C’est le résultat de l’épidémie de grippe asiatique
Plus personne ou presque ne se souvient de l’épidémie de grippe asiatique qui a sévi en France en 1957-58.
Pourtant, il y a des leçons à tirer de cette épidémie particulièrement meurtrière.
100 000 morts, surtout des jeunes
La grippe asiatique de 1957 a fait environ 100 000 morts en France, contaminé 20 % de la population mondiale, totalisé deux millions de victimes à travers le monde.
La France comptait alors 43 millions d’habitants contre 67 millions aujourd’hui.
100 000 morts c’est donc énorme, autant que les pertes françaises pendant la Deuxième Guerre Mondiale.
Une grande partie de ces 100 000 morts étaient des adolescents, l’exact inverse de ce qui arrive aujourd’hui. Les personnes âgées, pour une raison inexplicable, étaient mieux protégées contre le virus et les jeunes les principales victimes.
Malgré sa gravité, la grippe asiatique n’a pas engendré le dixième des mesures que nous connaissons aujourd’hui.
Il s’agissait aussi d’un virus venu de Chine pour lequel personne n’était préparé. Ce virus tuait aussi en créant une pneumonie sévère. Les hôpitaux étaient aussi débordés. Les médecins étaient aussi au bord de la crise de nerf et travaillaient nuit et jour…
Une personne sur cinq fut infectée en France… !
Et pourtant, les écoles n’ont pas fermé, l’activité économique ne s’est pas arrêtée du jour au lendemain, personne n’a parlé de fin du monde… et la population n’a pas été confinée.
Pourquoi ?
La première épidémie « moderne »
Cette grippe asiatique était apparue en Chine, dans les provinces du Yunnan et du Guizhou.
En février 1957, le virus est à Singapour. En avril, il a déjà contaminé 250 000 personnes à Hong Kong. En juin, il a déjà fait entre 70 000 et 115 000 morts aux États-Unis.
Le virus a fait le tour de la planète en 6 mois, alors que l’humanité était nettement moins mobile que de nos jours.
Ce fut le premier virus grippal à être suivi « à la trace » et en temps réel par les virologues de l’époque.
La grippe asiatique de 1957 peut être considérée, à ce titre, comme la première épidémie « moderne », avec un virus 20 à 30 fois plus meurtrier que la grippe hivernale.
Pourtant je le répète, aucune des mesures prises à l’époque par les gouvernements n’est comparable avec ce qui se passe en ce moment pour le Covid-19.
Fermer les écoles ? Pour quoi faire ?
Un article publié par le journal La Tribune en 2009 raconte l’absence complète de réaction des pouvoirs publics de tous les pays.
Le virus arrive en France et en Europe en juin.
« En juin 1957, le secrétariat d’État à la Santé publique affirme que « l’épidémie de grippe asiatique ne justifie pas d’inquiétude particulière ». La presse se veut donc rassurante. « La maladie n’a rien d’alarmant jusqu’à présent », assure « Le Figaro ». Les victimes signalées à l’étranger – 100.000 cas aux États-Unis, cinq enfants victimes de la maladie au Royaume-Uni-, n’émeuvent guère. Mais, dès la rentrée scolaire, le ton change. Fin septembre, « Le Figaro » donne la parole au Dr Peretti. Ce conseiller municipal parisien souhaite « renvoyer à une date ultérieure la rentrée scolaire, l’école étant un foyer de contamination par excellence ». Il ne sera guère écouté. »
Le début de la réaction, en 1957, ressemble donc à celle que nous avons connue en janvier-février chez nous.
Mais il n’y a pas eu de branle-bas de combat ensuite. Un vaccin sera réalisé, mais basé sur la mauvaise souche de la grippe, il n’aura aucun effet.
On peut tirer trois leçons de ces 2 épisodes distants de plus de 60 années.
1 – Pour la première fois, les États font passer la santé avant l’économie
Le Pr Jean-Noël Fabiani, historien de la médecine, fait remarquer qu’en 2020 c’est la première fois dans l’Histoire que les gouvernements du monde donnent la priorité à la santé de leurs populations sur leurs intérêts économiques.
En effet, jamais une épidémie n’avait poussé la plupart des États touchés à « geler » leur activité et à enfermer à double tour leur population pour tenter d’enrayer la propagation d’une maladie.
C’est une mesure inédite, avec l’efficacité discutable que l’on sait.
Elle témoigne d’un changement de mentalité majeur, autant de la part de la population que des gouvernements…
2 – Sommes-nous moins fatalistes qu’il y a 60 ans ?
Le philosophe André Comte-Sponville dit que notre réaction face au Covid-19 est un « oubli que nous sommes mortels ».
Et de fait, on constate aujourd’hui une tendance à prendre plus au tragique la mort d’individus isolés que de groupes de personnes.
En 1957, voir une génération d’adolescents sévèrement touchée par un fléau mortel n’a pas paru plus préoccupant que ça.
Car on avait connu pire : la peste qui avait décimé la moitié de la population européenne au XIVème siècle, deux guerres mondiales terriblement meurtrières, la grippe espagnole etc…
Une épidémie comme la grippe asiatique pouvait donc apparaître comme une plaie inévitable destinée à revenir de temps à autre. Mieux valait courber le dos et pleurer ses morts qu’essayer à tout prix d’enrayer une maladie contre laquelle on ne pouvait pas grand-chose.
Aujourd’hui, qu’une maladie émergente puisse emporter nos proches nous paraît insupportable.
On peut voir le verre d’eau à moitié plein ou à moitié vide sur cette réaction collective :
- à moitié plein : ça y est, les gens ont pris conscience de la valeur de la vie humaine et refusent de voir leurs semblables emportés sans rien faire, ils se rendent compte que la santé et la vie sont le bien le plus précieux sur terre, avant l’économie ;
- à moitié vide : nous sommes devenus tellement orgueilleux que nous ne sommes plus capables d’accepter ce que nos aïeux affrontaient bravement, sans dramatiser : que nous sommes vulnérables et qu’il faut continuer à vivre malgré cette vulnérabilité.
3 – Nous nous berçons d’illusions sur la santé et la médecine
C’est la troisième leçon que je tire de ces événements : la « prise de conscience » de la valeur de toute vie humaine est selon moi une illusion.
L’épidémie actuelle nous fait en effet oublier les centaines de milliers de morts par an dues au cancer, à Alzheimer, au diabète, aux accidents cardio-vasculaires.
Nous ne sommes pas devenus moins fatalistes, nous nous sommes focalisés sur cette maladie, le Covid-19, dont l’émergence et la contagiosité nous a pris de court et nous obsède. Alors qu’elle reste, en comparaison, beaucoup moins meurtrière.
En réalité nous sommes victimes de l’idée que la médecine peut tout. Si nous développons un cancer, Alzheimer, ou un diabète, nous avons le sentiment que la médecine a une solution à nous apporter. Avec le Covid-19 nous sommes frappés d’impuissance. Et donc de panique.
Ce que nous oublions, c’est que les solutions offertes par la médecine au cancer, aux AVC, au diabète, sont monumentalement imparfaites ! La preuve, ce sont les décès dus au cancer qui se chiffrent par millions chaque année !
Parce que ce sont des maladies de civilisation, liées à notre pollution, notre mauvaise alimentation, notre sédentarité, nos ondes omniprésentes… Le mal est profond, il faudrait traiter les causes avant de traiter ces maladies. Et nous sommes loin du compte.
Le Covid-19, lui, n’est pas plus dangereux que le cancer et le diabète. Il l’est même plutôt moins. Mais la médecine officielle n’y apporte à ce jour aucune réponse.
D’où le confinement précipité, le débat enragé sur l’hydroxychloroquine, la machine à fantasmes complotistes réouverte sur l’origine du virus, les stratégies de déconfinement qui partent dans tous les sens…
Nous sommes dépassés parce que nous avons l’impression de ne rien maîtriser.
Mais en réalité nous ne maîtrisons pas plus le Covid-19 que les grandes maladies chroniques, connues depuis bien plus longtemps et plus meurtrières…
Et les vaccins alors ?
Et les vaccins me direz-vous ?
N’attendons pas de miracle. Le vaccin de la grippe asiatique de 1957 a loupé sa souche et il en sera peut-être de même en 2020. L’épidémie de 1957 s’est calmée naturellement et le vaccin a été oublié.
Notre Covid-19 est en effet un des virus dont la capacité de mutation désarçonne les chercheurs.
Les vaccins à venir présentent un grand risque d’être inefficaces.
Ils rempliront les poches des labos pharmaceutiques ça c’est certain, et le laboratoire qui le produira est attendu comme le messie.
Mais ils auront davantage pour fonction de rassurer que d’immuniser.