La Française de l’Energie veut accélérer l’exploitation du gaz de mine dans les Hauts-de-France
Les anciennes galeries du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais renferment environ 9 milliards de mètres cubes de gaz de mine. Plutôt que de le laisser s’échapper dans l’atmosphère, la Française de l’Energie le valorise. Le gouvernement semble favorable au développement de cette activité mais les autorisations préfectorales se font attendre.
Dans un contexte de crise énergétique engendrée par la guerre en Ukraine et de faible disponibilité du nucléaire, de nombreux Français sont contraints de se serrer la ceinture. Plusieurs milliers d’habitants de Béthune (Pas-de-Calais) abordent de leur côté la période des fêtes plus sereinement, puisqu’ils bénéficient depuis début 2021 d’une facture de chauffage environ 40% moins élevée que le reste des Français. Un écart qui s’explique par l’utilisation d’une source d’énergie locale et bon marché : le gaz de mine.
Tristement célèbre pour avoir causé la mort de milliers de mineurs, le grisou est un gaz qui s’échappe naturellement des quelque 110 000 kilomètres de galeries interconnectées de l’ancien bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, dont l’exploitation s’est achevée en 1990, quand la France a fait une croix sur son charbon. Composé à environ 50% de méthane, il s’avère particulièrement dangereux lorsqu’il se mélange à l’air, car il devient alors hautement inflammable. Pour réduire les risques d’explosion, l’Etat a installé plus de 70 évents de décompression dans la région. Placés au-dessus des vides miniers, ces derniers agissent comme une cocotte-minute, en relâchant le gaz en surface dès lors que le sous-sol monte en pression. 600 000 tonnes d’équivalent CO2 seraient évitées
Depuis l’autonome 2017, la Française de l’Energie intercepte une partie de ce gaz de mine, via sa filiale Gazonor, et le confie à son partenaire Dalkia afin qu’il soit transformé en chaleur ou en électricité. Pour Antoine Forcinal, le directeur général de cette PME d’une trentaine de salariés, l’intérêt de ce projet industriel est triple. « Le bassin minier contient environ 9 milliards de mètres cubes de gaz de mine [soit environ un cinquième de la consommation annuelle de la France, ndlr], qui finiront de toute façon par s’échapper dans l’atmosphère, assure-t-il. En captant ce gaz à la source pour le valoriser localement, nous réduisons l’empreinte carbone des Hauts-de-France, participons à sa souveraineté énergétique et redonnons in fine du pouvoir d’achat aux propriétaires des logements raccordés. »
Grâce à ses quatre puits situés sur les communes d’Avion, Divion et Lourches (Nord), Gazonor récupère chaque année une centaine de millions de mètres cubes de gaz de mine, sans avoir besoin de recourir à la fracturation hydraulique. Cette activité permet d’éviter l’émission de plus de 600 000 tonnes d’équivalent CO2, affirme la Française de l’Energie, ce qui correspond au bilan carbone annuel d’environ 70 000 Français. Mais l’entreprise ne compte pas s’arrêter là. Depuis 2018, elle demande à l’Etat de lui rétrocéder sept ouvrages de décompression supplémentaires, afin d’accélérer le développement de cette source d’énergie. Une requête jusqu’à présent restée lettre morte. L’exploitation du gaz de charbon lorrain au point mort
Entrée en vigueur en août 2021, une modification discrète du code minier a retardé les ambitions d’expansion de la Française de l’Energie. L’article L-174-2 précise que lorsqu’un nouvel exploitant désire utiliser des équipements de surveillance ou de prévention des risques transférés à l’Etat, il « reprend alors l’intégralité des responsabilités dévolues à l’Etat […] sur l’ensemble de la zone considérée » . Un transfert qui rendrait la société responsable en cas de mouvements de terrains ou de combustion des terrils par exemple. « Ce mode de fonctionnement est complètement inadapté au gaz de mine, il était impossible pour nous d’opérer dans ces conditions », regrette Antoine Forcinal.
Les défenseurs du gaz de mine seraient cependant sur le point d’obtenir gain de cause, le président Emmanuel Macron s’étant déclaré favorable à son extraction lors d’une interview diffusée sur France 2 fin octobre. Deux semaines plus tard, une ordonnance publiée au Journal officiel assouplissait les dispositions du code minier dans le cas du gaz de mine. Du côté de Gazonor et des communes de la région, qui attendent de pouvoir profiter de cette énergie fossile à bas coût, tout est prêt. Mais les autorisations préfectorales n’ont toujours pas été délivrées et le calendrier reste flou. « Ce blocage est incompréhensible, surtout dans ce contexte d’urgence climatique et énergétique, déplore le dirigeant. Pendant ce temps, les Hauts-de-France continuent à importer massivement du gaz de schiste américain, extrêmement polluant. »
La Française de l’Energie espère par ailleurs que l’Etat prendra également rapidement position sur un autre de ses projets, dans le bassin minier lorrain. Il s’agirait cette fois d’exploiter du gaz de couche de charbon, « le cousin du gaz de mine », tel que le décrit Antoine Forcinal. Pour le récupérer, il serait cependant nécessaire de forer le sol afin de créer une galerie artificielle de 15 centimètres de diamètre. Une démarche peu cohérente avec la loi Hulot de 2017, qui prévoyait l’interdiction de délivrer de nouveaux permis de recherche d’hydrocarbures sur le sol français. L’entreprise estime que le jeu en vaudrait néanmoins la chandelle, évoquant un potentiel compris entre « 100 et 200 milliards de mètres cubes de gaz » . Les élus écologistes de la région, qui craignent notamment une pollution des nappes phréatiques, précisent de leur côté que seuls 2,1 milliards de mètres cubes ont pour l’instant été certifiés.
Un article de L’usine nouvelle
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Commentaire
On a eu le charbon, le textile, la métallurgie, les voitures. Tout cela a fait finalement la misère de notre région.
On continue avec :
amazon
les voitures électriques à Cuincy
les batteries à Douvrin et Dunkerque
On ne se bat pas assez, ce qui fait que :
on est les meilleurs producteurs d’électricité éolienne en France
On a finalement une belle ligne Très Haute Tension entre Gavrelle et Avelin : 2 fois 400 000 volts
On va donc en rajouter avec le gaz de mine ; avec en perspective le gaz de couche ! Merci JP Kuchéida, ancien député, ancien maire de Liévin … l’ambassadeur de ce forfait.
Normal si on ne se bat pas ou pas assez !