Un document venu de Lorraine
Rapidement, la guerre en Ukraine a été déclarée longue, tandis qu’inflation et pénuries ont été annoncées précocement. Cependant, pas de rationnement des quantités par individus comme en temps de guerre, mais une poursuite du rationnement par les prix comme en temps de paix.
La structure des inégalités restant inchangée, l’effort de guerre repose alors principalement sur les pauvres, qui subissent des restrictions (1), mais il pourrait bientôt porter sur les « inactifs » comme les retraités.
C’est pourquoi les petites gens devraient exercer un droit de regard sur la guerre, car « La guerre c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas » (Paul Valéry), et considérer :
– que les sanctions contre la Russie sont inefficaces, la baisse des quantités importées étant totalement compensée par l’augmentation des prix, comme c’était prévisible : leur efficacité résiderait-elle dans leur seul résultat tangible, celui d’habituer les pauvres aux restrictions ?
– que les institutions européennes, comme la commission et sa présidente Ursula von der Leyen, ont incités les Etats européens à entrer dans le conflit en Ukraine, aujourd’hui en envoyant des armes offensives lourdes, sans débats ni considération pour les peuples, mais avec force propagande
– que le bourrage de crâne en faveur de la guerre est inédit mais comparable à 1914-15, augmenté par la technologie ; que les médias de l’ennemi sont interdits de diffusion ; qu’il est alors difficile de comprendre ses motivations, d’autant que les gens ne savaient pas qu’il y avait déjà la guerre depuis des années en Ukraine ; que les images de guerre diffusées en occident, sélectionnées par l’Otan – et ce depuis 1968 -, décuplées par le nombre d’écrans, attisent la diabolisation de l’ennemi et de son chef,
– que l’occident mène depuis le 21eme S. des guerres continuelles pour s’accaparer des ressources en Irak, Libye, Syrie, … et aujourd’hui Ukraine. Le capitalisme serait-il impérialiste par nature ? Ou bien est-ce parce que « notre mode de vie n’est pas négociable », même à l’ère de l’anthropocène ?
– qu’il y a dans l’Est de l’Ukraine un conflit de famille classique entre peuples autrefois frères, à
propos de territoires. Que les russes invoquent le droit des peuples et les ukrainiens l’intégrité territoriale, pour justifier leur intransigeance et leurs crimes partagés,
– que l’État Ukrainien, jeune et nationaliste, partisan d’une grande Ukraine, impose une ukrainisation forcée, y compris dans l’Est majoritairement russophile, laisse du pouvoir à des milices ultra-nationalistes, etc …. ; qu’une telle politique nationaliste de répression des minorités est manifestement contradictoire avec les valeurs européennes, pourtant invoquées pour armer l’Etat ukrainien,
– que la Russie à des minorités éparpillées dans d’autres Etats récemment devenus indépendants, dans des frontières tracées au temps du communisme, sans vraiment tenir compte des peuples ; que son économie reste imbriquée dans les Etats issus de l’ex URSS, comme l’Ukraine ; qu’elle dispose de ressources fossiles importantes source de convoitises, mais qu’elle est membre du conseil de sécurité de l’ONU et possède l’arme de dissuasion nucléaire, et qu’il faut en tenir compte,
– que l’Ukraine regorge de ressources agricoles et minières, avec notamment d’importantes réserves de charbon dans le Donbass en guerre – de tranchées – depuis 2014,
– que l’OTAN, l’organisation militaire la plus puissante, veut annexer l’Ukraine, officiellement depuis 2008,
– que l’UE, l’organisation économique la plus puissante, souhaite coloniser l’Ukraine, officiellement depuis 2013, pour en faire une zone de « friendshoring » (délocalisations de proximité),
– que les américains ont attisé le conflit en Ukraine, en investissant des milliards en amont – notamment dans un renversement de régime en 2013-2014 qui a déclenché les hostilités – pour en profiter en aval, aujourd’hui par exemple avec le gaz de schiste,
– que les trois revendications de la Russie – pas d’OTAN en Ukraine, reconnaissance de la Crimée et du Donbass – ne paraissaient pas inacceptables au point de d’expliquer une guerre, encore moins mondiale,
– que les occidentaux ne souhaitaient pas parvenir à un accord lors des négociations de Minsk, qu’ils ont refusés des référendums dans les parties contestées et ont réarmés l’Ukraine,
– qu’à la suite de défaites dans l’Est de l’Ukraine et à cause de négociations bloquées, la Russie a mis en question l’existence même d’un Etat ukrainien et a attaqué le centre de l’Ukraine, en se disant en état de légitime défense, et qu’il est prudent de l’entendre,
– que les Etat-Unis et l’Union européenne sont seuls à armer une des parties du conflit russo-ukrainien, car les autres pays du monde sont plus dubitatifs sur les raisons de ce conflit, et doutent des motivations des occidentaux,
– que la dimension idéologique reste faible, avec principalement un conflit pour les ressources entre deux types d’oligarchies capitalistes productivistes et prédatrices, présentant peu de différences, mais ayant de nombreux points communs, comme l’hubris et la démesure de leurs oligarques ou une lourde responsabilité dans la dégradation écologique en cours,
– que le principe du droit des peuples l’a souvent emporté, depuis la première guerre mondiale, contre celui de l’intégrité territoriale,
– qu’en l’espèce, une partition de l’Ukraine opérée sur la base du droit des peuples, avec des
référendums organisés par l’ONU et les parties dans les territoires contestés, reste une voie simple, pacifique et légitime, qui aurait déjà dû être empruntée.
Pourquoi les gouvernants européens engagent-ils leurs peuples dans une guerre largement évitable, déjà destructrice et meurtrière, et potentiellement dangereuse pour l’avenir de l’humanité ?
Quels blocages cognitifs, nationalistes, impérialistes ou de lobbies à lever pour parvenir à la paix entre les peuples ?
Nous appelons la population à manifester pour la paix contre ces blocages, et à signer des pétitions demandant l’arrêt d’envoi d’armes en Ukraine et l’arrêt des sanctions contre la Russie.
Non à leur récession guerrière, oui à une Décroissance pacifique
EPOC ( Ecologie, Pacifisme et Objection de Croissance)
(1) Tandis que les autres subissent les appels à la « sobriété » de ceux qui voulaient auparavant, sans vergogne, leur « donner envie d’être milliardaires ». A quand le « milliardaire sobre » ?