Macron en mode fêtard

Tous ceux qui n’ont pas cru aux Jeux se sont trompés” ! 

Avec ce nouvel axiome présidentiel, Emmanuel Macron compte bien continuer son exploitation éhontée des Jeux olympiques,

La France vient de subir un épisode caniculaire, encore un, le second de l’été, La planète est en surchauffe et brûle un peu partout. La Californie est ravagée par les feux de forêts, la ville d’Athènes est menacée par des incendies  mais finalement il n’y a rien d’anormal,  le réchauffement climatique suit son cours, Ces événements sont dans l’ordre des choses, s’inscrivent dans une logique qu’il n’est plus question de remettre en cause, il n’y a pas d’alternative au capitalisme et à un développement sans borne. 

Il faut s’habituer, s’adapter, vivre comme si de rien n’était. C’est clairement ce que proposent Emmanuel Macron et toute son équipe. La France est une grande nation olympique, elle vient de démontrer une capacité d’organisation hors pair et son sens de la fête, il faut continuer sur cette belle lancée,  “tous ceux qui n’ont pas cru aux Jeux se sont trompés” !  Avec ce nouvel axiome présidentiel, Emmanuel Macron compte bien continuer son exploitation éhontée des Jeux olympiques, il pense sans doute pouvoir  désormais entraîner les Français derrière lui et son futur gouvernement  en leur proposant du spectacle, des médailles, la Marseillaise et accessoirement quelques distributions de goodies. “On n’a pas envie que la vie reprenne ses droits”, Macron, en mode fêtard, veut rester dans sa bulle sportive avant de retourner dans sa bulle élyséenne, dans les deux cas toujours totalement coupé de la vie quotidienne des Français.

Déjà les jeux paralympiques se profilent à l’horizon et la France a été choisie pour accueillir les JO d’hiver de 2030.  Quel beau challenge en perspective ! Des milliards d’euros vont à nouveau être dépensés en infrastructures de transport et en équipements sportifs, les fabricants de canons à neige se frottent les mains ! Des milliards qui vont essentiellement profiter au business et à la croissance ! C’est cela la France rêvée de Macron, la France qui dépense sans compter pour les riches sur le dos des pauvres, une France de progrès qui parie sur la performance et la compétition et qui concilie sport et  business. 

La liesse populaire, la fraternité, la fierté d’être français vont pouvoir perdurer malgré les petits problèmes environnementaux que les écologistes, ou plutôt les éco-terroristes, et tous les grincheux essayent de monter en épingle pour empêcher toutes celles et ceux qui croient dans l’humanité et le progrès d’aller de l’avant. 

Le prochain – ou la prochaine – Premier  ministre ne sera pas issu des rangs du Nouveau Front Populaire, c’est une certitude. Macron entend bien user et abuser de ses prérogatives présidentielles, il veut construire une nouvelle majorité qui va de Anne Hidalgo à Valérie Pécresse, de Bernard Cazeneuve à Xavier Bertrand, il veut un gouvernement  de bâtisseurs,  de stakhanovistes du travail et de la croissance qui entendent  soumettre la nature à leurs exigences. 

Le dérèglement  climatique, la pollution, l’artificialisation des sols, l’effondrement de la biodiversité, ne doivent pas freiner le business, il faut être volontariste et optimiste. La technique permettra de toute façon aux riches de s’adapter à un environnement dégradé, quant aux autres, comme ils ne sont rien. . .

La France doit croire en ses capacités et parier sur un avenir de croissance et de consommation radieux et conquérant. Notre Président olympique va sans doute  tirer comme il l’annonce tous les enseignements  de ces JO et déclarer « l’esprit de défaite » inconstitutionnel. 

Pourquoi ne pas rendre obligatoire la prise de pilules euphorisantes dès l’école primaire afin de doper  » la capacité d’enthousiasme et d’émotion des Français devant le dépassement “ ?

Jean-Luc GASNIER ; inactif en activité, membre d’ATTAC33, de nationalité française mais terrien avant tout

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Un article récent sur le sujet

https://blogs.mediapart.fr/francis-poezevara/blog/170824/sans-podium-ni-medaille-c

Article signé Francis Poézévara, écosocialiste, conseiller municipal, le Printemps Putéolien, Génération·s

Article critiquable notamment sur la confusion qu’il fait entre le sport et la culture : par exemple, Cédric Herrou n’a parlé que de sport ; par exemple, le spectacle inaugural fait partie de la culture (et non du sport) … mais à quel prix – les associations culturelles aimeraient bien avoir autant de financement pour leurs diverses activités – on aime les grands spectacles, on a du mal à faire passer de grandes idées par l’intermédiaire de petites associations populaires qui font pourtant un boulot remarquable.

Critiquable dans la mesure où les activités sportives – donc non culturelles – partent d’une idée de hiérarchie consistant à mettre en avant surtout les premiers – un article court sur le sujet (merci Albert Jacquard de nous le rappeler) paraîtra sur ce site le 2 septembre.

Critiquable dans la mesure où il oublie de mentionner toute cette infrastructure qui a abouti à une surveillance hors du commun (avec ces caméras à reconnaissance faciale, ces drones, ces QR Code) : ce n’est pas étonnant de la part d’un élu qui, comme la grande majorité de ses congénères, est technophile.

Critiquable dans la mesure où il n’est pas fait mention de toute cette emprise policière dans les communes concernées et des débordements de la part – notamment – de Darmanin qui a empêché le déplacement de nombreux militants. Ce n’est pas étonnant qu’il n’y ait pas eu d’attentats, eu égard à tout ce matériel mis en place pour quadriller l’évènement – quadrillage qui servira encore après l’évènement et qui préfigure de mieux en mieux cette société liberticide et sécuritaire, société à l’image de la Chine.
Critiquable quand on pense à la pantomime de la propreté de la Seine.

Critiquable quand il n’est pas fait mention des retours financiers positifs du côté du CIO et des sponsors, et des dépenses somptuaires qui seront supportées par les personnes qui paient des impôts … ou par les structures publiques.

A toute fin utile – et pour conclusion temporaire -, il serait temps de relire « la société du spectacle » de Guy Debord.