Les (mauvaises) idées du gouvernement démystifiées
Fin janvier, France Nature Environnement interpellait le Président de la République et le Président du Sénat quant au déni démocratique sur la question du choix de notre mix énergétique de demain. Depuis, le gouvernement poursuit son passage en force en prenant une série de décisions risquées et de façon non-concertée.
La fusion de l’IRSN et de l’Asn fragilisera la recherche et l’expertise
Un Conseil de Politique Nucléaire s’est tenu le 3 février, ignorant une fois de plus, le débat en cours sur le nucléaire. A son issue, la Ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher annonce que « les compétences techniques de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) seront réunies avec celles de l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) ».
Pourquoi c’est une mauvaise idée ?
- Depuis 20 ans, l’IRSN endosse le rôle de chercheur et consolide les connaissances en matière de sûreté nucléaire. C’est également un expert auprès des pouvoirs publics auprès desquels il rend régulièrement des avis sur les risques nucléaires.
- De son côté, l’ASN réglemente les activités nucléaires civiles en France et contrôle ces activités en s’appuyant notamment sur les travaux de recherche indépendants réalisés par… l’IRSN !
Ce projet de fusion va donc à l’encontre de l’indispensable indépendance entre la recherche et la décision. L’affaire du sang contaminé a d’ailleurs rappelé l’importance de cette distinction dont plusieurs organismes de veille sanitaire sont issus.
Cette fusion semble avoir été réalisée sans aucune concertation avec les salariés de l’IRSN, comme le démontre l’appel à la grève de l’ensemble des syndicats. Ces deux organisations essentielles pour notre sécurité ont été plongées dans l’inconnu : quel avenir pour la recherche et l’expertise au sein de ce regroupement, qui sera sans doute soumis à des contraintes budgétaires ? Que deviendra le dialogue avec la société civile, absent au sein de l’ASN ?
Depuis le début du quinquennat, le gouvernement presse les institutions pour lancer son nouveau programme nucléaire, en témoigne l’examen du projet de loi sur l’accélération du nucléaire par le Parlement, alors même qu’un débat public sur le sujet est en cours. Cette fusion s’inscrit dans cet entêtement qui se révèle coûteux pour notre démocratie et notre sécurité.
Nos propositions : interpeller les élu·es
Le gouvernement souhaiterait inclure un amendement actant cette fusion au sein de son projet de loi sur l’accélération du nucléaire.
Nous appelons les députés et sénateurs à refuser cette fusion et à voter contre cet amendement. La décision est trop grave et ses implications sont trop importantes pour que ce soit décidé ainsi par amendement.
Le recours au livret A des français pour financer le nucléaire : une catastrophe économique annoncée
Pourquoi c’est une mauvaise idée ?
Le Ministère de la Transition Ecologique confirmait récemment dans la presse étudier le recours à une partie du livret A pour financer le nucléaire.
- Historiquement, le livret A est investi dans les politiques de renouvellement urbain et la construction de logements sociaux. Le financement du programme nucléaire se ferait donc au détriment des politiques sociales !
- Cette hypothèse traduit les difficultés de l’Etat à solutionner le coût exorbitant du nucléaire. EDF estime le coût de six nouveaux EPR à 51,7 milliards d’euros, sans compter les coûts liés au retard des chantiers, qui deviennent monnaie courante (Flamanville, Olkiluoto en Finlande, Taishan en Chine…). Trouver une telle somme, pour financer de nouveaux réacteurs dont on ne sait pas s’ils fonctionneront, est une aberration. Parce qu’il s’agirait d’un investissement trop peu rentable pour les investisseurs privés, l’Etat envisage donc d’utiliser l’épargne des Françaises et Français pour une énergie qu’ils n’ont pas choisi et au détriment du logement social. Une pierre de plus dans la confiscation du débat sur l’énergie.
Nos propositions : promouvoir une réelle transition énergétique
S’il est évident pour FNE que l’hypothèse du recours au Livret A doit être écartée, c’est en fait tout l’enjeu du financement des projets nucléaires qui doit être mis au centre des discussions.
Face à cette catastrophe économique qui s’annonce, c’est le choix d’un mix énergétique composé à 100% d’énergies renouvelables en 2050 qui doit être fait. Plus sûres, moins chères, plus rapides à développer et facilement appropriables par les citoyens, les énergies renouvelables répondent aux enjeux climatiques et démocratiques.
Les amis de la terre
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Pour aller plus loin
- Télécharger notre Essentiel de la Transition Energétique
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Consulter notre dossier Nucléaire : petit kit de survie aux arguments de la filière