Hétéroclite, le titre, mais aussi mes lectures, et ce que je vous en dis…
Après avoir lu les quatre derniers numéros de l’Escargot déchaîné (40 à 43), la Décroissance n°181, Fakir n°99, et l’Enseignement ménager dans les écoles rurales (1912), je m’attaque au Rapport final du Mémento silice industrielle du BRGM*, sur lequel je suis tombée après une recherche active de compréhension du processus de fabrication d’un panneau photovoltaïque.
Qu’en pensez-vous ? Ce panneau est-il constitué de sable comme le dit la vulgarisation scientifique destiné au quidam, pour lui faire accepter cette technique comme salvatrice, ou verdissement organisé de croissance ?
Pourquoi cette chute dans une quête littéraire hyper technique, plutôt orientée vers l’escargot en ce moment ? La raison, la recrudescence de l’utilisation du mot « décroissance » et le besoin de comprendre ce nouvel amour médiatique ?
[ D’ailleurs, récemment la découverte dans mon jardin de deux gros escargots de Bourgogne de 5 cm, que je n’avais encore jamais vu chez nous, m’a poussée à les observer. Vont-ils réussir là où Charles le Téméraire a échoué : conquérir la Lorraine ? Ces deux escargots, hermaphrodites comme chacun le sait ou devrait le savoir, étaient en train d’échanger leurs gamètes. Je les ai transférés dans une boîte en plastique, leur créant une bulle type « Parc du Centre », avec délices de salades, voluptueuse terre végétale mouillée, et après 3 jours de goinfrerie léthargique, ils ont creusé chacun un trou dans la terre, et ont pondu des œufs de la taille d’un petit pois. Huit jours après, l’observation terminée, ils sont allés coloniser un coin de bois pourvu d’herbes en tous genre, apportant 25 km plus loin, leurs gênes, ce qu’ils n’auraient pas pu faire, à pied.]
Passionnant la Vie, non ? Fin de l’histoire. Revenons à notre sable. Le BRGM nous dit que « Le silicium métal est extrait de quartz, de quartzite ou de sable extra-siliceux par des procédés métallurgiques utilisant des combustibles carbonés. Pour produire 1 tonne de silicium métal, il faut 2,9 t de silice pure et environ 3 t de combustible ainsi que 150 kg d’électrode en graphite, d’où un rejet d’environ 3,14 t de CO2. Le silicium obtenu sert de base à de nombreux produits minéraux ou organique utilisés dans divers industries : …pour la fabrication de panneaux photovoltaïques ». On peut creuser et lire encore toutes les publications. Les associations de protection de l’environnement sont fatiguées de toutes les luttes qu’elles doivent mener, tous les secteurs de la Vie étant attaqué. Une étude détaillée devrait être faite, avec force calculs, car au regard des enjeux, pas si utiles que cela et sûrement moins stratégiques qu’on veut bien le faire entendre, l’industrie du panneau solaire, fille de la croissance verte, à l’échelle du développement attendu est une industrie hautement polluante.
Pas si vertueux que cela le panneau solaire. Il s’agit d’une autoroute de développement, où l’industrie s’engouffre, largement subventionnée en fin de course. Mais, de nouvelles usines sont construites, de nouvelles pollutions sont générées, et même si, je dis bien même si, la durée de vie peut compenser la pollution générée, il faut bien garder à l’esprit, que ce sera gigantesque.** En Lorraine, où la plus grande usine d’Europe sera construite, on va créer plus de 2000 emplois, qui vont générer le déplacement de plus de 2000 véhicules par jour. L’enquête publique a rassemblé 10 contributions !
On peut comparer cela à la nouvelle vertu des automobiles « propres » engloutie par la multiplication de leur nombre-plus de mal que de bien. Les batteries électriques des voitures, et autres gadgets sont en train de ruiner le salar de Uyuni en Bolivie, ou d’autres gisements de carbonate de lithium.
Au bout de course, en France, on rejettera de l’hydroxyde de lithium dans les rivières□□. La boucle est bouclée.
Et n’oubliez pas un détail, le lithium est administré par les psychiatres comme régulateur de l’humeur indiqué dans le traitement curatif des épisodes de manie et d’hypomanie, mais aussi comme traitement préventif de ces épisodes. Bientôt tous monomaniaques ou hypomaniaques, ou que sais-je ? La Lorraine bientôt conquise, là où Charles le Téméraire a échoué ?
Je préfère l’escargot. Il n’a pas besoin de lithium, ni pour son téléphone, ni pour sa batterie, et encore moins pour son humeur. La décroissance c’est le bon sens, l’intelligence collective contre l’hystérie collective.
Et si j’en reviens au fascicule de « L’enseignement ménager dans les écoles rurales »1, on se rend compte que bien avant d’être dépendant de l’électricité, on vivait de façon ingénieuse, pauvrement, et qu’être ménagère ou ménager était un métier à part entière, bien loin de ce que certaines féministes aisées ont bien voulu nous faire croire, elles qui emploient des ménagères professionnelles.
« On comprend sous le nom d’économie domestique l’ensemble des règles à suivre, des moyens à employer : – 1e pour diriger un ménage et entretenir une maison, selon les règles de l’hygiène/ – 2è pour procurer le plus de bien-être possible aux membres de la famille, en usant intelligemment et économiquement des ressources dont on dispose. Les connaissances que comporte cette science, quoiqu’en apparence très modestes, sont d’une utilité incontestable. »1
Ce cours s’adressait aux filles, on était en 1902, mais en 2021, il permet toujours à tout un chacun, fille ou garçon, de se plonger dans un temps où la bougie avait encore cours, de faire simplement, mais surtout de comprendre que nul n’a besoin du superflu consumériste, et peut opter pour la décroissance à travers la sobriété choisie.
C’est aussi un petit clin d’œil à Marie-Eve Lapy-Tries et son texte « Femmes au foyer : halte aux discriminations », paru en 2014.
Oui, son écrit, a fait écho auprès de nombreuses femmes, dans sa situation. Nos mères ne nous avaient-elles pas dit, « tu dois étudier pour être indépendante ». Oui, et après, on a oublié tout le reste, à force d’avoir le nez dans nos bouquins, on doit réapprendre la vie simple.
40 ans plus tôt paraissait le « Manuel de la vie pauvre »2, qui permettait encore le choix de la pauvreté, juste avant l’avènement du consumérisme. Et je fais une grimace accentuée à mon oncle qui, fortement dépendant de l’électricité pas chère, jure que les femmes étaient malheureuses dans son enfance, à trimer, là où ma mère ne parlait qu’avec une nostalgie réjouie□ des longues veillées après une journée bien remplie, avec les voisins, et de la bonne humeur régnante. Les machines ont-elles simplifié les choses, au contraire, avec le capitaliste de nouvelles dépenses et de nouvelles tâches ont été créées.
Melle Darcy dans « Le petit cours d’enseignement ménager »3 de 1908, nous rappelle ceci : « La santé, l’aisance, le bonheur de toute une famille dépendent souvent de la ménagère qui dirige le foyer. Savoir tirer le meilleur parti de son budget, bien soigner ses enfants, préparer une nourriture saine, agréable, économique, faire durer longtemps le linge et les vêtements en les entretenant avec soin, donner au logement un aspect ordonné et riant qui charme et retienne au foyer tous les membres de la famille, c’est la science du ménage, science souvent méconnue et délaissée aujourd’hui, mais à laquelle on sent le besoin de revenir, comme le prouve le succès croissant des écoles ménagères.
Quoi de plus désolant, en effet, que de voir la mère de famille abandonner tous les jours sa maison pour aller gagner deux ou trois francs dans une usine ! Elle ne calcule pas ce qu’elle perd d’un autre côté, en mettant ses enfants en garde, en achetant des aliments tout préparés, toujours coûteux ; en obligeant son mari à prendre ses repas chez le marchand de vin ; en payant parfois une ouvrière pour faire les raccommodages, en faisant blanchir son linge au dehors, en achetant des vêtements tout faits au lieu de les confectionner elle-même, etc… Et au point de vue moral, quel désastre que ce foyer abandonné, ces enfants livrés au hasard de la rue !. »3
Aujourd’hui, combien de mères de famille sont dans cette situation, à gagner quelques euros net dans des emplois indignes d’elles, à perdre leur vie à la gagner, victime du consumérisme, avec leurs enfants devant les écrans? A quand un fascicule de « L’enseignement de la décroissance dans les écoles » ?
Marie-Noëlle-août 2021-mars 2024
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Notes
1 Cours_d’enseignement_ménager___rédigé_[…]_bpt6k55409524.pdf
2 Manuel de la vie pauvre-Les enfants d’Aquarius-Stock-1974
3 Petit_cours_d’enseignement_ménager___[…]Darcy_Mlle_bpt6k30419233.pdf
□ « Le goût de la nostalgie réjouie » François Morel
□□https://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/cr_css_carling_28_01
* https://r.search.yahoo.com/_ylt=AwrkLqrSwgtmSRUOl2KPAwx.;_ylu=Y29sbwMEcG9zA
** Le projet, porté par REC Solar, dont il est question a été abandonné. Mais il est repris en 2023 par une autre entreprise :