Drame de Nanterre 

Nahel est très défavorablement connu des chaînes info

CHRONIQUE “MA VIE AU POSTE” – Après la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre, les chaînes info s’emploient à criminaliser la victime. Les journalistes suggèrent que le jeune homme “connu des services de police” participait à un rodéo, qu’il était armé, que sa voiture était trop puissante pour être honnête… Florilège d’insanités journalistiques.

«Un automobiliste a été tué dans les Hauts-de-Seine par un tir de police », annonce Bruce Toussaint. Il est 10h48, ce mardi 27 juin, BFMTV est la première à évoquer le drame. « Il s’agit d’une nouvelle affaire de refus d’obtempérer. » La cheffe du service police-justice est convoquée en plateau. « Selon des sources policières qui devront être confirmées, les policiers ont essayé de contrôler ce véhicule parce qu’il venait de commettre plusieurs infractions au Code de la route. Selon la version des policiers, le conducteur a foncé sur un policier qui tentait de l’arrêter. » Cécile Ollivier prend soin de préciser qu’elle ne dispose que de sources policières. « Ce policier a sorti son arme, a tiré une fois et le véhicule est allé s’encastrer dans un poteau. Le conducteur a été atteint à la poitrine, il est mort. » Pour rester « première sur l’info », comme le clame son slogan, BFMTV choisit donc de relayer une version policière sans prendre la peine de la vérifier.

Cécile Ollivier s’empresse d’accabler la victime, toujours sans avoir vérifié l’information : « Il était très connu de la police, notamment pour conduite sans permis. » Il a donc bien mérité d’être tué. À l’écran est placardé le résumé des « faits », avec une minuscule mention « source policière » : « Un policier se met à l’avant pour le stopper. Le conducteur lui fonce dessus, le policier tire une fois. Le conducteur, 17 ans, très connu des forces de l’ordre, décède. » Fidèle à son journalisme de préfecture, BFMTV confirme qu’elle n’est pas une chaîne d’information mais un organe de communication des autorités et des syndicats de police.

À 13h50, première apparition à l’antenne de la vidéo qui contredit la version policière. Cela n’empêche pas l’envoyée spéciale à Nanterre de continuer à relayer ladite version : « A priori, le conducteur a commis plusieurs infractions au Code de la route. » Une nouvelle fois, la victime est criminalisée : « Ce conducteur était connu au niveau de la justice pour notamment plusieurs refus d’obtempérer, pour usage de stupéfiants et aussi pour conduite sans permis. » Quand on vous dit qu’il l’a bien cherché. « Par contre, la famille nous dit que c’était un jeune sans histoire. » Oui mais on ne peut pas se fier à la famille, elle est forcément de parti pris – alors que les policiers, eux, ne se départissent jamais de leur objectivité.

« Des habitants nous disent que ce jeune homme a été mis à mort, tout ça à cause d’une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux. » Il faudrait empêcher les vidéos de circuler sur les réseaux sociaux. Ou, mieux, interdire de filmer les policiers comme le souhaitait Gérald Darmanin avec la loi Sécurité globale. Une vidéo, selon la journaliste, « où on voit une situation pas très claire… » Rappelons qu’à Nanterre le jour ne se lève pas avant 11 heures du matin. « Des policiers qui sont plutôt sur le côté du véhicule et lorsqu’il redémarre, il n’y a pas de policiers devant le véhicule. » Ce n’est pas clair du tout.

La présentatrice félicite la cheffe du service police justice : « Vous vous êtes procuré une vidéo. » Disponible sur les réseaux sociaux. Cécile Ollivier rappelle les faits : « Le véhicule redémarre et à ce moment-là le coup de feu est parti. » Tout seul, sans doute sous l’effet de la gravité. Une heure plus tard, la présentatrice demande à un autre journaliste : « Alors, que sait-on sur le profil de ce jeune conducteur ? » Son seul profil permet d’évaluer s’il mérite la mort. Matthias Tesson répond : « Il est connu des services de police, notamment pour conduite sans permis et pour refus d’obtempérer. » C’est bon, il était légitime de lui tirer dessus à bout portant. Et peu importe si son casier judiaire était vierge, comme le précisera l’avocat de la famille un peu plus tard. Un peu de pub, du duel Poutine-Prigojine et, à nouveau, la présentatrice questionne : « Que sait-on du jeune de 17 ans qui a été tué ? — Qu’il est relativement connu des services de police, notamment pour conduite sans permis et refus d’obtempérer. » Avec tous ces refus d’obtempérer répétés, il était fatal que ça finisse par mal tourner.

« Priorité au direct », voici Gérald Darmanin en direct de l’Assemblée. « Dans de très nombreux cas, des policiers et des gendarmes sont morts de refus d’obtempérer. Dans de très nombreux cas, il ne s’agit pas de le mélanger avec celui de ce matin, ce sont des familles de policiers et de gendarmes qui pleurent leurs enfants. » Il ne s’agit pas de mélanger avec le cas de ce matin mais, si les policiers ne tirent pas, leurs familles risquent de pleurer leur mort. En plateau, le journaliste Thomas Soulié, très attentif aux propos du ministre, insiste : « Il rappelle qu’il y a eu moins de tirs mortels depuis 2017. » Une déclaration mensongère qu’il est important de répéter plutôt que de vérifier — et de graver sur un bandeau qui va tourner toute la soirée.

Ça fait au moins trente minutes que ça n’a pas été rappelé, Matthias Tesson s’en charge : « Ce mineur est connu des services de police, notamment pour conduite sans permis et refus d’obtempérer. » Un envoyé spécial confirme : « Ce jeune était très défavorablement connu des services de justice, notamment pour des faits de conduite sans permis ou encore de refus d’obtempérer. » Dans un souci d’objectivité, Alain Marschall demande : « Que dit-on côté policier, quelle version donne-t-on ? — Selon les policiers, le véhicule impliqué avait commis plusieurs infractions au Code de la route. » Et son conducteur était connu des services de police selon lesquels il était connu des services de police. On se demande pourquoi il a fallu attendre ce mardi pour le tuer.

Les fuites organisées par les autorités policières nécessitant d’être corroborées, le préfet de police est l’invité d’honneur de BFMTV. « M. Nuñez, on est face à une bavure ? — Nous effectuons des contrôles pour lutter contre les infractions routières, et donc les rodéos urbains. Ils [les policiers] ont dans ce cadre-là repéré un véhicule qui avait commis un certain nombre d’infractions. » Tout s’explique, le véhicule participait à un rodéo urbain, d’où la nécessité d’occire son conducteur. Alain Marschall est rassuré : « Ce n’est pas une bavure, ce n’est pas une bavure. » Olivier Truchot évoque « cette vidéo, elle fait le tour des réseaux sociaux ». Et de l’écran de BFMTV. Sans le son (au contraire de celle d’Annecy), ce qui permet d’escamoter les paroles des policiers : « Shoote-le ! — Je vais te mettre une balle dans la tête ! » Laurent Nuñez précise : « Quand on regarde une vidéo hors contexte, évidemment, on est interpellé, on peut être choqué. » Mais quand on connaît le contexte, on convient que le conducteur mérite la mort.

Le préfet de police tient à rappeler le mensonge de son ministre : « Je tiens à rappeler que depuis 2017, y a pas eu une augmentation des usages d’armes administratives. » Une nouvelle fois, aucun journaliste ne le corrige. Au contraire, Olivier Truchot juge opportun d’ajouter : « En revanche, y a eu une augmentation du refus d’obtempérer. » Interrogé sur le profil du tireur, Laurent Nuñez répond : « C’est un fonctionnaire qui a 38 ans, il est lui-même très choqué. » Je propose l’organisation d’une marche blanche en hommage à la victime choquée d’avoir tué un adolescent. Le préfet ajoute : « J’ai suffisamment montré ma fermeté en matière disciplinaire et en matière de déontologie. » Olivier Truchot lui rétorque que le policier responsable du meurtre de Cédric Chouviat est toujours en fonction… Nan, je déconne. Ce serait une faute professionnelle pour un journaliste de BFMTV de contredire un préfet de police.

Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille de Nahel, est à son tour interrogé par Alain Marschall : « Au moment où la voiture redémarre, il [le policier] se sent peut-être coincé contre le mur ? » C’est un scoop de BFMTV : la voiture du défunt était doté d’un dispositif de propulsion très original qui lui permettait d’effectuer des déplacements latéraux pour écraser des policiers contre les murs. L’avocat nie farouchement cette évidence, Olivier Truchot doit donc insister : « Vous ne croyez pas à la sincérité de ces policiers qui peut-être se sentaient menacés par ce véhicule qui les avait coincés, en quelque sorte, contre le mur ? » Aucun doute, si le fonctionnaire n’avait pas tiré, il finissait écrabouillé contre le mur.

Alain Marschall s’indigne : « Mais pourquoi a-t-il redémarré ? » L’avocat élude lâchement : « On ne sait pas mais la loi ne permet pas de tirer sur quelqu’un qui démar… » Olivier Truchot l’interrompt : « D’accord, mais il avait pris un risque en refusant d’obtempérer. » Le risque de mourir par balle, la peine encourue en cas de refus d’obtempérer, selon le Code pénal. Cela fait au moins dix minutes que l’information n’a pas été rappelée, aussi Olivier Truchot précise : « Visiblement, ce jeune homme était très défavorablement connu des services de police et de justice. » Puis Alain Marschall interroge Matthias Tesson : « Que sait-on du profil de ce jeune homme ? — On sait qu’il est connu des services de police, notamment pour conduite sans permis et pour refus d’obtempérer. » Il se confirme que du matin au soir et du 1er janvier au 31 décembre, l’activité principale du défunt était la pratique du refus d’obtempérer.

Olivier Truchot révèle : « Le maire a mis à disposition de la police les images des caméras de vidéosurveillance, parce que là on n’a que la fin de l’histoire. » Le début prouvera que la fin était justifiée. Le présentateur calcule : « En 2021, 27 600 refus d’obtempérer et 157 usages d’armes, donc y a un ratio extrêmement faible. » Seulement treize tués dans ces circonstances l’an dernier et une multiplication par cinq du nombre de tués dans des véhicules en mouvement par des policiers après la loi de 2017, les ratios sont excellents.

Benjamin Duhamel déplore : « On voit bien que la Nupes a décidé de politiser ce qui s’est passé. » Comme si un décès causé par un policier pouvait avoir la moindre signification politique. Son tonton Alain débarque en plateau. « Il y a une instrumentalisation politique des drames, c’est choquant », se désole l’éditorialiste de la chaîne qui s’empresse d’inviter Éric Zemmour après les meurtres d’Annecy. « Un policier, dans un cas comme ça, il improvise totalement, à toute vitesse, ça se passe en accéléré sans avoir conscience du risque, c’est une affaire de réflexe. » On ne peut pas reprocher à un policier le réflexe de tuer. Olivier Truchot analyse : « Je ne dis pas que ce jeune homme participait à un rodéo sauvage mais a priori il était quand même à bord d’un véhicule puissant. » Il faudrait exécuter préventivement tous les conducteurs de véhicules puissants. Enfin, seulement s’ils sont basanés.

Yves Calvi désespère : « Il est légitime qu’il y ait un débat mais il ne se fait pas sereinement. » C’est dingue, on ne peut plus tuer sereinement sans que cela provoque des débats animés. « Par définition, ce véhicule n’a pas à redémarrer puisqu’il fait l’objet d’une arrestation des policiers. » Par définition, le conducteur encourait la peine de mort. Le présentateur analyse la vidéo : « On voit qu’un policier a un bras dans la voiture, qui est sans doute le bras armé mais là aussi on continue de se perdre en conjectures. » Peut-être le conducteur a-t-il saisi le bras armé pour le retourner contre lui et se suicider. Laurent Neumann interroge : « Est-ce qu’on a tous les faits, qu’est-ce qui s’est passé avant ? » Un rodéo sauvage causant la mort d’une vingtaine de passants innocents ? « Qu’est-ce qu’ils se sont dit ? » Peut-être Nahel a-t-il traité le policier de « patate », ce qui justifierait le tir mortel.

Bruno Pomart fait bénéficier BFMTV de son expérience d’ancien policier. « Il faut se remettre dans le contexte et avoir tous les éléments constitutifs. » Les éléments du rodéo meurtrier qui venait de se produire. « On a vu un policier qui pointe cet individu mais que s’est-il passé dans la voiture ? » Peut-être ses passagers étaient-ils en train d’égorger un enfant. « Les trois individus sont connus des services de police. » Tous les trois ? Il est scandaleux qu’un seul ait été tué. « C’est pas une surprise, généralement ce sont toujours des individus connus des services de la police qui sont dans ce type d’infraction. » Des individus qui l’ont bien cherché en plus d’être généralement basanés. « Que faisaient-ils à l’intérieur ? » Égorgeaient-ils plutôt une vieille dame ? « Le policier qui a fixé l’intérieur de la voiture a peut-être vu une arme. » Peut-être l’arme s’est-elle enrayée, ce qui a sauvé la vie du malheureux policier.

La légitimité du meurtre de Nahel ayant été établie par BFMTV, je zappe sur CNews. Laurence Ferrari : « On va essayer d’y voir clair sur ce qui s’est passé à Nanterre ce matin. » La journaliste Sandra Buisson l’éclaire immédiatement : « Ce jeune de 17 ans était connu de la justice, notamment pour refus d’obtempérer. » Les versions concordent. Pour prendre du recul, la présentatrice interroge un syndicaliste policier : « Commissaire Valet, vous êtes policier de terrain, vous savez la difficulté d’exercice de cette fonction aujourd’hui. » Qui explique la mort de conducteurs connus de la justice. L’invité explique : « L’article 435 tiret 1 voté à la va-vite en 2017 est une usine à gaz pour les policiers, et c’est pour ça qu’on dit que la présomption de légitime défense serait beaucoup plus simple, plus claire. » L’article qui permet de tirer sans discernement est trop restrictif, il est urgent d’offrir plus de latitude aux policiers pour éviter de nouveaux drames. C’est d’ailleurs ce que réclame le Rassemblement national.

Laurence Ferrari exige de Matthieu Valet la vérité (policière). « Que s’est-il passé d’après les informations de vos collègues sur le terrain ? — C’est malheureusement le lot de toute intervention de police. » D’aboutir à un tir mortel. « Puisqu’il y avait eu un refus d’obtempérer, c’est la procédure, un des deux policiers met en joue le conducteur du véhicule. » Cet élément de procédure m’était inconnu, il fallait un véritable expert pour le rappeler. « Les policiers disent que lorsqu’ils ont voulu interpeller le conducteur, il a aussitôt redémarré parce que malheureusement le feu rouge a concordé avec le feu vert lorsque celui-ci a redémarré. » Tout s’explique : le coup de feu est dû à une mauvaise synchronisation des feux tricolores.

Matthieu Valet précise : « Ces policiers essaient de sauver leur vie et celle des autres du mieux possible. » Manque de chance, c’est celle des autres qu’ils enlèvent par inadvertance. « Malheureusement, 25 822 refus d’obtempérer en 2022, c’est colossal. — C’est colossal, insiste Laurence Ferrari. C’est un toutes les vingt minutes. » Même si cette statistique inclut les délits de fuite des conducteurs qui ont abîmé un rétroviseur. Le policier détaille le profil de Nahel : « Il est habitant de la cité Pablo-Picasso. » Il aggrave son cas, cette cité est très défavorablement connue des services de police. « Il avait déjà commis un refus d’obtempérer samedi dernier, alors moi j’utilise pas le passif d’un individu pour justifier une action de police mais quand on est habitué des refus d’obtempérer, c’est que le sens de la vie de soi-même et de la vie d’autrui importe peu. » Et qu’on est prêt à mourir. Finalement, le policier qui a tiré lui a rendu service. « Quand on commet un refus d’obtempérer en France, on peut tuer des gens. » Il est donc préférable d’être tué au préalable.

Louis de Raguenel, éditorialiste, s’émeut : « Ce qui est terrible, c’est qu’il y ait l’exploitation d’un drame. Un mineur a perdu la vie, je pense que les policiers aussi sont eux-mêmes dans un état qui doit pas être très agréable. » Par respect pour la douleur des policiers, les politiques devraient s’abstenir de tout commentaire. « Ce qui est terrible, c’est la surpolitisation de tous ces sujets-là. Et c’est toujours à géométrie variable quand il s’agit de la gauche. » Il a raison. Avec la droite, la géométrie n’est pas variable, l’indignation est réservée aux délinquants dont le nom possède une consonance étrangère (mais pas scandinave). « Dès qu’il y a la moindre suspicion d’un mauvais comportement, toute la gauche tombe sur la police, fait un amalgame entre un dérapage et l’usage des armes dans la police. Objectivement, ça n’a rien à voir. » Si les policiers tuaient avec des armes, ça se saurait.

Sandra Buisson détaille la suite de la procédure : « Au-delà de la vidéo, il va falloir voir l’autopsie de ce jeune homme…  » Peut-être est-il mort d’une insuffisance rénale, comme Malik Oussekine. « … L’analyse balistique… » Peut-être la balle a-t-elle ricoché sur le levier de vitesse et s’est malencontreusement fichée dans le thorax de Nahel. « … Voir ce que ce conducteur a fait avant… » Peut-être a-t-il assassiné deux vieilles dames qui passaient par là. « … Ce qu’il y avait dans la direction de fuite de la voiture… » Peut-être une classe de maternelle en train de traverser la route. « … Y avait-il une arme dans la voiture ? » Un fusil d’assaut ? Un lance-roquette ? Une bombe thermonucléaire ? « Ce n’est pas forcément ce que, nous, on voit d’une vidéo, c’est aussi ce que le policier savait au moment où il prend la décision de tirer. » Il savait qu’il devait tirer. « C’est pour ça qu’on ne diffuse pas la vidéo, s’empresse Laurence Ferrari, on met des images arrêtées, comme ça on laisse le temps à l’enquête de se dérouler. » CNews fait preuve d’un sens de la déontologie sur lequel BFMTV devrait prendre exemple.

Laurence Ferrari craint que le drame provoque des réactions à Nanterre : « On connaît l’inflammabilité de ces quartiers. — C’est la grosse potentialité de risque lorsqu’on a affaire à ce type d’épiphénomène dramatique, convient l’essayiste Sabrina Medjebeur. C’est-à-dire le risque d’inflammation des personnes qui habitent ces quartiers par justement réflexe anthropologique de vengeance, de revanche et de mort. » Anthropologiquement, ces gens sont des animaux, ils ne réfléchissent pas, ne sont capables que de réflexes meurtriers. « Y a toujours dans ces tropismes sociologiques de guerre de territoires, où des gens qui habitent dans ces quartiers vivent dans l’impunité totale, le risque de coalition du phénomène de bandes. » Ces sauvages vivent en groupes dont il est à craindre qu’ils se coalisent contre nous, les humains. « Étant sociologue, ayant beaucoup travaillé sur ces sujets, je pense que le risque n’est pas léger. » CNews fait honneur à la sociologie (de la faune sauvage).

Éric Revel intervient : « Dans cette ville que je connais très bien, y a du trafic de drogue même en pleine journée. » C’est un miracle si des dizaines de jeunes ne sont pas tués chaque jour par des policiers. « Mais les images sont quand même choquantes. — On va les diffuser mais floutées, concède Laurence Ferrari. — Mais est-ce qu’il y a une arme à l’intérieur de la voiture ? Il faut être extrêmement rigoureux. » Il faut attendre de savoir quel était son calibre et combien de coups de feu ont été tirés contre les policiers. Louis de Raguenel continue de se lamenter : « La politisation de ces sujets-là peut mettre le feu. » Alors que les circonstances du décès de Nahel avaient tout pour parachever en beauté les cent jours d’apaisement promis par notre président.

Un petit tour sur LCI pour entendre l’édito de Jean-Michel Aphatie : « Le conducteur était connu des services de police. » Sur CNews, Christine Kelly précise : « Le jeune homme était connu des services de police pour braquage, trafic de drogue, détention d’armes à feu, conduite sans permis… » Et pour crime de guerre, non ? « Mais fallait-il pour autant tirer, se demandent certains ? » Ou laisser en liberté un criminel assoiffé de sang ? « Fallait-il protéger les passants de ce refus d’obtempérer ? » Ou les laisser se faire écraser par milliers ? « Peut-on parler de récupération politique de la gauche ? » Peut-on ne pas parler de l’absence de récupération politique de la droite ?

Dimitri Pavlenko, éditorialiste, appelle à la prudence : « On n’a qu’un point de vue, évidemment. » Celui d’une caméra anti-flics. « Vous n’avez pas non plus le son et l’image. » Puisque CNews ne les diffuse pas. « Vous ne savez pas ce qui se passe précédemment. » Si : un rodéo sauvage, un braquage, le massacre de la Saint-Barthélémy et le génocide cambodgien. « Je vais pas insister sur le pedigree du jeune homme, il est mort. » Christine Kelly approuve : « On sait qu’il était très défavorablement connu des services de police » Mais on ne va pas insister sur un pedigree qui justifie sa mort. Charlotte d’Ornellas confirme : « Ce gamin refuse d’obtempérer avec un casier déjà long et très connu des services de police. » L’ancienne journaliste de Valeurs actuelles fait preuve d’une rigueur journalistique qui lui vaut son embauche par le JDD. « Y a peut-être un moment où c’est le sauver aussi que de réinstaurer une autorité très claire dans le pays. » Pour sauver un jeune, il suffit de le tuer.

Le lendemain, mercredi, l’avocat Jean-Pierre Mignard critique sur BFMTV la loi de 2017. Olivier Truchot se récrie : « Mais si le jeune conducteur faisait un rodéo sauvage depuis deux heures dans les rues de Nanterre ! » Avec sa voiture à déplacement latéral conçue pour écraser un maximum de personnes contre les murs. Alexandra Gonzalez rappelle les treize tués en 2022 lors de refus d’obtempérer, Olivier Truchot remarque : « Par rapport aux refus d’obtempérer, le ratio est assez faible. » Par rapport au drame survenu à Nanterre, le ratio de monstruosités proférées sur les chaînes info est incommensurable.

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