Les centrales nucléaires et le coronavirus

Comment maintenir le nucléaire sans le personnel ?

L’entêtement du gouvernement et d’EDF nous menace.

Au quotidien une vingtaine de personnes réparties en sept équipes se relayant nuit et jour pilotent les réacteurs nucléaires dans chaque centrale atomique. Avec les salariés d’astreinte ce sont de 120 à 200 personnes qui sont nécessaires pour faire fonctionner chacun des 58 réacteurs nucléaires disséminés dans l’hexagone. Dans ces conditions le télétravail prôné par un président de la République hors sol, pour limiter la propagation de la pandémie de covid-19, rencontre vite ses limites. Alors que de premiers cas de victimes se font jour dans les centrales, EDF et le gouvernement ne semblent pas, encore une fois, prendre les bonnes décisions de mise à l’arrêt des installations nucléaires. Ils tentent de faire tourner leurs engins de mort avec un personnel restreint. Danger.

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En dépit de l’épidémie de covid-19 qui atteint aussi les personnels des sites nucléaires, EDF et le gouvernement veulent à tout prix maintenir en fonctionnement les réacteurs nucléaires. Le buziness prenant le pas sur la sécurité de la population.  L’électricien nucléariste tente d’assurer le roulement des salariés qui pilotent les réacteurs nucléaires avec des équipes allégées.

Au quotidien une vingtaine de personnes réparties en sept équipes qui se relayent nuit et jour pilotent et assurent le suivit des réacteurs nucléaires dans chaque centrale atomique. Avec les salariés d’astreinte ce sont de 120 à 200 personnes qui sont nécessaires pour faire fonctionner une centrale nucléaire. Dans ces conditions le télétravail prôné par un président de la République hors sol, pour limiter la propagation de la pandémie de covid-19, rencontre vite ses limites. EDF et le gouvernement ne semblent pas, encore une fois, prendre les bonnes décisions de mise à l’arrêt des installations nucléaires. Alors que de premiers cas de victimes se font jour dans les centrales, ils tentent de faire tourner leurs engins de mort avec un personnel restreint.

Il y a les centrales atomiques mais aussi les lignes THT (Très Haute tension de 400 000 volts et 225 000 volts) et HT (Haute Tension entre 90 000 et 63 000 volt) de transport de l’électricité à entretenir par  RTE (Reseau Transport d’Electicité) filiale 100% d’EDF qui emploie un peu plus de 8 800 salarié-es. Et le réseau Enedis (ex ERDF) également filiale 100% de EDF de distribution d’électricité en France aux particuliers (en haute tension A dit HTA de 1 000 volts à 50 000 volts en courant alternatif et en moyenne tension dit MT de 1 500 volts à 75 000 volts en courant continu) qui emploie autour de 38 000 salarié-es.

Hausse massive du taux d’absentéisme dans les centrales nucléaires

Depuis vendredi 13 mars, EDF se prépare à faire face à une hausse massive de son taux d’absentéisme du fait du coronavirus. Fanfaronnant comme à l’accoutumé le nucléariste affirme « Nous sommes entraînés à fonctionner avec des effectifs réduits. Le soir et les week-ends, nos centrales sont déjà pilotées par des équipes restreintes. Notre plan pandémie nous permet de faire fonctionner l’ensemble du parc nucléaire et hydraulique avec 25 % de taux d’absentéisme pendant 3 mois et 40 % en cas de pic de l’épidémie, c’est considérable ». Est-ce à dire que près de 60% des effectifs de EDF est inutile ?

Dèjà depuis lundi 16 mars à la centrale atomique de Flamanville seules les équipes de quart et celles qui assurent la sécurité contre les agressions extérieures (type terroristes par exemple) et la sûreté (liés aux problèmes techniques ou aux risques d’accidents) sont désormais autorisées à travailler dans la centrale. Ne restent également que les agents EDF : intérimaires et sous-traitants ont quitté le site. Les effectifs sont passés de 800 personnes à une petite centaine.

L’idée, un peu folle, de EDF est de continuer le buziness de l’exportation d’électricité et de fourniture à des grosses entreprises pourtant à l’arrêt (comme l’automobile). Quitte à diminuer le nombre de salariés par équipe, à créer une huitième équipe allégée, à ventiler les salariés au sein d’une même centrale ou à les expédier vers les autres centrales nucléaires, à faire appel à des anciens salariés qui pilotaient les réacteurs avant de prendre leur retraite. Et si cela ne suffisait pas, si les salariés tombaient comme des mouches en venant sur site atomique ou même devant les pupitres de pilotage des réacteurs, EDF appellerait une force d’action rapide nucléaire qui fut créée après la catastrophe de Fukushima. Sauf que cette FAR est composée aussi d’humains potentiellement victimes de la pandémie et se trouvant éloignés d’un site nucléaire en besoin de salariés.

Les salariés d’EDF dormiront sur les sites atomiques

L’acheminement de lits de camp, de produits d’hygiène et de désinfection et des rations alimentaires est en cours dans chaque centrale nucléaire. Les salariés pourraient être mis en « mode sous-marin » coupés du monde extérieur en cas de pression extrême de la contagion du covid-19. Selon une source ayant travaillé sur l’élaboration du « plan pandémie » : « les équipes seront isolées pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, comme c’est le cas pour des équipages à bord de nos sous-marins nucléaires atomiques. »

Cette stratégie d’entêtement à produire à marche forcée de l’électricité nucléaire est fortement anxiogène tant pour les salariés que pour les élus locaux riverains des sites atomiques et la population. « S’il y a beaucoup de gens malades, on risque de se retrouver en situation difficile du fait de manque de personnel », déclare ainsi l’adjoint au maire d’Auvillar et vice-présidence de la Commission Locale d’Information (CLI) de la centrale de Golfech (Occitanie). Il est vrai que ces dernières semaines un incident nucléaire a déjà mis en alerte tout le secteur : le retour de congés d’un salarié de la centrale qui avait séjourné en Italie du Nord ce qui avait entraîné la mise en quarantaine de quatorze personnes.

La sagesse ne voudrait-elle pas de mettre à l’arrêt immédiat les sites nucléaires plutôt que de jouer avec le feu atomique et d’exposer encore plus tout le pays au risque d’holocauste ?

J.R

Coordination antinucléaire sud-est