Les candidats à la présidentielle face au nucléaire

3 -seulement- pour en finir avec cette énergie ! Donc 9 pro-nucléaires.

La Coordination antinucléaire du Sud-est n’a pas vocation à appeler à voter pour tel ou tel candidat ni même à appeler simplement à voter.

Toutefois, elle est attentive à ce que proposent ceux et celles qui aspirent à imprimer au pays une politique nucléariste ou pas, convaincu que l’intervention des gens et de la population, des travailleurs pour un arrêt de la violence nucléaire est et sera toujours déterminante. Brève revue de détail des programmes des un-es et des autres.

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La relance du nucléaire : des communistes à l’extrême droite en passant par le centre-libéral et les socialistes

Dans la campagne, la promotion d’une hypothétique relance de la filière électronucléaire trouve surtout un écho chez tous les candidats du camp productiviste. Le toujours plus comme moteur de l’économie et d’un supposé bien-être matériel à venir. Surtout de profits financiers pour quelques-uns au détriment de ceux et celles qui produisent les richesses. Et de vampirisation des finances publiques.

Le premier des candidats à avoir poussé la chansonnette dans la campagne pro-nucléaire fut le liquidateur Emmanuel Macron, qui, seul et aux ordres du lobby nucléaire, s’arroge le droit d’annoncer la « poursuite » du nucléaire avec la construction de six réacteurs atomiques EPR et le lancement d’un programme de SMR (réacteur nucléaire de moindre production). Mais la filière nucléaire étant en faillite : il prend ses dangereux et passéistes rêves pour une réalité.

Il est rejoint dans cet objectif de six EPR par le communiste Fabien Roussel qui tente de relancer le vieux rêve productiviste nucléariste des Etats-Unis des années 50 soutenu par l’URSS (Atome for Peace ») en s’alignant sur le diktat corporatiste de l’encadrement syndical de EDF. Il veux prolonger les vieux et délabrés réacteurs nucléaires jusqu’à soixante ans en les rafistolant.

Valérie Pécresse, la candidate de Les Républicains ancienne ministre de la privatisation des universités et dont le mari est un des Président d’Alstom, poursuit sur la lancée de l’illusionniste indépendance énergétique du pays par le nucléaire alors que 100% de l’uranium provient de l’étranger (Niger, Kazakhstan, Afique du Sud, Canada), que les réacteurs nucléaires tricolores sont de conception états-unienne (Westinghouse) et que le système d’allumage de l’horrible bombe atomique tricolore est de conception britannique (les services secrets anglais ayant fourni les plan sur insistance des USA face à l’impossibilité du CEA de parvenir à mettre au point cette bombe). Elle veux aussi disséminer sur le pays de nouveaux réacteurs atomiques EPR.

L’extrême droite joue la surenchère nationaliste et criminelle avec la construction de quatorze EPR pour Éric Zemmour et jusqu’à vingt pour Marine Le Pen alors que EDF tout comme Areva en Finlande est incapable de mettre au point et en route l’EPR de Flamanville qui accuse plus de 12 années de retard et un surcoût de dix fois le prix initialement annoncé par EDF. Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) parie, lui, sur une improbable  filière nucléaire au minerai radioactif thorium qui prendrait le relai des centrales actuelles en 2050, relâchant toujours dans l’atmosphère encore plus de radioactivité mortelle.

Jean Lassalle (Résistons !) intègrant la question énergétique et sanitaire au chapitre de la recherche estime qu’il faut maintenir et développer le nucléaire. Fidèle en cela à son ex-mentor du Modem François Bayrou nommé par Macron « Commissaire au Plan » après avoir dû quitter précipitamment le gouvernement d’Edouard Philippe (ex-directeur chez Areva). Pour lui il faut  “Rénover et prolonger de 25 ans les centrales nucléaires en fin de vie. Développer les centrales nucléaires de 4ᵉ génération. Investir dans l’énergie de demain avec la fusion (projet ITER de Cadarache).“ Il y a dix ans, après la catastrophe nucléaire de Fukushima, il manifestait dans les Pyrénées pour la sortie du nucléaire. Allez comprendre.

Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), estime qu’ « il est urgent d’enlever aux groupes privés la direction de l’industrie, des transports, et d’organiser l’économie de façon rationnelle, planifiée, pour répondre aux besoins du plus grand nombre, tout en préservant l’environnement ». Mais ne dit rien de la manière concrète de le faire et notamment sur une sortie/arrêt du nucléaire demeurant toujours dans une conception productiviste de la vie et de l’conomie. Pour elle “poser le problème en termes de “sortir” ou “ne pas sortir” du nucléaire, indépendamment des conditions sociales et économiques dans lesquelles nous vivons, est au mieux une impasse, au pire une diversion. Car c’est tout le capitalisme qui représente un danger mortel.“ Les travailleurs et habitants victimes des radiations en Polynésie, en Algérie, au Niger, en France, en Ukraine et Belarus, au Japon apprécieront.

Anne Hidalgo (Parti socialiste) clame à qui veux bien l’écouter que « l’écologie est le combat du siècle » mais force est de constater qu’elle reste fidèle à la doctrine du parti socialiste qui n’a eu de cesse lorsqu’il gouvernait le pays de soutenir la filière nucléaire et ses méfaits sur la santé et l’environnement. Elle propose de parvenir à 100 % d’énergies renouvelables « aussi rapidement qu’il sera possible de le faire » en utilisant le nucléaire « comme énergie de transition » mais sans engagement ni de sortie ni d’arrêt et sans échéance aucune évidemment. “Je suis pour le grand carénage”, c’est à dire allonger la durée d’exploitations des centrales nucléaires, au-delà des quarante ans prévus. Encore des décennies de contaminations et de déchets mortels.

3 candidats pour en finir avec le nucléaire

Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) propose l’arrêt immédiat des réacteurs de plus de quarante ans et une sortie totale en dix ans de l’atome. Il rappelle son engagement anti-nucléaire de longue date et ses participations aux actions antinucléaires  : « le NPA est le seul parti à vouloir totalement sortir du nucléaire, plus que les écologistes ».

Jean-Luc Mélenchon vise le mix 100 % renouvelables en 2050 notamment par la diminution des consommation d’énergie dans les bâtiments publics et privés par un plan d’isolation doté de plusieurs centaines de millions, le développement des productions électriques décentralisées à ressources aquatiques et solaires et l’abandon définitif du nucléaire avec comme première étape la fermeture des réacteurs nucléaires de plus de quarante ans. Il propose de planifier le démantèlement, la réhabilitation et la reconversion des sites nucléaires et de leurs bassins de vie.

Yannick Jadot envisage l’arrêt de dix réacteurs d’ici 2035, mais ne fixe plus contrairement à 2017, d’échéance de sortie totale. Allant même jusqu’à déclarer :  » moi si j’arrive je ne construis pas de réacteur mais je n’en ferme pas… progressivement nous fermerons les réacteurs, ça prendra 20 ans, ça prendra 25 ans, ça prendra le temps qu’il faudra » . Autrement dit Jadot impose encore au pays et à la population plusieurs décennies de rejets radioactifs dans l’air et dans l’eau, plusieurs décennies de production de déchets radioactifs mortels, plusieurs décennies de menaces de catastrophes atomiques, plusieurs décennies d’exploitation colonialiste des travailleurs des pays uranifère tels au Niger et au Kazakhstan

Ces trois candidats se prononcent plus ou moins clairement pour l’abandon du projet du réacteur nucléaire EPR de Flamanville dans la Manche (1) et du projet de stockage souterrain de déchets radioactif « Cigéo » dans la Marne.

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(1) Sur Flamanville, Y.Jadot a déclaré sur « Public Senat » le 4 mars 2022 : « il est nécessaire d’avoir une commission parlementaire qui étudie cet audit. Sur cette base-là, on regarde si on poursuit ce chantier ou on le stoppe.

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