Mais pas la solution
Conséquences de la guerre en Ukraine
Avant de s’inquiéter des conséquences agricoles de la guerre en Ukraine, la Confédération paysanne redit son soutien aux Ukrainiennes et Ukrainiens, premières victimes de cette guerre, ainsi qu’aux Russes qui s’opposent à un régime totalitaire. La Confédération paysanne réaffirme son engagement pour l’accueil des réfugiés, un devoir de solidarité, qu’ils soient réfugiés de guerre, économiques ou climatiques.
Dès le début, les promoteurs du système agricole productiviste, FNSEA* en tête, ont instrumentalisé cette guerre pour éteindre toutes velléités de transition sociale et écologique du modèle agricole : attaque contre la stratégie Farm to Fork, à laquelle ils se sont toujours opposés, dévoiement du concept de souveraineté alimentaire réduite à un « produire plus sans contrainte ». Ce sont des manœuvres profondément opportunistes, indécentes et malsaines que nous dénonçons.
Tous les arguments sont bons pour soi-disant « nourrir le monde », jusqu’à demander la suppression d’une obligation de 4% de jachères sur les fermes ; obligation qui n’existe pas ! Leur « produire plus » est une réponse de marché, pas de solidarité, pour sauver leur système à bout de souffle.
Alors que le productivisme est présenté comme la solution, les conséquences agricoles de la guerre en Ukraine ont en réalité dévoilé 7 des grandes dépendances du modèle agricole productiviste : dépendance aux engrais de synthèse, à l’alimentation animale importée, aux marchés financiers, au libre-échange et à l’export, à la captation d’aides publiques, aux multinationales semencières, aux banques.
Le gouvernement doit annoncer la semaine prochaine un plan de résilience, dont un volet agricole. La situation est grave et impose de prendre des mesures urgentes et structurelles pour sortir de ces dépendances. Impossible de le faire, s’il s’agit d’un énième plan de sauvetage du modèle d’agro-business.
Pour garantir l’approvisionnement des populations et des élevages français nous portons des mesures d’urgence :
– Le contrôle du prix des céréales pour permettre l’approvisionnement de populations qui seraient en risque de pénurie alimentaire et pour les élevages locaux. L’arrêt de la spéculation est une mesure essentielle pour la solidarité internationale et envers leurs collègues éleveurs.euses. La réponse n’est pas de produire plus mais de répartir et rendre accessibles les productions aux populations, en particulier les plus précaires.
– Un accompagnement d’urgence pour les éleveurs et éleveuses dépendant.es de l’achat d’alimentation animale, assorti obligatoirement pour les unités de production hors-sol, d’un plan de désendettement et de désintensification de la production animale industrielle. Cette aide d’urgence doit être conditionnée à un plan de transition vers des systèmes de production plus sobres, plus autonomes, économes et en lien avec le sol.
– L’interdiction immédiate de cultures énergétiques alimentaires pour la méthanisation et la fabrication d’agro-carburants. Cela permet de libérer 3 à 5 % de la surface agricole française pour la production alimentaire.
– Un moratoire immédiat sur tous les projets d’artificialisation de terres agricoles. [1]
L’agriculture paysanne est largement plus efficace que l’agriculture industrielle pour « nourrir le monde » : elle produit 70 à 75% de la nourriture consommée mondialement sur un quart des terres cultivées, alors que l’agriculture industrielle en produit de 25 à 30 % sur trois quarts des terres cultivées. Depuis 60 ans, elle a prouvé son incapacité à « nourrir le monde » malgré les PAC* successives, les plans de soutiens, de relance…
Pour gagner en indépendance vis-à-vis de la Russie, l’agriculture paysanne, basée sur une logique d’autonomie, propose des solutions pertinentes sur le plan économique, social et environnemental, qui se révèlent aujourd’hui être aussi des atouts géo-stratégiques majeurs. A commencer par l’affranchissement progressif des engrais de synthèse, fabriqués à partir de gaz, principale source de notre dépendance à la Russie.
Réduire en urgence toutes les dépendances du modèle agricole productiviste libèrera donc les marges de manœuvre diplomatiques nécessaires afin d’œuvrer pour la paix. Et s’en affranchir structurellement[2], est une des clés pour construire le monde de demain désirable, pacifique, social et écologique.
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[1] 55000 hectares agricoles disparaissent chaque année en France, l’équivalent de la surface nécessaire pour nourrir une ville de la taille du Havre, soit plus de 172 000 habitants.
[2] Les solutions de l’agriculture paysanne : polyculture-élevage et déspécialisation des territoires, autonomie alimentaire et lien au sol, sobriété énergétique, affranchissement progressif des engrais de synthèse, pratiques agro-écologiques, régulation des échanges internationaux pour un commerce international équitable, protection absolue des terres agricoles et leur vocation alimentaire
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Contacts de la confédération paysanne
Nicolas GIROD – Porte-parole de la Confédération paysanne – tél: 06 07 55 29 09
Véronique MARCHESSEAU – Secrétaire générale – tél: 06 98 53 76 46
Laurence MARANDOLA – secrétaire nationale – tél: 06 31 66 10 83
Caroline NUGUES – Chargée de communication – tél: 06 95 29 80 78
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Pour en savoir beaucoup plus
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