«Mes bêtes déplacées vont mieux» : cela se passe dans les Hauts-de-France
Plusieurs éleveurs des Hauts-de-France ont vu leurs bêtes s’affaiblir, voire mourir, et accusent les éoliennes d’être à l’origine de ce mal. La région fait pression pour qu’on les écoute.
Le conseil régional des Hauts-de-France se porte auprès des éleveurs pour soutenir leur combat pour la reconnaissance des nuisances liées aux « tensions électriques parasites et courants vagabonds ». La demande porte sur le manquement de prise en compte des études de sol et sous-sol préalables à l’installation d’éoliennes.
« C’est un phénomène qui semble récurrent et abouti à des situations catastrophiques, s’insurge Patricia Poupart, conseillère régionale de la Somme. Un groupe de parlementaires devait se pencher sur le problème mais les rapports n’ont toujours pas été remis. Nous avons un vrai pouvoir d’influence. »
« Je travaille pour payer mes dettes jusqu’à la retraite »
Une réunion de travail vient de se dérouler à l’exploitation de Yann Joly au Boisle (Somme). Cet éleveur laitier et céréalier a dû se séparer d’environ 300 bovins, dont 120 laitières. Il était lassé de les voir s’affaiblir, jusqu’à parfois mourir, après la mise en route de 12 puis de 24 mats par Enercon. Découverte par un sourcier, une rivière aurait transporté des courants électriques.
Il fait partie du collectif ANAST (Association Nationale Animaux sous tension), qui rassemble des centaines d’éleveurs : « De 2011 à 2015, j’ai perdu 350 000 euros. Je réclame cette somme devant le tribunal. J’ai été débouté mais je fais appel. J’ai dû me mettre en cessation d’activité pour le lait. Je travaille pour payer mes dettes jusqu’à la retraite. Je suis content de la démarche du conseil régional. Je me sens moins seul car l’État fait l’autruche. »
Éleveur à Mazinghien (Nord), Philippe Marchandier a perdu lui aussi de nombreuses bêtes à cause d’un parc de 5 éoliennes de Boralex. Une veine d’eau passerait sous sa ferme et serait conductrice d’électricité via le piquet de terre d’un mat. Il a déplacé une grande partie de son cheptel dans l’Aisne et attend une indemnisation à l’amiable : « Entre vouloir et pouvoir il y a une différence, commente-t-il à propos de la démarche de la région. Mes bêtes déplacées vont mieux. Celles restées à Mazinghien ne vont bien que parce que j’ai mis 1,50 m de fumier pour les isoler des courants électriques. »
Le parisien
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