Monique est là, le combat continue
Le coeur broyé, nous apprenons la mort de Michel Pinçon.
Dit comme ça on se demande qui c’est. Il faut dire Pinçon-Charlot. Il faut dire Michel et Monique Pinçon-Charlot. Là, on comprend et on continuera de dire comme ça, en un seul mot, en un seul couple, en une seule histoire d’amour, en une seule et même lutte joyeuse pour l’émancipation humaine.
« Deux boiteux mais pas de la même jambe » comme ils nous ont dit pour se présenter la première fois qu’ils sont venus dans notre émission, il y a pas loin de trente ans. Elle, une fille de bourgeois, lui un môme de prolo et eux deux, devenus les intellos les plus populaires et les plus battants pour proposer à tous une boîte à outils pour démonter ce monde et en bâtir un autre. Pas moins. Le monde qu’ils ont démonté pièce par pièce, c’est celui des riches, celui de la grande bourgeoisie, un monde jusque là très peu étudié par les sociologues. Ils ont montré le système de réseau, d’allégeance et de solidarité qui soude le monde des dominants alors que la classe populaire, bien plus nombreuse pourtant, a perdu les liens qui l’unissaient. Bien peu de chercheurs « engagés » resteront aussi longtemps utiles à leurs semblables. « Il faut mener une lutte solidaire et joyeuse », disait Michel. Et Monique approuvait. Ou bien c’était le contraire, c’est elle qui le disait et lui qui approuvait. Des oiseaux inséparables, dites à la mort qu’elle n’y peut rien. Michel s’en va, Monique est là, le combat continue.
Salut Michel.
Daniel Mermet ; la-bas.org/