Norman Finkelstein et la question de Gaza
https://www.youtube.com/watch?v=4PIpkgow-0Q
32 minutes qui’il faut regarder absolument
Norman Finkelstein, est le fils de juifs survivants du ghetto de Varsovie. C’est un politologue américain.
** **
Gaza et nous
Pour bien comprendre de quoi Gaza est le nom, et donc pourquoi aussi bien Ruffin que Mélenchon, Macron, Darmanin, Le Pen et Cie, comme d’habitude, ne font que promouvoir leurs égos respectifs en nous débitant, chacun dans sa tonalité propre, les mêmes platitudes et balivernes ignorantes, sur le ton et dans le registre qui complaisent à leurs publics respectifs,il faut donc s’adresser à des personnalités totalement extérieures à notre landernau d’exception culturelle franchouillarde. Des gens qui savent de quoi ils parlent. Des gens comme Norman Finkelstein par exemple ..
Pour en savoir plus -notamment sur Ruffin et les insoumis, ET sur le coup déclat stratégique en Palestine, il faut lire ceci :
https://www.librairie-tropiques.fr/2023/10/de-quoi-gaza-est-il-le-nom.html
** **
Puisqu’il paraît qu’il faut s’exprimer sur le sujet !
Ce serait donc devenu un crime de ne rien dire et il nous est fait injonction de nous exprimer. Pendant ce temps, des bataillons de commentateurs sont invités à délirer en direct à la télévision ou à la radio jetant ainsi de l’essence dans l’incendie. Alors puisqu’il faut parler. Parlons…
* *
Parlons pour dire ;
- Qu’on ne peut même pas imaginer la douleur des proches des victimes d’un attentat comme celui qui a été perpétré en Israël. Et encore moins la terreur des familles des otages. Et que, du coup, on a parfois envie de rester en silence. Et de ne rien s’imaginer du tout.
- Qu’on ne peut non plus ressentir à quoi ça ressemble de regarder ses enfants crever de faim dans le plus grand ghetto du monde où près deux millions et demi de pauvres gens croupissent dans un désespoir absolu. Ni ce que l’on ressent quand un tapis de bombes vous tombe dessus alors que vous êtes pris au piège avec eux.
- Que dans le face à face entre les fous de dieu du Hamas et sa « version juive » (selon le courageux Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France) des ultra-orthodoxes messianiques et suprématistes soutenant l’actuel gouvernement israélien, on ne peut attendre que du sang et des larmes.
- Que le Hamas, comme chacun le sait aujourd’hui, a été fondé en 1987 et a été immédiatement aidé par Israël dans son développement initial pour en faire un concurrent de l’OLP.
- Que les grandes puissances qui ont parrainé les accords d’Oslo ont laissé les deux parties dans un tête à tête qui ne pouvait que mal tourner, comme le racontent aujourd’hui les négociateurs des deux bords.
- Qu’on peut évidemment se demander pourquoi un peuple désire à nouveau habiter un bout de terre dont les lointains ancêtres sont partis il y a vingt siècles et qu’à la fois, on comprend, vu l’antisémitisme viscéralement enraciné parfois de la manière la plus perverse dans la discrétion des sous-entendus, dans toutes les parties de la société, même chez les plus instruits, même dans le monde artistique, que les Juifs et Juives se sentent rassurés d’avoir au loin une terre qui pourrait les accueillir au cas où…
- Que cette terre était entre temps habitée par de pauvres gens qui n’avaient rien demandé à personne.
- Que si tant de Juifs et de Juives se sont retrouvés au Proche-Orient, au sortir de la seconde guerre, parfois dans des circonstances atroces, c’est que certains pays européens étaient trop contents de se débarrasser d’un problème, alors qu’ils avaient parfois participé eux-mêmes à les envoyer par trains entiers vers les fours crématoires. Et que la France était trop ravie d’accélérer le mouvement pour gêner la Grande-Bretagne pour qui la gestion du Proche-Orient devenait alors un casse-tête.
- Qu’en visitant la Cisjordanie, j’ai vu à Hébron des trottoirs interdits aux Arabes.
- Qu’au même endroit, des juifs ont été massacrés par des Palestiniens au début du XXe siècle
- Qu’en visitant la Cisjordanie, j’ai entendu des Palestiniens me raconter des histoires de leurs grands-parents, du temps où Juifs et Arabes vivaient en bonne entente.
- Qu’il y a toujours en Israël des Juifs religieux qui refusent d’être Israéliens et se réfèrent à cette époque où ils vivaient en paix.
- Que ma visite en Cisjordanie a été guidée par des Israéliens et des Israéliennes dégoûtées de la politique de leur pays et qu’ils n’avaient pas de mots assez durs pour la dénoncer. Et que je pense souvent à eux et à elles.
- Et que je ne pense pas que j’aurais leur courage.
- Que dans les camps de réfugiés du Liban, j’ai vu la misère absolue des Palestiniens et des Palestiniennes continuant de survivre exactement au même endroit où, il y a bientôt un siècle, la Croix-Rouge internationale leur avait dressé des tentes à la sauvette alors qu’ils fuyaient un nettoyage ethnique à coup de massacres dans ce qui deviendrait Israël, peu de temps après.
- Qu’un guide israélien désespéré par la politique de son pays m’a montré l’un des lieux de ces massacres.
- Que les Palestiniens du Liban continuent de vivre maintenus, pour la majorité, cloitrés dans des « camps » comme une bombe à retardement.
- Que l’entreprise qui a eu l’idée d’organiser un « festival » à quelques jets de pierre du plus grand ghetto du monde où près de deux millions et demi de pauvres gens crèvent de misère sans eau potable facilement disponible pour 90% d’entre eux et elles, a eu là une idée saugrenue. Pour être gentil…
- Que les querelles picrocholines des élus français à propos du conflit ne font honte qu’à ceux qui les nourrissent et à celles et ceux leur tendent le micro.
- Que mes amis Juifs et Juives qui sont autant dégoûtés par un hideux attentat massif contre des Israéliens que par le bombardement de populations civiles innocentes me disent qu’ils et elles n’oseraient pas le dire publiquement de peur de se faire traiter de Nazis.
- Que la droite de la droite et l’extrême droite avec qui on la confond de plus en plus, détestent tellement les Arabes qu’elles parviendraient à nous faire oublier à quel point elles ont toujours détesté les Juifs. Et que j’ai le plus grand mal à penser que ce n’est plus le cas.
- Que l’interdiction de toute manifestation soutenant le peuple palestinien ne va qu’exacerber l’idée que cette opinion est proscrite et que, par ricochet, ce sont les Juifs et Juives de France qui sont poussés ainsi en première ligne pour en payer le prix. Entraînant ainsi un cycle sans fin.
- Que nous nous étions habitués à l’idée que les Palestiniens et Palestiniennes avaient perdu définitivement la guerre, comme jadis les Indiens d’Amérique.
- Que si mon enfant avait été tué dans un attentat ou s’il succombait sous un tapis de bombes, j’aurais peut-être envie de hurler « tuez-les tous ». Mais que cette passion triste ne me ferait que du mal. Et que ceux qui hurlent ainsi n’ont généralement subi aucune des deux calamités.
- Que je pourrais continuer longtemps ainsi…
Et
- Que j’ai peur pour les Juifs que je connais
- Que j’ai peur pour les Musulmans que je connais (même celles et ceux qui ne sont pas arabes car ceux qui les détestent ne font pas la distinction)
Et
- Qu’il faudrait un jour que des gens sages de tous les bords se mettent autour d’une table et y posent tous ces éléments et bien d’autres encore comme on renverse un sac de billes, dans toute leur complexité, dans tous leurs paradoxes et leurs contradictions. Avec pour seul désir celui de faire cesser de rire l’histoire qui s’est moquée d’eux durant un siècle. Mais que pour y parvenir, ils devraient surpasser leurs deuils.
- Et que je ne sais pas si j’en serais capable à leur place.
- Mais que ceux qui sont aux manettes sont les fous des tous les camps. Avec autour une foule qui tape dans les mains. Et que l’on ne peut rien y faire.
Et
- Et que certains médias qui tiennent l’échelle à tous les simplificateurs pyromanes devraient s’y accrocher car le vent méchant qui souffle pourrait bien les emporter aussi.
Patrick Jean ; abonné de mediapart