La politique hospitalière

Ceci est un élément qui explique le nouvel emprisonnement. 

Le gouvernement continue de supprimer des lits d’hospitalisation.

Gouvernement et autorités sanitaires continuent de fermer des centaines de lits dans les hôpitaux, malgré la pandémie.

On aurait pu penser qu’avec la première vague du Covid qui a déferlé au printemps, les autorités sanitaires, les Agences régionales de santé (ARS), les directions des hôpitaux auraient remis en question la politique de suppression de lits d’hôpitaux qui prime depuis des années. Il n’en est rien. Au moins treize hôpitaux vont continuer de perdre des places d’hospitalisation.

En septembre 2020, la direction du CHU de Besançon a annoncé la suppression d’un service entier de soins de suite et de réadaptation, soit 28 places d’hospitalisation en moins. À l’hôpital psychiatrique du Rouvray, près de Rouen, il a été annoncé début octobre qu’au moins 80 lits seraient supprimés d’ici à 2022 « soit 20 % de la capacité d’hospitalisation », relève l’Union syndicale de la psychiatrie. C’est là, au Rouvray, que des soignants avaient fait une grève de la faim de deux semaines en 2018 pour demander des moyens afin de prendre en charge les patients. Ils avaient obtenu la promesse de créations de postes et de deux nouvelles unités. Ces engagements n’ont pas été tenus.

Au CHU de Nancy, comme Basta ! vous le racontait en avril, le Covid n’a pas non plus remis en cause le plan de suppression de 174 lits d’ici à 2024. Au CHU de Nantes, ce sont environ 100 lits qui ont été fermés depuis le début de la crise sanitaire, a comptabilisé Mediapart. En mai, des parlementaires alsaciens alertaient aussi sur un projet de leur agence régionale de santé de supprimer 20 lits de réanimation, surtout à Strasbourg, alors même que la région Grand Est sortait d’une phase très dure de Covid… Partout, depuis des années, les hôpitaux français suppriment des places d’hospitalisations. Cette tendance se poursuit depuis mars 2020 comme en atteste la carte que nous publions ci-dessous.

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Cliquer sur une étiquette pour lire les détails. Les données récoltées se basent essentiellement sur des informations publiées dans la presse, nationale et locale. Les sources précises sont indiquées dans les notes en bas d’article.

Ce comité interministériel qui décide des suppressions de lits

3400 lits avaient déjà été supprimés en 2019, 4000 en 2018. Entre 2003 et 2016, plus de 60 000 places d’hospitalisation à temps complet ont disparu. Ces dernières années, ces suppressions de lits passent par des décisions du Copermo, pour « Comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins », une instance interministérielle créée en 2012. C’est le Copermo qui a décidé de supprimer 174 lits et des centaines de postes au CHU de Nancy. C’est aussi le Copermo qui veut transformer le CHU de Reims, en y supprimant des lits : 184 lits en moins d’ici à 2027, selon les chiffres annoncé par le maire (LR) de Reims, 210 lits selon la CGT de l’hôpital.

Le résultat en tout cas est clair : la capacité d’accueil des patients sera réduite. Au CHU de Tours, le plan Copermo en cours avant la crise du Covid prévoit de fermer 350 lits.

Des considérations strictement financières

À Caen, c’est le projet de reconstruction de l’hôpital qui aboutira à supprimer 200 lits à l’horizon 2026. À Limoges, un projet de transformation du CHU adopté en 2018 devrait avoir pour conséquence la fermeture d’une centaine de lits. À Nice, un « contrat de retour à l’équilibre financier » proposé par la direction du CHU en 2017 prévoit la disparition d’environ 200 lits.

Même chose à l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille où le projet de 2019 qui vise à fermer 230 lits est basé sur des considérations strictement financières : il s’agit de sortir les comptes du rouge. Début octobre, en pleine deuxième vague du Covid, la chambre régionale des comptes d’Occitanie a publié un rapport préconisant, là encore, des suppressions de lits au CHU de Toulouse.

 

Il faut « sortir du dogme de la fermeture des lits » affirmait le ministre de la Santé en mai 2020

En région parisienne, les regroupements en cours de sites hospitaliers auront aussi pour conséquence de réduire les capacités d’hospitalisation. Les hôpitaux de Longjumeau, Juvisy et Orsay doivent par exemple fermer pour en ouvrir un nouveau à Saclay (notre reportage). Résultat : des centaines de lits en moins. À Paris, ce sont les hôpitaux Bichat et Beaujon qui doivent disparaître au profit d’un nouvel hôpital à Saint-Ouen. Le nouveau site devrait abriter un quart de lits d’hospitalisation en moins que ceux qu’il est censé remplacer. À Poitiers, la fusion prévue pour 2021 du CHU avec un groupement hospitalier « Nord Vienne » fait également craindre une diminution des places d’hospitalisation.

En mai, le ministre de la Santé Olivier Véran affirmait qu’il fallait « sortir du dogme de la fermeture des lits ». Cela fait cinq mois et rien n’a été fait en ce sens. La deuxième vague changera-t-elle la donne ? Les ARS, le gouvernement, les directions d’hôpitaux, écouteront-elles enfin ce que disent les soignants depuis plusieurs années : il faut arrêter de s’attaquer aux hôpitaux, on en a besoin pour soigner.

Cette carte, nourrie des informations publiées ces derniers mois et années dans la presse locale et nationale sur les suppressions de lits dans les hôpitaux, n’est évidemment pas exhaustive. Nous la compléterons en fonction des données qui nous parviendront à la suite de cette publication. Pour nous informer à ce sujet, vous pouvez nous écrire à basta@bastamag.net
Ou via ce formulaire :

https://framaforms.org/suppression-de-lits-dans-les-hopitaux-publics-francais-aidez-basta-a-les-recenser-1603889009

bastamag

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Un médecin a parlé avant l’annonce des mesures d’emprisonnement

« Il ne faut pas reconfiner les Français ! C’est une mesure complètement irresponsable »

Ce mercredi 28 octobre au matin, le Dr Louis Fouché, médecin anesthésiste-réanimateur à l’hôpital de la Conception à Marseille, a indiqué qu’il était « absolument opposé » à cette solution. « C’est une mesure qui est complètement irresponsable. Les bénéfices sur l’épidémie sont discutables et discutés. Les effets secondaires, les effets collatéraux, on les a bien vus sur le premier confinement. Il ne faut pas reconfiner les Français ! », a-t-il déclaré.

Et d’ajouter : « Il faut proposer des mesures alternatives. Il faut donner de l’argent à l’hôpital public, il faut donner de l’argent au service de réanimation pour qu’on ait des soignants, du matériel ».

« Pourquoi il ne faut pas reconfiner ? Parce qu’il y a des effets collatéraux systémiques absolument majeurs. Ils sont à la fois sanitaires, sociaux, économiques, systémiques », a-t-il continué en précisant que, lors du premier confinement, certaines personnes malades ne se sont pas rendues à l’hôpital.

« Vous avez des personnes âgées qui déclinent au niveau cognitif très très rapidement », a expliqué Louis Fouché. Et de conclure : « On est en train de devenir fou, et il faut faire des mesures ciblées. Laissez les médecins prescrire l’hydroxychloroquine, le Zithromax et le zinc. Il y a tellement peu de risques et tellement de bénéfices potentiels ».

jeanmarcmorandini.com