Les tribulations d’un virus

Ma vie a tout d’un polar dont je suis la vedette bipolaire,

Tantôt je suis prisonnier derrière une vivante et infranchissable barrière

Ou bien, quand les planètes pour moi sont alignées

Je me comporte en tueur par la nature assermenté

Ce dernier rôle me va comme un gant

Mais seulement quand le système immunitaire est défaillant.

Alors je me réveille en sursaut

Pour aller boulotter un métabolisme en sanitaire défaut

Car quand ce dernier pétille de force et de dynamisme

Je n’ai pas d’autre choix que de me comporter avec civisme

Ceci dit il me faut tout de même avouer

Que la guerre que me livrent les humains me fait doucement rigoler

Le masque qui empêche le sourire et tout un chacun défigure ?

Croire qu’il peut m’arrêter c’est me faire grossière injure

Aussi énorme que de s’imaginer que la muselière que de trop gros trous percent

Soit plus efficace que d’un paysan la herse !

La distanciation sociale quant à elle n’est qu’un pitoyable leurre

Car sinon comment expliquer que le lit conjugal ne soit pas aussi ma demeure ?

Se moucher dans du papier sans me déposer quelque peu sur les doigts

Autant vouloir bloquer les grondantes chutes du Niagara

Eternuer dans le coude quelle horreur,

C’est se badigeonner le nez quelle que soit de l’appendice nasal la splendeur

Se laver mille fois les mains avec du gel alcoolique

Rien de mieux pour démolir de la peau son action anti-bactériologique

A quoi peuvent bien servir les autres ubuesques contraintes je ne sais …

Dans mon monde viral il n’y a aucune plausible explication, c’est un fait.

Car te tuer n’est pas dans mes intentions naturelles

On ne sacrifie sa monture que quand sa vie par trop chancelle

Chère créature humaine il te faudra donc chercher ailleurs

Les raisons profondes qui animent certains de tes semblables cyniquement persécuteurs

Peut-être une gentillette petite dictature en devenir …

dont je suis le lampiste accusé de trucider ceux que d’aucuns veulent occire ?

Mes élucubrations ne pourront s’arrêter là sans citer le vaccin

De celui-là et de tous les autres, je ne te fais pas un dessin

De mémoire de virus qui date tout de même de quelques milliards d’années

Jamais un vaccin un virus n’a réussi à éradiquer

Même avec les puissants et formidables dinosaures nous avons fait ami-ami

180 millions d’années où la hache de guerre n’a pas servi

La peste, le choléra, le typhus, la grippe espagnole, celle de Hong-Kong pour ne citer qu’elles

Un incompréhensible scandale pour l’homme, car sans vaccin, elles se sont faites la belle.

Moi le virus, je vous le dis sans ambages et auréolé d’une révélatrice lumière

Je suis votre ami et votre protecteur … tant que vous respectez votre nature entière.

Trop dur à accepter par votre ego surdimensionné ?

Pourtant seule voie car votre paix organique dépend totalement de cette simple vérité

Malheureusement votre « distanciation » avec la nature est si désespérément criante

Et la médecine d’aujourd’hui si stupidement arrogante

Que le devenir de vous autres humains est plus qu’incertain

Le Diable lui, de macabre contentement déjà se frotte les mains

Croyez bien qu’il n’y a qu’un chemin pour à vos enfants un futur serein garantir

c’est appliquer la recommandation de Bacon « pour commander à la nature, il faut lui obéir. »

 

Gavroche l’Alsaco