 février 2019 : http://k6.re/FrlN=
EDF arrache à l’Etat un nouvel effort financier
BFM Business, 15 février 2019 : http://k6.re/Yg1sK
Pourquoi le nucléaire va être renationalisé
La Croix, 17 février 2019 : http://k6.re/eV9B

Lors du lancement du programme nucléaire dans les années 70, il a été annoncé que produire de l’électricité avec l’atome allait être un immense succès industriel mais aussi financier : une fois amortis au bout de 30 ou 40 ans, les réacteurs allaient générer une électricité quasi gratuite.
Nous y sommes et c’est bien le contraire : les réacteurs d’EDF sont dans un état de délabrement avancé et ne vont pouvoir continuer à fonctionner qu’au prix d’un danger encore plus grand et surtout de ruineux travaux de rafistolage. Ces travaux sont d’ailleurs impossibles à financer, Edf étant d’ores et déjà en situation de quasi faillite
Comme toujours, le dénommé Macron est en mission pour sauvegarder les intérêts des riches et des puissants. Il s’apprête donc à renationaliser EDF, dont 16 % avaient été privatisés sous Sarkozy : les bénéfices espérés s’étant transformés en lourds déficit, principalement à cause du nucléaire, ces derniers vont une fois de plus nous être « offerts », c’est à dire couverts par l’argent public.
En revanche, les activités bénéficiaires – énergies renouvelables, transport et distribution (RTE et Enedis) et commercialisation – seraient regroupées dans une filiale spécifique ayant vocation à être cotée en bourse puis, tôt ou tard, privatisée. A suivre, de près.

Turpitudes radioactives
L’ex-gendarme du nucléaire n’ira pas pantoufler chez Engie
Le Figaro, 28 décembre 2018 : http://k6.re/uVHut
Orano (Areva) soupçonnée de corruption en Mongolie
AFP-Le Monde, 19 décembre 2018 : http://k6.re/TRn6q
Areva Mox Services attaqué en justice par les Etats-Unis
Capital, 18 février 2019 : http://k6.re/zPivk
Rappel : Uramin, la bombe à retardement du nucléaire français
Arte, enquête 2018: http://k6.re/txNII
Rappel : Les ailes de la corruption
Sud-Ouest, 15 mars 2015 : http://k6.re/6Wo2

L’industrie nucléaire va très mal, mais elle permet néanmoins de se mettre de l’argent plein les poches à conditions bien sûr de mentir, tricher, détourner, voler et, c’est bien le minimum, bafouer toute morale. On rira donc bien en notant déjà que, tout nouveau retraité, l’ancien directeur de l’Autorité de sûreté (ASN) a tenté de monnayer ses « compétences » chez Engie.

Plusieurs affaires bien plus graves concernent Areva (devenue Orano), entreprise nauséabonde dans laquelle a trempé pendant quelques années le premier ministre Edouard Philippe. Outre le fameux scandale Uramin, toujours en cours (alors que Mme Lauvergeon est toujours en liberté !), d’autres affaires sont peu à peu mises au jour.
Ainsi en octobre 2013, Areva avait probablement usé de corruption pour exploiter deux gisements d’uranium dans le désert de Gobi (Mongolie), pas si désert que ça puisqu’on y trouve de l’uranium et des milliards…
Par ailleurs, Areva-Orano est visée depuis 2015 par une enquête préliminaire du Parquet national financier (PNF). Cette affaire, surnommée « uraniumgate« , porte sur la vente controversée, à l’automne 2011, d’une importante quantité d’uranium nigérien pour 320 millions de dollars.
Désormais, ce sont les USA qui accusent le consortium Areva Mox, en charge d’une usine de conversion du plutonium militaire, d’avoir fait rembourser des fausses factures. Un système illégal de rétrocommissions entre un fournisseur et des salariés du consortium a aussi été découvert. Les pénalités infligées par la justice américaine étant gigantesques, nous pouvons une fois de plus nous apprêter à verser des milliards.
Pour finir, et pour le plaisir, on se souviendra de la belle victoire sur Areva obtenue par l’Observatoire du nucléaire, lequel avait révélé le financement d’un avion tout neuf pour le Président du Niger, lui même ancien cadre d’Areva : le nucléaire est une grand famille… d’escrocs !

www.observatoire-du-nucleaire.org