Des aides publiques massives pour le CAC40, sans contrepartie
Dans un nouveau rapport intitulé « Allô Bercy ? Aides publiques : les corona-profiteurs du CAC40 », l’Observatoire des multinationales met en évidence les multiples sources d’aides publiques directes et indirectes dont bénéficient les grands groupes français depuis le début de la pandémie de COVID-19. Toutes les firmes du CAC40, qu’elles versent des dividendes ou suppriment des emplois, reçoivent plusieurs formes d’aides, à minima indirectes, de la part des pouvoirs publics. Et contrairement aux annonces gouvernementales, ces aides n’ont absolument aucune contrepartie.
Le rapport « Allô Bercy ? Aides publiques : les corona-profiteurs du CAC40 » montre que les promesses de modération des dividendes et de contreparties sociales et écologiques en cas de soutien public n’ont pas été tenues. Les données que nous publions sont éloquentes :
- Les entreprises du CAC40 qui ont reçu des aides publiques ont versé 30,3 milliards de dividendes.
- Deux tiers du CAC40 a maintenu le versement de juteux dividendes et huit firmes ont même augmenté leurs dividendes par rapport à l’année dernière.
- Un tiers du CAC40 a versé de généreux dividendes alors que des milliers de leurs salariés étaient rémunérés sur fonds publics via le chômage partiel.
- Plusieurs entreprises dont l’État est actionnaire ont maintenu le versement de leurs dividendes, en contradiction avec l’engagement du gouvernement.
- Des groupes du CAC40 soutenus massivement par les pouvoirs publics (Renault, Airbus, Sanofi ou Schneider), veulent supprimer des dizaines de milliers d’emplois.
- Aucune contrepartie réelle n’a été exigée des entreprises ni en matière environnementale, ni en matière fiscale : les engagements climatiques sont inexistants ou en trompe-l’œil tandis qu’une proportion significative des filiales de ces groupes reste située dans des pays considérés comme des paradis fiscaux et judiciaires.
Ruissellement d’argent public vers le CAC 40. Qui en profite pour augmenter ses dividendes ?
Des exemples :
- Téléperformance : 0,14 milliards d’euros
- Vivendi : 0,69
- Schneider electric : 1,40
- Danone : 1,37
- Dassault systemes : 0,18
- Total : 6,93
- Sanofi : 3,94
- Air liquide : 1,31
Ces chiffres illustrent à quel point le secteur privé – et en particulier les grandes entreprises – est abreuvé d’argent public. Avant la crise sanitaire, les aides aux entreprises représentaient déjà 150 milliards d’euros par an. Avec la pandémie, ce soutien est devenu encore plus massif et plus visible. Alors que l’examen du projet de loi de finances pour 2021 et des crédits du Plan de relance débute au Parlement, il est désormais impossible d’échapper aux débats sur les conditions sociales ou environnementales qui devraient l’accompagner.
Ce rapport rassemble des données tirées des documents des entreprises du CAC40 et des informations produites par la presse spécialisée et/ou grand public, notamment ce ne qui concerne le chômage partiel et les suppressions d’emplois. Elles sont probablement sous-estimées.
Ce constat conduit :
- à exiger une véritable transparence sur les aides publiques aux entreprises, incluant tous types d’aides directes et indirectes, à travers la mise en place d’un observatoire indépendant.
- à demander que les conditions et règles d’attribution d’aides publiques aux grandes entreprises dans le cadre de l’épidémie de Covid fasse elle aussi l’objet d’une enquête parlementaire, tout comme la gestion de la crise sanitaire elle-même.
- à publier un appel à témoignages pour compléter les informations que nous publions.
À lire :
Le rapport
« Allô Bercy ? Aides publiques : les corona-profiteurs du CAC40 » (pdf, 16 pages)
Le récapitwitte des 77 signalements #AlloBercy (à ce jour)
Le rapport “Allô Bercy” est le premier chapitre publié de CAC40 : le véritable bilan annuel, édition 2020, publication annuelle de l’Observatoire des multinationales qui sera dévoilé progressivement au fil des prochaines semaines. Voir l’édition 2019 ici.
multinationales.org