Dans le quartier Saint-Sauveur
Rétro-pédalage sur la fosse de plongée
Contrairement à ce qu’a annoncé Damien Castelain aux élus métropolitains, la fosse de plongée du projet Saint-Sauveur n’est pas abandonnée. C’est ce qu’assure la MEL auprès du tribunal administratif, dans son Mémoire en défense envoyé à l’Association pour la Suppression des Pollutions Industrielles (ASPI), l’asso qui conteste le volet « Loi sur l’eau » du projet Saint-Sauveur.
Rappel : après le jugement du 14 octobre 2021, la MEL doit préciser son étude sur l’eau pour la re-présenter devant les citoyens en juin-juillet 2022, et en faire reconnaître l’intérêt général par le conseil métropolitain le 7 octobre suivant.
Poussé au train par Martine Aubry le matin même du vote, Damien Castelain déclare devant les conseillers métropolitains qu’il abandonne la fosse de plongée. Elle serait finalement trop chère et trop dispendieuse en eau et en énergie. « Ce projet-là est abandonné », insiste-t-il deux mois plus tard au sujet du complexe aquatique. « Le positionnement de la ville de Lille a fait tomber l’appel d’offres, qui devra être relancé. » Retour à la case départ, se dit-on [1]. Dans son mémoire en attaque adressé au tribunal, l’ASPI ne fait d’ailleurs que prendre au mot Castelain : « l’abandon de la fosse de plongée entraîne la caducité de tout le projet ». Mais aujourd’hui, patatras, dexième retournement de situation :
« L’ASPI déduit de cette assertion inexacte que le public aurait dès lors été informé, et consulté, sur un projet caduc, de sorte que la participation du public […] aurait été irrégulière. Il n’en est rien. »
Les citoyens puis les élus s’étant exprimés à propos d’un projet – et d’un budget – qui n’existent plus, il faudrait logiquement refaire toute la procédure : étude, consultation, vote, etc. Or, le projet n’a pas bougé, l’avocat de la MEL le martèle :
« Si l’abandon de la fosse de plongée a été évoqué, par M. le Président de la Métropole Européenne de Lille, lors des débats oraux précédant l’adoption de la délibération […], l’abandon de la fosse de plongée n’a pas été décidé, en l’absence de quelque acte juridique en ce sens. […] Le Conseil n’a ni pris acte, ni donné acte, ni décidé l’abandon de la fosse. »
Il n’y a donc pas lieu pour l’ASPI, et le juge, de soulever des irrégularités, « Le projet de ZAC […] est ainsi le même que celui, déclaré d’intérêt général, puis autorisé au titre de la loi sur l’eau. » La fosse est toujours au programme, l’appel d’offres n’est pas caduc, le projet suivrait son cours serein.
On ne sait quelle culbute opère Damien Castelain. Mais si au lieu d’une aventure hasardeuse on lui accorde une stratégie machiavélique, on peut penser qu’il défend un projet inchangé pour ne pas le voir annulé par le juge – il aura tout le loisir d’abandonner la fosse plus tard, une fois le complexe aquatique et l’entièreté du projet Saint-Sauveur validés par le tribunal.
Pendant ce temps, le déficit de pluie entraîne les nappes phréatiques et les cours d’eau vers leurs plus bas niveaux en cette période de l’année.
Notes
[1] La Voix du Nord le 16 décembre 2022.