Les Etats, premiers responsables de l’exploitation des réserves fossiles ; le rôle des banques
Les gouvernements sont appelés à cesser d’octroyer de nouveaux permis d’extraction de charbon, de pétrole et de gaz, alors que dix pays concentrent plus des trois quarts des sites les plus émetteurs de CO2.
Si les énergies fossiles sont les « bombes » qui menacent le climat, qui en sont les artificiers ? Alors que les regards se tournent le plus souvent vers les grandes majors de l’énergie, la responsabilité des projets d’extraction d’hydrocarbures ou de charbon repose aussi sur les Etats, à qui il revient d’autoriser les forages.
Or, un petit nombre de gouvernements a la main sur l’immense majorité des bombes carbone, ces 422 sites d’extraction identifiés par des chercheurs comme ayant le plus grand potentiel d’émissions de gaz à effet de serre au cours de leur cycle de vie. Dix pays concentrent à eux seuls, sur leur sol, plus des trois quarts de ces mégasites d’extraction de charbon, pétrole et gaz, selon les données compilées par les ONG Data for Good et Eclaircies dans le cadre de l’enquête CarbonBombs.org, révélées par Le Monde et un consortium de médias internationaux mardi 31 octobre.
Derrière un trio de tête composé de la Chine, des Etats-Unis et de la Russie, on retrouve parmi les principaux pays hôtes des bombes carbone les Etats du Golfe (Arabie saoudite, Qatar, Irak, Iran), l’Australie, le Canada, l’Inde et le Brésil.
Pour les projets pétroliers et gaziers qui devraient entrer en service entre 2023 et 2050 – et qui ne sont pas forcément qualifiés de bombes carbone –, la concentration géographique est la même : dans un rapport publié en septembre, l’organisation américaine Oil Change International montre que près de 90 % des émissions de dioxyde de carbone (CO2) associées sont issues de vingt pays. La combustion des hydrocarbures contenus dans ces nouveaux sites d’extraction a la capacité d’émettre la somme gigantesque de 173 milliards de tonnes (ou gigatonnes) de CO2, l’équivalent de trente ans d’émissions annuelles des Etats-Unis.
Davantage de forages sous Biden
Les Etats-Unis, où se trouvent 28 des 422 bombes carbone identifiées, sont responsables de plus du tiers des projets d’expansion de l’extraction de gaz et de pétrole, devant la Russie et le Canada.
Lors de la campagne présidentielle de 2020, le candidat Joe Biden avait pourtant promis de n’autoriser aucun nouveau forage sur les territoires fédéraux. Mais le démocrate n’a pas tenu son engagement une fois élu : au cours de ses deux premières années de mandat, contraint notamment par des décisions de justice ou du Congrès à majorité républicaine, le président a même approuvé plus de forages de pétrole et de gaz que son prédécesseur, Donald Trump. Fin septembre, l’administration a toutefois annoncé que seules trois nouvelles zones pourraient être forées dans le golfe du Mexique entre 2024 et 2029, le nombre le plus bas jamais proposé. Un virage vivement critiqué par le secteur de l’industrie fossile mais qui reste insuffisant aux yeux des organisations de défense de l’environnement.
En juin, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté les leaders mondiaux à cesser d’octroyer de nouveaux permis d’exploration et d’exploitation de combustibles fossiles. Pour les gouvernements, la délivrance d’autorisations aux différents stades de développement d’un projet est un levier majeur pour freiner l’expansion. Fin 2020, le Danemark, le plus gros producteur de pétrole de l’Union européenne, a ainsi mis fin à toute nouvelle exploration en mer du Nord. Il a depuis pris la tête, avec le Costa Rica, de la coalition Beyond Oil and Gas Alliance, rassemblant une dizaine de pays – dont la France – engagés à œuvrer à l’abandon progressif des fossiles.
Le Royaume-Uni, au contraire, a donné son feu vert, le 27 septembre, à l’exploitation du champ pétrolier et gazier de Rosebank, dans cette même mer du Nord. « Le gouvernement aurait pu ne pas accorder d’autorisation et le projet n’aurait pas vu le jour, souligne Paul Ekins, professeur à l’University College London et ancien codirecteur du Centre britannique de recherche sur l’énergie. Dans quasiment tous les pays où il y a une production pétrolière et gazière importante, il y a des gouvernements forts et des régimes d’autorisation. » En clair, cette expansion ne résulte pas d’un laisser-faire de la part d’Etats débordés, mais bien d’une politique délibérée.
« Aucune incitation »
Au-delà de la dimension politique, l’enjeu pour les dirigeants qui autorisent de nouveaux projets est aussi économique. Encore plus lorsque les sociétés pétrolières et gazières sont détenues en majorité par l’Etat : le poids des compagnies nationales est prépondérant sur le marché de l’or noir. Sultan Al-Jaber par exemple, le ministre émirati qui présidera la 28e conférence mondiale pour le climat (COP28), à Dubaï, fin novembre, est aussi le PDG d’Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc). Déjà liée à trois bombes carbone, dont le potentiel conjoint s’élève à 11 gigatonnes de CO2, la compagnie nationale pétrolière a des plans d’expansion massifs. Lors d’une récente interview, une journaliste du Guardian lui a demandé s’il comptait mettre Adnoc en faillite, puisque lutter contre le dérèglement climatique implique de ne plus produire de gaz et de pétrole. Sultan Al-Jaber a regardé la journaliste avec étonnement. « Pourquoi voudrais-je faire ça ? », lui a-t-il répondu.
« Il est assez irréaliste de demander à un secteur économique d’enclencher son propre déclin, surtout lorsque ce secteur gagne beaucoup d’argent, observe Romain Ioualalen, directeur de campagne chez Oil Change International. Des compagnies comme la française TotalEnergies, la saoudienne Aramco ou l’émiratie Adnoc n’ont aucune incitation à mettre fin à la production d’hydrocarbures. »
Au-delà de l’octroi de licences, les gouvernements disposent d’autres moyens pour freiner l’expansion pétrolière et gazière, notamment en n’accordant plus de soutien financier direct ni de garanties à l’export pour de tels projets, et en agissant sur le cadre réglementaire, économique ou fiscal. « Il y a une responsabilité de la France à faire en sorte qu’un acteur comme TotalEnergies aligne son plan de transition sur la trajectoire de l’accord de Paris, qui inclut de ne pas investir dans de nouveaux projets fossiles, estime Romain Ioualalen. Il faut sortir de l’idée que l’Etat est impuissant à réguler l’économie. » Le groupe français est en effet lié à au moins 23 bombes carbone.
Supprimer les traités d’investissement
« La diplomatie économique est très importante, ajoute Lucie Pinson, directrice générale de l’ONG Reclaim Finance. Il y a une très forte dissonance cognitive lorsque le président Emmanuel Macron affiche son soutien au projet gazier de TotalEnergies en Papouasie-Nouvelle-Guinée, alors que la France n’apporte plus de soutien financier direct à de nouveaux projets fossiles. »
S’il peut être complexe pour un Etat de cibler une entreprise en particulier dans un système globalisé, les experts soulignent aussi que l’un des moyens d’action est de renforcer le soutien aux pays émergents, pour que ceux-ci aient accès à des solutions alternatives aux énergies fossiles pour leur développement. « Il est tout à fait compréhensible qu’un pays comme le Mozambique, où TotalEnergies a un projet très contesté, veuille développer ses ressources gazières et qu’il se tourne vers les majors pétrolières, estime Paul Ekins. Cela s’explique en partie par le fait que les pays riches n’ont pas encore suffisamment proposé d’autres voies de développement. »
L’Agence internationale de l’énergie appelle de façon répétée à multiplier les investissements dans les énergies bas carbone dans les pays en développement et émergents. La question des financements du Nord vers le Sud devrait également être, une nouvelle fois, au cœur des négociations de la COP28.
L’Institut international du développement durable pointe aussi la nécessité de réformer et supprimer les traités internationaux d’investissement tels que la charte de l’énergie, qui protègent les entreprises et les investisseurs en cas de changement de politique énergétique, en prévoyant notamment des dédommagements. Dans un rapport de 2022, l’organisation note que si les gouvernements voulaient annuler tous les projets de pétrole et de gaz en développement, ils pourraient avoir à débourser 340 milliards de dollars (321 milliards d’euros) pour le règlement des différends avec les acteurs privés.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/10/31/bombes-carbone-les-etats-premiers
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« Bombes carbone » : le soutien crucial des banques françaises aux projets fossiles mondiaux
BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et BPCE/Natixis ont contribué en 2022 à financer 11 entreprises exploitant de vastes gisements de pétrole, gaz et charbon, pour 17 milliards d’euros.
Côté pile, les quatre grandes banques françaises sont pleinement investies dans le combat pour la sauvegarde du climat : elles se sont toutes engagées publiquement à « financer un monde neutre en carbone à l’horizon 2050 ». Côté face, BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et BPCE/Natixis ont contribué en 2022 à financer une dizaine d’entreprises opérant des bombes carbone, ces sites d’extraction de pétrole, gaz et charbon super-émetteurs en CO2.
Ce paradoxe est mis en évidence par les données compilées par les ONG Eclaircies et Data for Good dans le cadre de l’enquête CarbonBombs.org, qui permettent pour la première fois de relier ces bombes carbone aux entreprises qui les développent et aux banques qui les soutiennent.
Le marché bancaire est ainsi fait que les banques ne financent que très rarement les projets d’extraction fossile directement. Elles préfèrent accorder des prêts aux entreprises extractrices comme TotalEnergies ou BP, qui utilisent ensuite les fonds comme bon leur semble. Bien qu’indirect, ce financement dit corporate est capital pour faire fonctionner les bombes carbone. « Si on ne peut pas établir un lien de causalité direct, il est fort probable que des fonds prêtés en 2022 aient contribué au fonctionnement de bombes carbone en exploitation ou au développement de futurs projets », observe Lucie Pinson, directrice de l’ONG Reclaim Finance.
BNP Paribas au 5e rang mondial
Le rôle des établissements français dans cette économie est central. En 2022, ils se situaient au troisième rang des plus grands financeurs indirects de bombes carbone, derrière les américains et les chinois, d’après les données issues du rapport « Banking on Climate Chaos », établies à partir de Bloomberg.
BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et BPCE/Natixis ont octroyé en 2022 près de 18 milliards de dollars (17 milliards d’euros) à 11 grandes entreprises d’extraction fossile, que l’on peut relier à 51 bombes carbone distinctes. Les réserves en charbon, pétrole et gaz de ces sites, répartis dans 18 pays à travers le globe, sont susceptibles de rejeter 189 milliards de tonnes équivalent CO2 dans l’atmosphère.
Dans le classement établi par CarbonBombs.org, BNP Paribas se situe à la cinquième place mondiale, derrière quatre mastodontes chinois et américains. En 2022, le groupe a versé plus de 7 milliards de dollars à 10 opérateurs fossiles distincts, que l’on peut relier à 46 bombes carbone. Parmi eux, la multinationale française TotalEnergies, le géant saoudien Saudi Aramco, l’énergéticien italien Eni et le pétrolier britannique BP ; mais également des entreprises moins connues, comme YPF ou Pertamina Persero, impliquées dans l’exploitation du vaste complexe de gaz de schiste Vaca Muerta, en Argentine, qui suscite une vive opposition des communautés locales d’Indiens Mapuche.
Le constat est sensiblement le même pour le Crédit agricole, qui a financé en 2022 sept entreprises opérant des bombes carbone, pour plus de 6 milliards de dollars. On retrouve notamment dans les bénéficiaires le très controversé géant minier suisse Glencore, impliqué dans cinq sites d’extraction de charbon en Australie, en Afrique du Sud et en Colombie. En revanche, l’exposition de la Société générale et de BPCE/Natixis est moindre, avec respectivement six et deux opérateurs financés.
Soutenir la transition ?
Sollicitées, les quatre banques refusent de commenter les projets de leurs clients et contestent les chiffres du rapport « Banking on Climate Chaos », préférant renvoyer vers des objectifs généraux de réduction de leur exposition au secteur fossile. BNP explique avoir accéléré depuis le printemps 2023 son « désengagement du financement de la production pétrolière », qui devrait chuter de 80 % « avant 2030 ». La Société générale s’est fixé le même objectif, tandis que le Crédit agricole vise une baisse de 25 % d’ici 2025.
De son côté, le groupe BPCE/Natixis insiste sur le fait qu’il « n’est pas directement impliqué dans les projets cités ». Pour défendre le financement des entreprises qui les portent, la banque fait valoir qu’il s’agit d’un moyen de soutenir leur transition vers le renouvelable. « Nous accompagnons tous nos clients, y compris les grands énergéticiens, dans leur transition énergétique et leur stratégie de décarbonation », indique le groupe.
Cet argumentaire, relayé par de nombreux établissements, se heurte à une réalité : la plupart des entreprises financées par les banques françaises restent peu diversifiées à ce jour. Le champion norvégien Aker BP, qui a reçu plus de 800 millions d’euros de BNP en 2022, se concentre par exemple exclusivement sur l’extraction du pétrole et du gaz. Le constat est le même pour la compagnie d’Etat saoudienne Saudi Aramco, qui a reçu plus de 2 milliards d’euros des banques françaises.
Même TotalEnergies, qui a abandonné son nom historique, Total, pour préparer sa transformation en entreprise « multi-énergies », fait partie des groupes qui développent le plus de nouveaux projets d’extraction. Elle a pourtant reçu l’an dernier plus de 8 milliards d’euros des quatre principaux établissements bancaires français. Ces fonds ne lui permettront pas seulement de se diversifier dans les énergies bas carbone, mais contribueront également à la poursuite d’investissements dans l’expansion fossile puisque, de son aveu même, l’entreprise a prévu de consacrer près de deux tiers de ses investissements d’ici 2030 à ses installations pétrogazières.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/11/01/bombes-carbone-le-so
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« Bombes carbone » : pourquoi les banques françaises peuvent financer les énergies fossiles malgré leurs engagements climat
Plusieurs grands établissements se sont engagés à cesser d’investir dans les nouvelles installations d’extraction de ressources fossiles. Ils continuent pourtant de soutenir les entreprises qui financent ces projets.
Peut-on financer des multinationales championnes du pétrole et du gaz tout en proclamant que l’on a cessé de soutenir l’expansion des projets d’extraction fossile ? Oui, du moins dans le monde paradoxal des engagements climatiques des banques.
Mises sous pression par les ONG écologistes et la société civile, les grandes banques françaises ont multiplié ces derniers mois les promesses pour réduire leurs financements accordés à l’extraction de ressources fossiles, l’un des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre, responsable du dérèglement climatique. Mais quand on regarde dans le détail, ces engagements ne couvrent en réalité qu’une infime partie du problème.
Lorsqu’une banque veut financer le secteur fossile, elle a deux possibilités : le financement par projet, qui consiste à financer directement une infrastructure (champ pétrolier, terminal gazier, etc.), et le financement corporate, qui revient à financer l’entreprise qui développe le projet.
Or, le soutien des banques au secteur fossile passe essentiellement par le financement corporate, d’après l’ONG Reclaim Finance, qui compile chaque année des données sur le sujet dans le cadre de son rapport de référence « Banking on Climate Chaos », fondé sur les données financières de Bloomberg. Le financement par projet ne représente en moyenne que 4 % des flux financiers. C’est particulièrement vrai pour les banques françaises, où il se situe entre 2,5 % et 3,6 % des financements octroyés en 2022.
Ainsi, lorsque, à la fin de 2022, le Crédit agricole a annoncé la fin des « nouveaux financements de projets d’extraction de pétrole », cela valait uniquement pour le financement par projet. Parmi les fonds octroyés cette année-là aux entreprises du secteur fossile, 97,5 % n’étaient pas concernés par cette promesse.
La même réserve s’applique à BNP Paribas, qui a promis, au printemps 2023, qu’elle ne financerait plus le « développement de nouveaux champs pétroliers ou gaziers ». En réalité, 96,4 % de ses financements en 2022 restent exclus de l’équation. Pour la Société générale, qui a pris le même engagement en septembre, 97,5 % des financements restent hors du scope.
Des fonds non fléchés
Concrètement, BNP et la Société générale ne peuvent plus apporter leur concours direct à des projets comme Mozambique LNG ou Arctic LNG 2, des terminaux géants de liquéfaction adossés à des champs gaziers sous-marins. Mais rien ne les empêche de continuer à financer TotalEnergies, l’entreprise qui développe ces deux « bombes carbone ». Les fonds n’étant généralement pas fléchés, la multinationale française peut en disposer comme bon lui semble, y compris pour financer de nouveaux projets fossiles.
Autre exemple, la Société générale a annoncé qu’elle ne financerait plus le développement de projets d’extraction de gaz de schiste aux Etats-Unis et au Canada, en raison de l’impact écologique désastreux des techniques d’extraction de cet hydrocarbure non conventionnel. Pour autant, cet engagement ne l’empêche pas de conseiller ou de financer par ailleurs certaines des entreprises américaines qui portent ces projets.
Pour porter un véritable coup d’arrêt au développement de nouveaux projets fossiles, plusieurs ONG écologistes appellent les banques à rehausser leurs ambitions d’un cran. « Il faudrait qu’elles arrêtent le financement non fléché aux majors de l’énergie tant que celles-ci n’ont pas pris l’engagement de renoncer aux nouveaux projets fossiles », estime Lucie Pinson, la directrice de Reclaim Finance.
En France, La Banque postale est l’un des rares établissements à avoir pris un tel engagement en 2021. Mais la marche est plus difficile à franchir pour les grandes banques d’investissement, dont l’exposition au secteur fossile est substantiellement plus importante. Celles-ci préfèrent afficher des objectifs progressifs de réduction de leurs financements du fossile. Ainsi, la BNP prévoit de réduire de 80 % son financement à l’exploration et à la production de pétrole d’ici 2030, en tenant compte de la part de cette activité dans le chiffre d’affaires de ses clients.
« C’est un outil utile, mais insuffisant pour garantir que les banques ne contribuent pas à l’aggravation du réchauffement climatique », estime Lucie Pinson. En effet, si une banque veut réduire son exposition au secteur pétrolier d’ici 2030, rien ne l’empêche de continuer à financer massivement les énergies fossiles pendant encore quelques années. Dès que les prêts seront remboursés, ces lignes disparaîtront de son bilan carbone, tandis que les installations qu’ils auront contribué à financer continueront d’émettre du CO2 pendant des décennies. « Ces objectifs ne captent pas bien les mécanismes de verrouillage des émissions qui ont lieu dans le monde réel », regrette Lucie Pinson.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/11/01/bombes-carbone-pour