En tout cas sous cette forme.
Notre hébergeur préfère ne pas continuer à nous héberger. On suppose que cette décision fait suite à la publication de l’article « Du coup », mais nous n’en savons guère plus.
Hors-sol est né il y a dix ans exactement, en mars 2010, de deux événements conjoints : la création de la carte à puce RFID « Pass-Pass » dans les transports lillois et l’organisation d’un débat public national sur les nanotechnologies. Nous avions, à l’appel de Pièces et main d’œuvre, saboté le second ; mais avons échoué à saboter la première.
Au sujet de nos alertes sur le fichage des déplacements, puis avec la publication de L’Enfer vert par Tomjo en 2011, les élus verts aux transports Eric Quiquet et Dominique Plancke dénonçaient à l’époque nos « contre-vérités », notre « parano », et garantissaient qu’il n’y aurait jamais de fichiers centralisant les comportements. Et puis… il ne s’agissait que de « déterminer le volume de déplacement dans chaque gare », rappelait Plancke (VDN, 8 mai 2011). Le fichage n’était pas policier mais écologiste, nuance.
En relisant les archives d’Hors-sol, on lit même cette phrase de La Voix du nord : « La ville de Lille rappelait hier qu’aucun projet de carte RFID n’était programmé dans ses services. » (18/10/09)
Aujourd’hui, en plus de « Pass-Pass » qui enregistre les déplacements, une carte des comportements existe bel et bien pour utiliser les services municipaux (bibliothèques, piscines, zoo, etc) et centraliser un fichier nominatif. Mais il ne fallait pas être « parano ».
En février 2010 toujours, nous occupions avec 80 personnes le siège de l’entreprise militaire Thalès à Paris contre leur projet « Hypervisor » de pilotage informatique de l’environnement par l’interconnexion des données issues des puces, capteurs et autres caméras intelligentes.
On apprenait le mois suivant que deux laboratoires lillois travaillaient sur l’hypervision urbaine. L’un de l’Université des sciences et technologiques à Villeneuve d’Ascq avait un projet de vidéosurveillance intelligente, FOX-MIIRE : « C’est, par exemple, une caméra qui surveille l’escalator d’un grand magasin, détecte une chute ou un mouvement de panique, et alerte immédiatement la sécurité. La caméra analyse également les mouvements de foules anormaux, la circulation routière et permet d’alerter en temps réel en cas d’incident. » (VDN, 01/04/10)
L’autre, l’Institut national de recherche en informatique et automatique, militaro-civil, et basé à Lille 3, installait des chercheurs à Euratechnologies pour travailler sur « Des études comportementales et analyses des regards des clients à partir de la vidéo, des supermarchés numériques, des vitrines « intelligentes » et tactiles, des outils de gestion de marchandise et de plis postaux à partir des RFID, des moyens de paiement par reconnaissance biométrique… »
La Ville de Nice vient de signer, en 2018, avec l’entreprise Thalès, le projet « Safe City », basé sur l’interconnexion de données comme « l’analyse des réseaux sociaux, la géolocalisation, la biométrie ou la simulation de foules. » Il est même question de « lire les émotions sur les visages » (Le Monde, 19/12/18).
Martine Aubry promet, pour son prochain mandat, de doter la ville de Lille d’un Centre de Supervision urbaine. Comme à Nice ? Avec les chercheurs lillois en intelligence artificielle et reconnaissance biométrique ?
Faut pas être « parano »…
À partir de ces premières informations diffusées les deux premiers mois d’Hors-sol, nous avons essayé d’approfondir la critique des technologies de surveillance à la société technologique en général, à ses causes plus qu’à ses maux d’ailleurs, par des brochures, revues, et même un film : critique des liens Armée-Recherche-Industrie, critique de l’urbanisme, de l’écologisme, mais aussi de la culture contemporaine et patrimoniale qui les soutient (avec le film « Morts à 100 % : post-scriptum).
Dernièrement, nous étions investis contre le projet de destruction de la friche Saint-Sauveur, promis à devenir un smart quartier, connecté et créatif : culture, béton, technologie. Des plus sociologues que nous annoncent un futur repaire à bobos.
Bref… Comme on n’aime pas franchement la solennité des grands discours, on s’arrête là, sans lyrisme.
Merci de nous avoir lu. A bientôt. Hors-sol.