Sauf celles de luxe
Sous la pression des eurodéputés italiens, le Parlement européen a exempté la filière automobile de luxe de l’interdiction de la vente des voitures thermiques d’ici à 2035.
C’est une exception qui passe mal, un privilège accordé aux biens de luxe et à ceux qui les consomment. Le Parlement européen a voté le 8 juin l’interdiction de la vente des voitures thermiques neuves — essence, diesel ou hybride — d’ici 2035. Mais un amendement baptisé « Ferrari » a permis d’exempter de la mesure les voitures fabriquées à moins de 1 000 exemplaires chaque année. Et ceux qui en produisent moins de 10 000 ont droit à une dérogation jusqu’en 2036. Cet amendement a été porté par des eurodéputés italiens qui ont tout fait pour défendre la filière automobile de luxe.
Le lobbyisme intense des constructeurs a sauvé le marché. Ferrari, Lamborghini, Maserati, Rolls-Royce ou Bentley pourront continuer à vendre certains de leurs bolides même s’ils roulent à l’essence et au mépris du réchauffement climatique.
- C’est le fruit d’une longue bataille. Déjà, en septembre 2021, le gouvernement italien faisait pression auprès de la Commission européenne. « Ces voitures nécessitent des technologies très spécifiques et des batteries de haute performance pour opérer cette transition », avait justifié le ministre de la Transition écologique italien, Roberto Cingolani, ancien membre non exécutif du conseil d’administration de Ferrari.
« C’est le symbole de l’injustice sociale et climatique »
Mercredi 8 juin, l’amendement Ferrari a été adopté avec les voix des eurodéputés d’extrême droite, de droite (le parti populaire européen PPE) et une partie des députés de centre droit et socialistes (S&D). De quoi déclencher l’ire des écologistes qui dénoncent ce traitement de faveur. Sur France Info, l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint a estimé que « c’est le symbole de l’injustice sociale et climatique. Dès que ça touche aux grandes entreprises ou à la consommation des plus riches, ça bloque. Idem pour le kérosène des avions et des yachts. Il faut une politique juste contre le dérèglement climatique ».
Pierre Leflaive, responsable transports du Réseau Action climat, y voit aussi « un mauvais signal ». Dans Libération, il s’interroge : « Sur qui veut-on réellement faire peser le poids de la transition écologique ? Pour rappel, les 10 % les plus aisés consomment 8 à 10 % de plus de carburant que les moins aisés. On a donc affaire à une petite partie de surpollueurs. Comment dire aux ménages les plus modestes, qui subissent la flambée des prix des carburants et doivent faire face à de nouveaux coûts importants pour effectuer cette transition, qu’on préserve les collectionneurs de voitures de luxe ? »
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