Les narratifs autour des crimes perpétrés le 7 octobre par le Hamas ne font plus débat ?
De l’extrême droite à une partie non négligeable de la gauche, ils seraient le produit de l’antisémitisme.
“Le plus grand massacre antisémite de notre siècle”. C’est ainsi qu’Emmanuel Macron définit les attaques du 7 octobre menées par le Hamas contre les kibboutz du sud d’Israël, lors de la cérémonie d’hommage aux victimes françaises de l’attaque organisée le 7 février dernier. Cette lecture des événements constitue un pas de plus dans l’institutionnalisation de la théorie du nouvel antisémitisme, et a depuis déjà permis au Ministère des affaires étrangères d’attaquer l’ONU ou à des islamophobes de promouvoir leur agenda raciste. Avant d’être officialisée par le président en personne, cette interprétation des faits avait été validée par une multitude d’acteurs politiques. Dimanche 28 janvier, sur BFM TV et à une heure de grande écoute, le journaliste Benjamin Duhamel affirme face à Jean-Luc Mélenchon que l’antisémitisme aurait motivé l’opération du Hamas. Quelques semaines auparavant, le 3 janvier, la professeure de droit international Rafaëlle Maison est confrontée sur France Culture aux questions de Guillaume Erner. Alors qu’elle essaie d’expliquer pourquoi, d’après elle, la notion de génocide n’est pas pertinente pour caractériser les actes du Hamas, le journaliste lui reproche d’être “biaisée”, considérant “qu’il y a déjà suffisamment d’éléments pour considérer que c’étaient les Juif·ves qui étaient visé·es”. Enfin, dans un entretien accordé à K La Revue, Tal Bruttmann, historien spécialiste de la Shoah affirme que le 7 octobre “des Juifs sont attaqués en tant que Juifs” et explique que les objectifs de cette opération étaient “de tuer des Juifs, d’en capturer pour en faire des otages et les ramener dans la bande de Gaza comme monnaie d’échange, moyen de pression et de marchandage”.
Cette lecture est ainsi largement partagée et relayée, à commencer par le gouvernement israélien d’extrême-droite à travers ses dispositifs de communication. En France, elle a pu être reprise de différentes manières par le gouvernement, des partis politiques de tous bords, des chercheurs et des organisations juives, certaines s’identifiant comme antiracistes ou se revendiquant de la gauche radicale. Ce récit, devenu hégémonique, doit être caractérisé pour ce qu’il est : une manipulation crasse de l’histoire qui devrait indigner toutes celles et tous ceux qui entendent lutter sincèrement contre le racisme. La convocation de la mémoire du judéocide, afin d’invisibiliser un contexte de domination coloniale et de justifier une guerre de destruction à portée génocidaire, ne peut qu’abîmer les idées de justice et d’égalité pour tous·tes, et entraver l’horizon d’une paix juste sur le territoire.
Une opération militaire
Faire des évènéments du 7 octobre un “massacre antisémite” conduit à invisibiliser une partie de la réalité du 7 octobre. Vouloir la regarder en face ne revient ni à minimiser, nier, ou légitimer les horreurs qui ont été commises ce jour-là, ni à manquer d’empathie vis-à-vis des victimes qui les ont subies. Au contraire, c’est par respect envers ces victimes et leurs proches, mais également envers les Palestinien·nes qui subissent une explosion de violence inédite depuis, qu’un devoir de vérité s’impose. Quatre mois plus tard, il est possible d’avoir une vision plus claire des faits. Ce jour-là, plusieurs infrastructures militaires israéliennes ont été ciblées. En premier lieu, des portions de la barrière cernant Gaza, dont la construction par l’État israélien a été achevée en 2021, bordant une zone tampon où des centaines de manifestant·es palestinien·nes ont été tué·es par balles et des milliers d’autres blessé·es, lors des “marches du retour” de 2018-2019. Cette barrière, enfermant les Gazaoui·es dans une prison à ciel ouvert, est constituée de plusieurs couches de barbelés et de murs de béton aux fondations profondes, et intègre des systèmes de télécommunication, des tours de guets, des capteurs radar et des mitrailleuses télécommandées. Par la suite, en plus des sept kibboutz, au moins six bases militaires israéliennes ont été attaquées, et environ un tiers des 1139 victimes recensées, soit 373 d’entre elles, faisait partie des forces de sécurité en poste ce jour-là. En occultant ces cibles, et la dimension militaire de l’attaque du Hamas, on contribue au même brouillage qu’entretient depuis des décennies l’État israélien entre le civil et le militaire, notamment lorsqu’il s’agit des kibboutz et de leurs fonctions autour de Gaza ; une hybridation qui a précisément fait de ses habitant·es les composant·es d’un mur humain, les condamnant à une position intenable. Faire des attaques du 7 octobre un acte antisémite revient, en plus d’invisibiliser ses nombreuses victimes non-juives et palestiniennes, à dissimuler les structures à l’origine de cette explosion de violence, celles sur lesquelles s’appuie la colonisation et le siège de Gaza.
Masquer l’histoire et le contexte colonial
Appréhender le 7 octobre strictement comme une attaque antisémite s’inscrit dans l’effort de la propagande israélienne visant à gommer la réalité coloniale sur place et à renforcer la légitimité de l’État israélien. Comme l’explique Antony Lerman, écrivain spécialiste de l’antisémitisme, cet effort se matérialise au lendemain de la guerre des Six jours par la volonté des organisations sionistes et des gouvernements israéliens successifs à construire un “nouvel antisémitisme”, faisant de l’État d’Israël “le Juif parmi les nations”. Une redéfinition de l’antisémitisme qui émerge en réaction au changement de climat politique consécutif à l’occupation israélienne en 1967, puis à la résolution 3379 des Nations Unies, adoptée en novembre 1975. Celle-ci désignait le sionisme comme “une forme de racisme » et a depuis été révoquée. La réalité coloniale, que la propagande israélienne vise à masquer, est aussi celle des kibboutz situés autour de la bande de Gaza, largement construits sur les terres de villages palestiniens vidés de leurs habitant·es en 1948, et dont certains sont nés d’opérations coloniales visant à créer des faits accomplis et à assurer une présence sioniste dans ce territoire avant la partition de la Palestine. La sidération devant l’ampleur des violences auxquelles a été confrontée la population israélienne, puis celles subies par les otages, a rapidement cédé la place à une instrumentalisation de celle-ci par Tel Aviv, relayée dans la foulée par ses soutiens à l’étranger. Elle s’appuie sur les recoins les plus sombres de la conscience collective juive, tout en faisant des appels du pied aux traumatismes des Occidentaux provoqués par les attentats djihadistes, et à leur culpabilité liée à la Shoah.
L’ancien premier ministre israélien Naftali Bennett a ouvert la voie dès le 9 octobre, mettant en équivalence le Hamas et le nazisme. Cette rhétorique connaît depuis un succès non démenti dans le Nord global dont témoignent les propos tenus le 10 octobre par Olivier Véran, alors porte-parole du gouvernement : « Israël a vécu son 11 septembre. J’étais à la manifestation (rassemblement en soutien à Israël organisé par le CRIF, ndlr) hier avec le directeur du Mémorial de la Shoah qui me disait, qu’à sa connaissance, il n’y avait pas eu autant de victimes juives sur une journée depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. » Solution finale et djihadisme, voilà les bornes du cadre légitime dans lequel doit être analysée l’attaque du Hamas. Tout ce qui en dévie d’un iota est considéré comme une apologie antisémite du terrorisme. Dès lors, le fil de l’antisémitisme a pu être déroulé au point de convoquer la mémoire des pogroms, un écart du cadre d’interprétation légitime toléré qui, in fine, contribue à le renforcer. Tout ce qui fait écho aux massacres de Juif·ves parce que Juif·ves est bon à prendre en ce que cela contribue à disqualifier davantage l’approche partant du contexte colonial. Pourtant, une analyse rigoureuse du 7 octobre ne permet pas de corroborer ce choix sémantique très politique. Les victimes israéliennes ne vivaient pas sans protection militaire ni capacité à exercer une souveraineté dans un État hostile, caractéristiques premières des pogroms qui désignent les massacres de Juif·ves dans la Russie tsariste, par les populations avoisinantes avec la bénédiction des autorités. Mais peu importe, cette rhétorique permet de rallier l’opinion publique occidentale et de fabriquer le consentement de nos sociétés vis-à-vis des massacres israéliens commis à Gaza, notamment au nom d’une prétendue lutte contre l’antisémitisme. Elle permet également de délégitimer et réduire au silence toute revendication politique palestinienne, ou toute critique du sionisme, en la qualifiant d’antisémite. Détourner de la sorte le signifiant “antisémite” nuit à une bonne compréhension des dynamiques de lutte des Palestiniens et Palestiniennes pour leurs droits, mais aussi au combat contre l’antisémitisme, et donc à l’antiracisme en général.
Faire de l’attaque du 7 octobre une attaque antisémite, c’est ne pas tenir compte du contexte dans lequel ces attaques ont eu lieu ; cela revient à signifier que lorsqu’un·e Palestinien·ne attaque un Israélien·ne – qu’il ou elle soit soldat·e, habitant·e de Tel-Aviv ou d’un avant-poste en Cisjordanie – il ou elle commet de fait un acte antisémite. On en vient ainsi à désigner tout acte de résistance, qu’elle soit armée ou pacifique, comme une agression antisémite. Ainsi, la campagne BDS est désignée comme antisémite, les rapports des ONG qualifiant Israël d’État d’apartheid, antisémite. La Cour Internationale de Justice, antisémite. Les marches du retour des réfugié·es palestinien·nes, antisémites. Les soulèvements spontanés et la grève générale palestinienne de 2021 contre l’épuration ethnique à Jérusalem-Est, antisémites. L’antisionisme, antisémite.
“Yahoud” ou “Israili”? Un flou sémantique entretenu par le sionisme
Et parce que le Hamas a tué des Juif·ves, nous avons même entendu les commentateur·rices, journalistes et acteur·rices politiques répéter en cœur les éléments de langage des autorités israéliennes assimilant le Hamas, quand ce n’est pas tout simplement les Palestinien·nes, aux nazis. C’est une bien curieuse lecture, négationniste, qui évacue de nouveau la réalité de la colonisation, et vise à légitimer les tapis de bombes déversés quotidiennement par Israël sur les habitant·es de Gaza. On a ainsi pu entendre l’ambassadrice israélienne à Londres, Tzipi Hotovely, une négationniste de la Nakba, comparer les bombardements israéliens sur Gaza aux bombardements des alliés sur Dresde. Ou encore le député LR Meyer Habib déclarer sur RMC, “le Hamas, c’est Hitler”. Il faut dire qu’en affirmant, toute honte bue, que c’était le grand mufti de Jérusalem qui avait soufflé à Hitler la solution finale, Netanyahou avait préparé le terrain. Du point de vue palestinien, et donc aussi d’une organisation tel que le Hamas, “Juif·ve” est avant tout le terme par lequel est désigné·e le Juif·ve israélien – l’individu·e qui bénéficie du régime de suprémacie juive mis en place entre la Mer et le Jourdain. Nous le disions dans notre communiqué du 4 novembre 2023 intitulé “L’antisémitisme doit être combattu, son instrumentalisation aussi” :
“Si l’idéologie du Hamas est bien pétrie d’éléments antijuifs et de représentations antisémites, l’idée qu’ils seraient les “nouveaux nazis” et que les massacres du 7 octobre soient comparables à la Shoah doit être combattue. Ce narratif, qui vise surtout à diaboliser les Palestinien·ne·s, n’offre aucune clé de compréhension des violences terribles qui ont visé les civil·es israélien·nes. Le Juif persécuté par le nazi est-il le même que le Juif ciblé par le Hamas ? Si la rhétorique du Hamas emprunte volontiers des références à l’antisémitisme européen, son antijudaïsme est surtout adossé à l’association de l’identité juive au statut de colon dans le cadre des rapports sociaux engendrés par la colonisation israélienne. En contexte palestinien, les catégories “Juif” et “Arabe” renvoient d’abord à des rapports de pouvoir et de domination.”
On peut regretter la mobilisation d’un tel discours, mais comment pourrait-il en être autrement, alors que la colonisation de la Palestine se fait au nom du judaïsme ? Ou que depuis 2006, la bande de Gaza est assiégée au nom de la sécurité de “l’État juif” ? Que les dirigeant·es israélien·nes convoquent la tradition juive pour légitimer leurs opérations génocidaires avec le soutien des dirigeant·es occidentaux·ales ? Que des policiers israéliens gravent une étoile de David sur la peau d’un Palestinien, ou qu’après avoir rasé des quartiers de Gaza, une Hanoukia géante est installée sur les ruines pour Hanouka ? Les partisan·es de l’analyse selon laquelle les Israélien·nes auraient été assassiné·es le 7 octobre parce que Juif·ves restent bien silencieux·ses lorsqu’il s’agit de dénoncer l’État d’Israël, principal pourvoyeur de la confusion Juif·ve = sioniste = israélien·ne. N’est-ce pas lui qui s’accapare les symboles juifs depuis sa création en 1948 ? N’est-il pas officiellement “l’État nation du peuple juif” depuis 2018 ? Ainsi, la judéophobie, voire l’antisémitisme, qui peuvent circuler au sein de la population palestinienne, sont très largement motivés et cultivés par l’expérience de la colonisation israélienne faite au nom des Juif·ves et du judaïsme, par un État qui se revendique “État juif” et avec l’approbation des puissances occidentales. Expliquer la violence en Israël-Palestine à travers le prisme de la haine des Juif·ves revient à ignorer les structures matérielles qui la produisent ; notamment la violence systématique du fait colonial israélien, qui instaure d’impossible rapports sociaux entre Palestinien·nes et Israélien·nes, qui les abîment et qui affectent également les minorités vivants hors d’Israël.
Des actes en réaction à un système politique oppressif et criminel nous sont ainsi présentés comme étant de même nature que les actes haineux racistes qui ciblent des personnes juives parce que juives, chez nous, en occident, aujourd’hui comme hier. « De Sderot (ville régulièrement ciblée par les roquettes du Hamas, ndlr.) à Pittsburgh (ville étasunienne où a eu lieu une attaque antisémite dans une synagogue, ndlr.), la main qui tire les missiles est la même main qui tire sur les fidèles » résume l’ancien premier ministre israélien, Naftali Bennett, en 2018. Comment ne pas faire le lien entre le discours de l’ultra-nationaliste Bennett et les propos de Macron, lorsqu’il déclare lors de la cérémonie d’hommage aux victimes du 7 octobre qu’il ne faut « rien céder à un antisémitisme rampant, désinhibé, ici comme là-bas[…] ».
Pour une reconnaissance du fait colonial israélien
Dans un article rédigé après le 7 octobre, Eyal Weizman revient sur l’histoire de l’un des kibboutz qui a le plus souffert des attaques, Nahal Oz, implanté par l’unité militaire “Nahal” spécialisée dans l’établissement de colonies frontalières en 1951, adossé à une base militaire construite à la frontière avec Gaza pour surveiller sa population. En 1956, des Fedayins de Gaza, où vivent alors 300 000 Palestinien·nes dont 200 000 réfugié·es de 1948, tuent un des jeunes membres de Nahal Oz, Roy Rotberg, et emportent son corps de l’autre côté de la frontière. Moshe Dayan, alors chef d’État major, se trouvait par hasard dans le kibboutz pour un mariage, et a lui-même fini par prononcer un discours lors des funérailles, le lendemain de l’attaque :
« N’accusons pas aujourd’hui les tueurs. Pourquoi devrions-nous nous plaindre de leur haine brûlante envers nous ? Voici huit ans maintenant, que depuis les camps de réfugiés de Gaza, ils nous voient construire notre patrie de la terre et des villages où ils vivaient, où leurs ancêtres vivaient. Ce n’est pas parmi les Arabes de Gaza, mais au sein de notre propre communauté que nous devons chercher le sang de Roy. Comment avons-nous pu fermer les yeux et refuser de regarder notre vocation et le destin de notre génération en face, dans toute sa cruauté ? Avons-nous oublié que ce groupe de jeunes, résidant à Nahal Oz, porte sur ses épaules les lourdes portes de Gaza ? Portes au-delà desquelles, des centaines de milliers d’yeux et de mains prient pour qu’advienne notre faiblesse, et pour pouvoir nous réduire en pièces – l’avons-nous oublié ? Nous savons que pour que s’éteigne l’espoir de notre destruction, nous devons être, matin et soir, armés et préparés. Nous sommes une génération de colons, et sans le casque d’acier et le ventre du canon nous ne pourrions planter d’arbres ni construire de maisons.[…] Par delà le sillon de la frontière, une mer de haine et de désir de vengeance gronde, attendant le jour où la sérénité émoussera notre vigilance, le jour où nous écouterons les ambassadeurs de l’hypocrisie qui nous appellent à déposer les armes.”
Loin d’être un militant décolonial, Dayan était un criminel de guerre. Il ne plaide pas pour les droits des Palestinien·nes, au contraire, il met en garde les Israélien·nes contre le danger d’une guerre permanente, qui perdure clairement aujourd’hui. Il assume aussi l’histoire coloniale israélienne, ne feint pas d’ignorer ce que les Palestinien·nes ont perdu, ce qu’Israël leur a pris. Son discours éclaire les racines de la violence dans cette région et le changement de discours opéré par les officiel·les israélien·nes et leurs allié·es, qui se cachent désormais derrière l’accusation d’antisémitisme, quitte à jeter sous le bus les Juif·ves du monde entier. Les dirigeant·es sionistes espéraient que l’histoire serait oubliée par les jeunes générations de Palestinien·nes – “les vieux mourront et les jeunes oublieront” selon l’adage communément attribué à Ben Gourion. Si ces dernier·es n’ont pas oublié, on doit déplorer et condamner qu’au sein de nos sociétés occidentales, et même dans nos espaces militants, cette histoire peine à être reconnue pour ce qu’elle est : une injustice coloniale qui perdure et qui produit son lot de violences.
Laisser croire que les attaques du 7 sont motivées par l’antisémitisme contrevient à un horizon de justice et ainsi de paix, qui doit nécessairement passer par la reconnaissance du fait colonial israélien. Cette lecture alimente aussi un amalgame que nous considérons comme dangereux en tant que militant·es antiracistes, et que nous combattons. Derrière l’amalgame qui assimile les Juif·ves au sionisme, et la critique d’Israël à l’antisémitisme, se cache la rhétorique raciste qui fait des Palestinien·nes, et des Musulman·nes, un danger pour les Juif·ves. Toute personne un minimum sensible à la question raciale et à sa permanence dans les rapports sociaux doit refuser cette lecture et la confusion qu’elle alimente dans une situation déjà sensible. Dans la période que nous traversons, que traversent les Palestinien·nes et les Israélien·nes, mais aussi les minorités en France, nous avons impérativement besoin de clarifications, d’explications, de contextualisation, de débats fondés et argumentés. La place prépondérante que prend, dans le débat public, la conception de l’attaque du Hamas vidée de sa substance coloniale est alarmante et témoigne de l’acceptation généralisée de la théorie du nouvel antisémitisme. Nous affirmons que la contextualisation est la première condition d’un débat sur les violences qui s’abattent sur les Palestinien·nes et sur les Israélien·nes, et le seul chemin pour qu’ils et elles puissent un jour vivre dans la dignité, l’égalité et la sécurité sur ce territoire. C’est aussi une condition pour que la lutte contre l’antisémitisme cesse d’être détournée pour servir un agenda autoritaire et raciste isolant les Juif·ves et Juif·ves des autres minorités.
Maxime Benatouil et Nadav Joffe
Tsedek! ; Collectif juif décolonial ; Abonné de Mediapart