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Intervention de 10 minutes dans l’émission « l’air du temps » préparée et dirigée par Martine DUTAILLY ; lundi 13 mai vers 9 h 20.
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Une lectrice de la Voix du Nord écrivait, le 21 Avril : « Suis-je la seule à en avoir déjà assez ? Pas une publicité qui ne se réclame partenaire des JO … Pas un journal télé sans une rubrique JO… Elle ajoute : « Je passe sous silence le trajet de la flamme suivi en direct depuis la Grèce … Les sommes dépensées par les communes pour l’accueillir, les discours dithyrambiques des journalistes sportifs …Nous ne connaîtrons jamais le coût réel de cette manifestation … Et cette merveilleuse cérémonie d’ouverture dont la jauge est revue à la baisse régulièrement … Et les millions dépensés pour rendre la Seine baignable …Cette lectrice se demande si elle est la seule à en avoir assez … Apparemment non, car je crois que vous la rejoignez dans ce qu’elle affirme …. C’est vrai que le matraquage a commencé déjà, il y a petit moment !
Une remarque avant de commencer cette intervention : ce que je dis n’est pas mot pour mot ce que pense l’ensemble du collectif ACCAD. En tout cas, cela n’engage véritablement que moi.
2024 n’est pas – loin de là – 1978 lorsqu’il y a eu la création du COBA pour le boycott de la coupe du monde de football en Argentine. A cette époque, ce pays était une dictature (je ne parle pas de ce qui se passe en ce moment !).
Pour les JO 2024, Le matraquage est impressionnant ; à commencer par les reportages montrant que les JO seront populaires et très utiles pour tout le monde ; on insiste avec le parcours de la flamme, sous bonne escorte ; sur le départ de Marseille avec notamment Jul, le rappeur, tellement bien dans le système.
Dans notre région, on va avoir des éditions spéciales puisque, début juillet, la flamme passera par Lille, Lens-Hénin et Amiens. Il ne faut pas oublier que les communes ont payé pour avoir ce « privilège » !!
On n’a pas fini de nous bassiner avec cet évènement que l’on veut si important. Ces jeux dits populaires servent à endormir les Français, à faire profiter les entreprises privées et à endetter encore plus l’État. Ils coûteront chers, même pour celles et ceux qui voudront assister.
Comme nous le savons très bien, à présent, vous êtes du Collectif ACCAD ; contre les compteurs communicants mais aussi contre les ondes, le numérique à outrance et tout ce qui nuit à l’homme …. Et ce qui vous gêne, entre autres, dans tout ce que je viens de citer c’est la surveillance … le contrôle … l’intrusion dans la vie privée …. Pour les JO, ce sera le summum, avec une vidéoprotection intelligente, comme ils disent … avec reconnaissance faciale…La vidéosurveillance dans l’espace public est interdite par défaut mais autorisée sous condition depuis 1995 : chaque installation d’une caméra doit être soumise à une autorisation préfectorale. …. Mais là, c’est l’État … bien entendu … qui affirme qu’elle est une nécessité afin de garantir le maintien de l’ordre … On peut le comprendre …
On veut nous faire croire qu’il y aura un grave problème de sécurité. Donc, on enfonce le clou et on y met le paquet : surveillance, surveillance, surveillance. Comme vous le dites, avec tous les moyens : vidéosurveillance, reconnaissance faciale, drones, IA bien entendu, notamment pour détecter tout comportement supposé « suspect ». Comme il faut s’habituer à ce monde très technologique, les habitants de certains quartiers ne pourront y accéder qu’avec un QR Code, si possible sur leur portable.
Pour toute cette préparation, on a fait appel aussi à des pays qui ont une avance sur nous ; par exemple, la Chine (avec l’entreprise Huawei déjà implantée dans notre région puisqu’elle est en cheville avec la mairie de Valenciennes) ; Israël, très en pointe dans ces domaines, en très bons rapports avec la commune de Nice … Par ailleurs, sans rentrer dans l’actualité brûlante dans d’autres domaines, on profite de tous ces évènements, de ces drames aussi, pour tester le matériel, pour l’améliorer et pour le rendre indispensable. Tout le monde aura vu qu’on ne peut pas se passer de cette super technologie.
On oublie que tout cela servira pour mieux nous contrôler, nous encercler,, pour numériser encore plus cette société, pour minimiser la place de l’Humain. Bien entendu, on y perdra beaucoup car le mot LIBERTÉ est souvent remplacé par le mot SÉCURITÉ. C’est pour cela que le collectif ACCAD s’inquiète et donne sa petite opinion sur ce sujet d’actualité.
Un autre lecteur de la Voix du Nord écrit « Qu’on nous lâche 5 minutes avec les Jeux, nous les contribuables qui mettons la main à la poche pour financer cette manifestation très franco-parisienne et qui ne verrons, à notre niveau, aucun retour sur investissement ». Pas de retour sur investissement, mais des retours il y en aura sur le plan social… et pas forcément positifs ….
Les aménagements pour ces jeux ont rendu de plus en plus difficiles la vie et le travail dans des quartiers populaires : expulsions à Saint-Ouen, augmentation des loyers, installation d’un rond-point juste à côté d’un établissement scolaire, pollution doublée dans le quartier Pleyel de Saint-Denis, réduction des places en hôtels sociaux dans tout Paris, conditions de travail dégradées sur les chantiers avec exploitation éhontée – notamment des migrants – etc. On bétonne et/ou on privatise des parcs publics et des jardins ouvriers dans la région parisienne et dans les environs.
En ce moment, on est d’ailleurs en train de nous dévoiler un nouveau phénomène : les sportifs de haut niveau lancent des cagnottes en ligne pour financer leur préparation aux JO.
Il n’y a pas qu’à Paris qu’on voit les dégâts sociaux et environnementaux ; un exemple parmi tant d’autres : à Tahiti, les coraux sont menacés …
Lors de JO précédents, de nombreux saccages ont été faits … tant sur le plan humain que sur le plan environnemental
Bien entendu, nous ne sommes pas les premiers à agir de cette façon si scandaleuse. Si on remonte un peu dans le temps :
• 2022 – Pékin : détournement de précieuses ressources en eau pour créer de la fausse neige dans des montagnes arides, créant ainsi une industrie qui continuera dans le futur à engloutir les ressources de la région…
• 2020 – Tokyo : destruction des appartements Kasumigaoka, un lotissement public où certains résidents ont été relogés après leur première expulsion…
• 2016 – Rio : destruction de Vila Autódromo, un village de pêcheurs vieux de plusieurs décennies qui abritait près de 800 familles…
Il y a eu d’autres dégâts avant 2016 ! Il y en aura aussi après 2024. Par exemple :
• 2026 – Italie/Milan et Cortina : assaut contre les montagnes dans les Alpes orientales ; les JO se transforment de plus en plus en une occasion de nouvelles dévastations environnementales…
• 2028 – Los Angeles : destruction programmée d’Echo Park Lake, violente expulsion de 200 personnes vivant sous des tentes, enfermement et militarisation de cet espace autrefois public. De nouveaux stades font grimper les loyers des locataires, démolissent les commerces locaux et polluent l’environnement…
Et pour ceux-ci, les conséquences seront-elles importantes … parce que je crois que des engagements avaient été pris en avril 2021 ??
Des engagements ont été effectivement pris en 2021 : diviser par deux l’empreinte carbone par rapport aux éditions précédentes. Les JO 2024 pollueront plus que prévu ; mais on ne s’en vante pas. Il faut que la fête soit parfaite, que le spectacle s’accomplisse, que le peuple s’amuse …
Notre lectrice de tout à l’heure nous disait que la France était presque la seule en lice pour obtenir ces JO ….Car bon nombre de pays sont conscients des déficits engendrés … Remarquez, lorsqu’on voit le déficit de la France … 3000 milliards d’euros …Un petit dérapage de plus , ce n’est pas très grave … ce sont nos enfants qui paieront
On est déjà dans le rouge. L’important est de garder le cap : numériser, surveiller, révolutionner la société et – surtout- la nature grâce à cette folie technologique qui entraîne le monde vers le précipice. L’important est d’aller dans le sens du progrès technologique même si c’est au détriment du progrès humain.
Par ailleurs, on est déjà en piste pour les JO d’hiver en 2030. On n’a pas retenu la leçon d’Albertville et de la Savoie en 1992. Le déficit a été de 300 millions de francs.
Vous avez voulu nous montrer le vrai visage des JO… ou du moins l’autre facette moins brillante … Certains pensent comme vous … Que peuvent-ils faire pour signifier leur désapprobation ?
On est dans un contexte où on a l’impression qu’on ne peut pas faire grand-chose : on a un rouleau compresseur devant nous. Il faut donc esquiver puisqu’on n’a pas réussi à se regrouper pour montrer comment les évènements sportifs sont utilisés pour éviter de montrer les vrais problèmes. Donc, que faire malgré tout ?
Tout d’abord, éviter de regarder tous ces documentaires spéciaux, d’écouter tous ces reportages liés au circuit de la flamme et aux jeux. On va en être gavés !! Ensuite éviter Paris entre Le 26 juillet et le 11 août ; mais aussi éviter d’autres endroits en France, là où il y a des compétitions. Enfin et surtout expliquer, expliquer encore et encore à quoi servent ces jeux. Ce sera le plus dur, mais on doit montrer les enjeux : ce sport-spectacle est partie intégrante de cette société de plus en plus capitaliste.
Il faut se souvenir de ce qui a été dit du temps de la Rome antique : « que leur faut-il ? Du pain et des jeux du cirque. » On en est presque là, sauf qu’aujourd’hui, de nombreuses personnes, en France, n’ont pas les moyens de s’acheter du pain, de la nourriture.
Il ne reste donc que les jeux !