Cela se passe en Belgique. Et dans les Hauts-de-France ?
Au terme d’une très belle enquête, nos confrères de la RTBF ont démontré que du bois de chauffage radioactif, venu de Biélorussie, était vendu en Belgique. Qu’en est-il dans notre région ? La question mérite d’être posée.
Ambiance automnale dans cette grande surface de bricolage dans la métropole lilloise. Sur l’immense parking, des stères et des stères de bois de chauffage s’étalent à la vue des éventuels acheteurs. Au pied d’une des palettes, un papier détaillant l’article en vente. Le bois est originaire de l’Union européenne, sans autre précision. C’est une société luxembourgeoise qui est à la tête du business, Combulux, spécialisée dans l’import-export de bois. Retour à la grande surface. On se renseigne sur les stères. Questions diverses : prix ? Volumes ? Quelles essences ? Origine ? Pour cette dernière question, la réponse du vendeur est un peu évasive : « Je crois que ça vient de Slovénie. » On n’en saura pas davantage.
« Une grosse concurrence des pays de l’Est »
En Belgique, les journalistes de la RTBF sont parvenus à démontrer que du bois de chauffage biélorusse acheté dans une grande surface à Liège était contaminé au césium 137. Radioactif, donc. Qu’en est-il chez nous ? Maëva Frérot, chargée de mission bois énergie pour l’interprofession du bois dans les Hauts-de-France, vient d’entendre parler de cette question de radioactivité. En revanche, elle connaît bien la filière bois : « En ce qui concerne le bois de chauffage, on est confrontés à une grosse concurrence des pays de l’Est, surtout de Pologne. C’est presque une concurrence déloyale. » Quant aux granulés : « Ça vient plutôt des USA mais il y en a peut-être qui viennent des pays de l’Est. »
On n’a rien contre les pays de l’Est bien évidemment. Mais depuis la catastrophe de Tchernobyl, le 26 avril 1986, certaines forêts sont encore particulièrement contaminées. C’est le cas notamment en Biélorussie, Ukraine et Russie. Mais aussi en Scandinavie (Finlande, Norvège, Suède) et en Autriche. À la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) implantée à Valence (Drôme), on ne se fait pas d’illusion sur la contamination du bois par le césium 137. Ingénieur en physique nucléaire et directeur du laboratoire de la CRIIRAD, Bruno Chareyron confirme : « Il y a possibilité de détecter du césium 137 y compris dans du bois produit par les forêts françaises. » La radioactivité provient de la catastrophe de Tchernobyl mais aussi « des essais nucléaires dans les années 50 et 60 ainsi que de la radioactivité naturelle. » Mais le césium 137 « se retrouve à des niveaux faibles » dans nos forêts.
« Davantage dans les cendres »
En revanche, la CRIIRAD a déjà été alertée pour des alarmes de portiques dans des centres d’enfouissement des déchets. « Avec des chaufferies à haut rendement, on peut se retrouver avec des cendres présentant un taux de radioactivité non négligeable. On peut se retrouver avec 10 becquerels par kilo de bois et 100 fois plus dans les cendres. » Et Bruno Chareyron de conclure : « Il faut des procédures de contrôle pour éviter que la France importe du bois de forêts très contaminées. Il faut que les pouvoirs publics mettent en place des normes claires. Et là dessus, on est face à un grand vide. »
Un article de La Voix du Nord, par Pierre-Laurent Flamen
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Commentaire d’Anor-Environnement
Le pellet qui pourrait être produit à Anor serait destiné aux industriels et n’aurait aucune norme. On est donc tenté de penser qu’en l’absence de contrôle il pourrait être fabriqué à partir de bois radioactifs venu des pays de l’est. C’est une réelle possibilité mais notre objectif n’est pas de faire de procès d’intention. En revanche, nous avons des certitudes car selon la définition donnée par Jeferco dans son brevet : « le bois de classe B est du bois peint, collé, vernis et pouvant contenir des métaux lourds, des fongicides, des insecticides, des pesticides, des COV ou des HAP ». Rien que ça !