Bilan de l’Hiver 2019 /2020 et du Printemps
Evolution de ce dossier périodique
Merci aux différentes personnes et associations qui m’ont répondu et encouragé à maintenir ces dossiers jugés utiles, et qui sont relayés par différentes assos.
Ces dossiers continueront avec une périodicité semblable, calquée sur les saisons, même si pour celui-ci j’ai pris du retard. L’habitabilité de la terre dépendant de nombreux facteurs interconnectés, ces dossiers continueront de s’ouvrir à d’autres problématiques toutes en lien avec la défense du vivant. Enfin, je souhaite à terme faire la promotion d’initiatives et idées destinées à trouver des solutions durables, qui permettent de développer la résilience.
L’hiver 2019-2020 : le plus chaud jamais survenu en France et en Europe avec 2,7° au-dessus des normales
L’hiver a été marqué par une présence longue de hautes pressions consécutives au fort anticyclone des Açores, avec à l’opposé une dépression d’Islande plus faible que d’habitude.
Côté températures en Janvier, avec 7,1° de moyenne nous étions 2,2° au-dessus des normales saisonnières, et même 3 à 4° en Février – ce qui est énorme et fait de ce mois le 2è le plus chaud depuis le relevé systématique des températures en 1900- . Le mois de Mars a été moins marqué (+ 0,7° aux normales) avec toutefois de forts contrastes, puisqu’en fin de mois nous avons eu un épisode particulièrement froid.
En matière de précipitations, en moyenne nationale Janvier a été déficitaire de 30% aux normales, alors que Février et Mars ont reçu 20 et 10% de plus.
Ces valeurs cachent d’énormes disparités régionales de sorte que certaines ont été beaucoup plus arrosées, ou au contraire accusent un déficit important. Cet hiver a connu un ensoleillement vraiment exceptionnel, surtout sur la moitié Nord de la France.
Côté vent et tempêtes nous avons eu droit à quelques forts coups de vents hivernaux – ce qui est normal. La tempête Ciara du 8 Janvier a fortement érodé notre littoral régional, notamment la digue de Wimereux, la baie de Wissant ainsi que les dunes Dunkerquoises. S’agissant de ce secteur, Voir le reportage de Géodunes
Le printemps : sec et chaud.
Avril a été anormalement doux avec 3° au-dessus des normales. Nous avons même connu deux pics de chaleur du 7 au 12, et du 16 au 18.
En matière de précipitations, Avril a été déficitaire en moyenne de 25%, ce déficit allant de – 30 à -80% sur les Hauts de France, et l’Est du pays.
Le mois de Mai a été très contrasté. En matière de température là encore la moyenne nationale a été de 1,5° au-dessus des normales, même si nous avons eu un pic de fraîcheur du 11 au 16. Au même moment, tout l’Est Méditerranéen a vécu un épisode de chaleur exceptionnellement intense, qui en maints endroits a dépassé les 40°. Voir l’article de Reporterre C’est la 1ère fois que se produisent de telles chaleurs aussi tôt dans l’année.
A Paris, nous avons dépassé les 30°, qui là encore se produisent de plus en plus tôt au fil des ans.
Côté précipitations, le déficit a été supérieur à 50% sur une grande partie de la France, alors que le Sud a connu des précipitations 50% supérieures aux normales.
Le mois de Juin a vu la douceur et la sécheresse se poursuivre, même si en maints endroits de fortes précipitations ont eu lieu, qui ont été un bienfait momentané pour les cultures et prairies (élevages). Mi-Juin une vague de chaleur nous a amené du 28°, suivi d’une seconde vague encore plus élevée les derniers jours du mois.
Flash sur l’érosion littorale
Différents secteurs du Nord Pas De Calais subissent une forte érosion de leur littoral. Il en est ainsi du secteur de la baie d’Authie, du front de mer à Wimereux, de la baie de Wissant, des secteurs de Sangatte, d’Oye Plage qui a vu son littoral reculer de près de 4m, mais aussi de l’Est Dunkerquois, longtemps épargné.
A Wissant, la situation est dramatique, où la baie perd en moyenne chaque année 40,000 m3 de sable, de sorte qu’aujourd’hui la dune d’aval est menacée de disparition, avec derrière une cinquantaine de maisons. Le plan de ré-ensablement envisagé a été abandonné, car trop cher – Voir à ce sujet l’article de presse : Clic -ici
Pour la 1ère fois, le gouvernement, via les propos de sa ministre Elisabeth Borne a admis et déclaré que dorénavant il faudra dans les années à venir envisager l’évacuation en France de 5000 à 50,000 habitations menacées par l’érosion littorale. Voir article de presse -ici
Par contre, toujours rien n’a été envisagé (à la hauteur de la gravité de la situation) concernant la situation de la Flandre maritime, 1ère région de France en matière de risque de submersion marine, et où habitent 450 000 personnes dans un ancien polder plus bas que les eaux de haute mer, et dont le cordon dunaire est fortement érodé en maints endroits.
Alors qu’il serait judicieux d’anticiper des situations qui seront intenables dans quelques décennies, aucune désindustrialisation ni relocalisation des activités économiques n’ont eu lieu à ce jour. Pire, on continue d’accueillir de grands sites industriels.
Avec ses 16 sites Seveso seuil haut et sa centrale nucléaire, la plus grande d’Europe et que différents élus voudraient remplacer par un EPR, l’avenir s’annonce particulièrement menaçant pour ces populations, mais aussi pour les pays voisins si un accident nucléaire devait survenir suite aux aléas climatiques et la montée du niveau de la mer.
Le climat change plus vite, il y a urgence
C’est le cri d’alerte lancé en Février 2020 par Jean Jouzel, climatologue Français et expert du GIEC, Voir article de presse
La crise du coronavirus et sa forte médiatisation ont éclipsé pour un moment la gravité de la situation climatique ainsi que l’effondrement de la biodiversité.
La Sibérie arctique a connu son hiver le plus chaud jamais survenu, avec des températures moyennes d’environ 8° supérieures aux normales. Voir l’article : Avant même l’été, l’arctique connaît un pic de chaleur exceptionnel .
Un inquiétant record vient de se produire le 20 Juin en Sibérie au-delà du cercle arctique avec 38 °C relevés dans la ville de Verkhoïansk. Voir article de Sciences et Avenir – Clic ici
Une étude publiée le 4 mai dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences affirme qu’un tiers de l’humanité pourrait vivre dans des endroits aussi chauds que le Sahara d’ici 2070. Ces craintes sont partagées par différents scientifiques qui estiment que nous ne pourrons pas limiter en 2040 la hausse de température en dessous de 2°.
Les médias n’ont quasiment pas évoqué la situation dramatique de l’Afrique de l’Est, qui est menacée d’une catastrophe humanitaire de grande importance. Cette dernière est en effet confrontée à trois problèmes majeurs et simultanés : des essaims de criquets, des inondations exceptionnelles, et la crise du coronavirus. Voir l’article : Une triple menace met en danger des millions de personnes
Retour à la France : La douceur anormale de cet hiver et du printemps, tant chez nous que chez nos voisins sont bien liés au réchauffement climatique qui se poursuit, et est particulièrement important aux pôles.
La douceur anormale de l’Arctique a provoqué des anticyclones particulièrement puissants qui se sont maintenus sur le Nord de l’Europe (provoquant un nombre record de jours de vents du Nord ou du Nord-Est- j’en ai compté chez moi 82 jours de Janvier à Juin dont 22 en Mai), ce qui a contribué chez nous à cette douceur, mais aussi un déficit important de précipitations. Ce genre de situation se reproduit hélas de plus en plus fréquemment.
Ce printemps s’avère lui aussi le plus chaud que nous ayons jamais connu depuis 1900. Alors que dans le Nord l’alerte sécheresse 2019 a été levée en Mars 2020, nous revoilà placés aussi vite en vigilance dès la fin Mai. En fait, c’est tout l’Est de la France qui est sévèrement touché par cette sécheresse, mais aussi l’Europe centrale.
2020 est la 3è année consécutive de restriction d’usage de l’eau, et cela dès le printemps. Nombre de cours d’eau sont anormalement bas, alors que l’été vient à peine de commencer.
Avec des températures anormalement douces – le seuil de sortie de dormance des végétaux est de 6°-, là encore la végétation a été fortement perturbée, qui a démarré avec quasiment un mois d’avance. Certains arbustes tels le sureau ont même gardé des feuilles tout l’hiver.
De fait, ces perturbations affectent l’ensemble du vivant : sols, végétaux, animaux, insectes, et dont nous ignorons encore nombre de conséquences, à venir et notamment à moyen terme. Cliquer ci-contre pour voir l’article : La production des bourgeons et la migration des oiseaux sont déjà bouleversées
La crise du coronavirus et ses conséquences sur la marche du monde
Il est impossible de passer sous silence cette crise sanitaire mondiale inédite, qui est loin d’être terminée.
Toutefois, de par la tournure des événements, et notamment la décision de nombreux pays de confiner leur population, cette crise s’est étendue à d’autres secteurs : le social, mais aussi toute l’économie mondiale, et son pendant la finance.
La marche de notre monde basée sur l’économie, la production et l’accaparement de la richesse au profit de quelques-uns ressemble à la pratique du vélo. Tant que nous roulons, nous gardons l’équilibre. Si nous cessons de rouler, nous tombons.
Du fait du quasi arrêt mondial de l’économie, de graves répercussions vont avoir lieu, qui ont déjà commencé, et auront des effets pendant de nombreuses années, et seront bien plus importantes que la crise financière de 2008.
Venant à peine de sortir du confinement, d’importants plans de relance économique viennent d’être lancés qui continuent encore et toujours de promouvoir la croissance, l’exploitation des énergies fossiles, et le développement d’activités et de filières ayant un énorme impact sur notre environnement, et sur le climat.
Il en est ainsi de l’automobile, du trafic aérien, de la promotion du tourisme, de la poursuite d’une agriculture industrielle, mais aussi la volonté de développer fortement la numérisation du monde, déjà responsable de près de 4% des émissions de CO2 et consommateur de 7% de l’électricité mondiale.
La volonté d’accélérer à marche forcée le développement de la 5G est particulièrement grave et inacceptable. A la fois en terme d’empreinte écologique et émissions de GES, mais aussi de par la mise en œuvre de la surveillance généralisée de toute la population et de leurs moindres gestes du quotidien.
Cette crise du Coronavirus a suscité de nombreuses réactions et exigences d’un monde différent, rejoignant les nombreuses voix qui s’élèvent depuis plusieurs années pour exiger une transition écologique et énergétique.
Rien n’y fait, nos dirigeants ont décidé d’être sourds à ces revendications, et la mise en œuvre des propositions de la Convention Citoyenne sur le Climat l’atteste : pas moins de 7 propositions ont été retoquées, et pas des moindres. Voir ici le communiqué de presse du RAC
Aussi le fossé n’a jamais été aussi grand qu’aujourd’hui entre nos dirigeants et les attentes de la société civile. Faute d’agir, nous mobiliser, contester ces choix catastrophiques, descendre dans la rue, cette fuite en avant continuera …. pour le pire !
Alain Vandevoorde, militant pour la défense et le respect du vivant et de l’humain