Les agresseurs sexuels n’ont pas leur place aux élections de 2022
Nous, femmes travaillant dans le milieu politique, élues, collaboratrices, fonctionnaires, responsables associatives, militantes, qui côtoyons régulièrement les hommes politiques, mais avant tout citoyennes, appelons le monde politique à une réponse d’ampleur aux violences sexuelles et sexistes commises par nos représentants.
Au sein du Parlement, des mairies, des conseils départementaux et régionaux, des hommes mis en cause, parfois condamnés, pour viol, pour agression sexuelle, pour atteinte sexuelle sur mineur·e, pour violences conjugales sont élus, malgré les discours affichés sur la lutte contre les violences faites aux femmes, malgré nos alertes répétées. Qu’est devenue la grande cause du quinquennat ?
En avril 2022, nous choisirons le ou la présidente de la République. Trois candidats ou potentiellement candidats à l’Elysée sont déjà cités dans de nombreux témoignages d’agressions sexuelles. Cela ne les empêche pas, loin de là, de considérer qu’ils sont dignes d’occuper la magistrature suprême. C’est dire à quel point la condition des femmes et des victimes leur est indifférente. En juin 2022, nous élirons les membres de l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, parmi les 577 député·e·s, certains sont auteurs de violences sexistes et sexuelles.
Une fois de plus et à la veille d’élections cruciales pour notre pays, nous exhortons les appareils politiques à écouter les victimes et à faire œuvre de prévention. Combien d’élections faudra-t-il avant que les formations politiques prennent leurs responsabilités pour garantir une ambiance de travail sereine au sein du gouvernement et du parlement, un fonctionnement apaisé de la démocratie et la protection des personnes victimes de violences ? Le monde politique doit assumer ses responsabilités et écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes de ses rangs et faire preuve d’exemplarité dans les désignations. C’est aussi une double peine pour les victimes. Ce sont pourtant eux qui sont responsables de voter les lois, les politiques publiques, qui nous concernent toutes et tous. Comment tolérer que les droits des femmes soient encore rognés, bloqués par eux ?
C’est aux partis et mouvements que revient le choix d’investir ou non un ou une candidate aux élections législatives. Ce sont eux qui embauchent des équipes de campagne, dont les membres doivent aussi être irréprochables. C’est aux maires qu’il revient de parrainer ou non un ou une candidate à l’élection présidentielle. Ces élu·e·s peuvent décider ou refuser de couvrir des pratiques déjà connues. L’exigence de transparence et d’intégrité demandée à nos représentants vaut aussi pour leur capacité à ne pas exercer de violences. Des progrès ont été réalisés en matière de transparence financière de la vie publique. A quand une évolution similaire concernant les violences envers les femmes et les enfants ?
Afin que circonscription par circonscription, il soit possible de constituer des listes écartant les candidats sexistes et responsables de violences, afin d’empêcher ceux qui méprisent les femmes, les traitent en inférieures, de concourir à la présidence, il est urgent d’agir. La parole des femmes s’est libérée, mais à quand une libération de l’écoute, une réelle prise en compte dans les partis politiques ? Quand les directions, les commissions d’investiture écouteront-elles les élues, les collaboratrices, les militantes, les citoyennes qui dénoncent des insultes sexistes, des mains au fesses, des “gros lourds tactiles”- doux euphémisme pour évoquer des agresseurs sexuels- de ceux qui font pression pour obtenir des faveurs sexuelles ? Quand écarteront-ils des responsabilités ceux qui ont été condamnés pour violences conjugales, pour harcèlement sexuel, pour viol, mais dont la peine n’a pas été assortie de l’inéligibilité ?
Quand les partis cesseront-ils de se murer dans l’omerta ? L’article 40 du code de procédure pénale oblige à signaler ces faits au procureur de la République.
Les violences sexistes et sexuelles concernent toutes les femmes, tous les milieux sociaux et professionnels, l’espace public comme l’espace privé. Comment peut-on prétendre lutter contre lorsque des élu·e·s s’en rendent coupables ou complices ?
Garantir le caractère démocratique de notre vie politique, c’est permettre à chacune et à chacun de s’engager dans les mouvements politiques sans risquer d’être victime de violences sexuelles et sexistes. C’est respecter les électrices et les électeurs. C’est affirmer que la tolérance zéro à l’égard des violences faites aux femmes et aux enfants est une ligne de conduite qui ne souffre aucune dérogation.
Le 25 novembre marque la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
Pour dire STOP aux violences sexistes et sexuelles, nous marcherons à l’appel du collectif #NousToutes partout en France le 20 novembre. A cette occasion et tout au long de cette année présidentielle, nous exigeons que le monde politique prenne enfin en compte le mouvement #MeToo : que les élu· e· s et cadres des partis signent en masse un engagement en trois points contre les violences sexistes et sexuelles en politique, que chacune et chacun, victimes et témoins, citoyennes et citoyens, interpellent les partis sur leur engagement et leur détermination à éradiquer ces violences en leur sein.
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