Vaccination des canards …

contre la grippe aviaire en France

S’agissant d’un sujet pareil on hésite franchement entre amusement et consternation. L’affaire vous avait déjà été contée en octobre 2023 et commençait à faire couler beaucoup d’encre : les Français, qui savent tout mieux que tout le monde, s’ingénient à vacciner leurs canards qui du coup deviennent invendables à l’export et ces pauvres volatiles persistent imperturbablement à tomber malades malgré leurs deux injections. Donc on pousse les éleveurs à ce qu’ils vaccinent leurs animaux avec cinq doses alors qu’aucune étude n’a évalué la toxicité de ces produits pour les consommateurs humains. Au fait, en mi-cuit, qu’est-ce que le canard vous transmet à part son bon goût de terroir ?

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La France est le seul pays au monde à imposer la vaccination antigrippe aviaire pour tous les canards d’élevage et les autorités en sont très fières. Parmi les deux produits proposés, le CEVA à ARNm auto-amplifié est le premier produit de ce type injecté aux oiseaux en phase de commercialisation. Un autre ARNm auto-amplifié est commercialisé pour les porcs par MSD : le Sequivity. L’USDA inclut un temps de sevrage obligatoire avant consommation de viande d’animal vacciné pour exclure toute contamination par consommation de viande : des tests déterminent au bout de combien de temps aucune trace du vaccin ne peut être identifiée dans une partie quelconque de l’animal. Toujours aux USA, des projets de loi sont en cours pour obliger l’étiquetage détaillant les vaccins reçus par les animaux de boucherie. Il a été impossible de trouver les traces de telles précautions prises en France concernant la viande de canards vaccinés.

En France, depuis l’automne 2023, la vaccination des canards contre la grippe aviaire est devenue obligatoire pour les élevages détenant plus de 250 canards (Barbarie, mulard et Pékin) dont les produits (viande et foie gras) sont destinés à la commercialisation. Seuls les élevages de plus de 250 canards sont concernés. La vaccination des canards des élevages détenant moins de 250 individus demeure interdite.

Selon le Ministère de l’Agriculture, « Cette initiative est la première en Europe, positionnant la France comme le premier grand pays exportateur de volailles à déployer une stratégie de vaccination à grande échelle pour protéger ses élevages. Au cours de cette permisère campagne vaccinale, entre le 1er octobre 2023 et le 30 septembre 2024, 61 millions de canards ont fait l’objet d’une vaccination contre l’IAHP. Le 1er octobre 2024, cette campagne a été reconduite selon la même stratégie, en complément des mesures de biosécurité et de surveillance renforcée déjà en place sur le territoire métropolitain ».

« Pour mémoire, 1 378 foyers IAHP ont été recentés en élevage lors de l’épizootie 2021-2022 en France, conduisant à l’abattage de 22 millions de volailles. Lors de l’épizootie 2022-2023, 402 foyers en élevage ont été recensés, pour un total de 10 millions de volailles abattues. »

Pourtant les autorités sanitaires sont conscientes que la vaccination n’est pas efficace et commercialement néfaste puisque les pays étrangers refusent l’importation de volailles vaccinées.

Une conférence a été donnée en 2022 à la Chambre d’Agriculture de Dordogne (Sud-Ouest de la France, une région d’élevage traditionnel de canards), en voici un bref résumé :

La grippe aviaire (due au virus hautement pathogène IAHP H5N1) est présente dans 24 pays, il n’y a plus d’intersaison (l’alerte est permanente), dans la faune sauvage et dans les élevages. Le risque s’accentue pendant les périodes de migration des oiseaux sauvages. Le virus (clade H5 2.3.4.4b) circule à l’échelle mondiale et est apparu en Asie du Sud-Est il y a 8 à 10 ans, il voyage par les oiseaux migrateurs. L’expansion des virus H5NX date de 1996. Des vaccinations peu efficaces qui ont fait se multiplier des variants plus pathogènes ont conduit à des pressions internationales contre la vaccination. La réponse au virus est l’abattage des élevages contaminés et le confinement des cheptels. Aux USA tous les animaux sont confinés et le virus se répand quand même, on ne trouve jamais l’oiseau qui contamine l’élevage, on suppose donc que le virus est présent en permanence dans l’environnement. La seule solution proposée [en France] est la vaccination puisque le confinement ne suffit pas à empêcher la contagion. Un éleveur de canes pondeuses, présent à la conférence, rapporte son cas. Ses 13 000 volailles ne pondaient plus  ; un test positif à l’Influenza Aviaire a été effectué ; au bout de trois semaines, elles se sont remises à pondre, pas un seul animal n’est mort, au bout de trois mois, l’abattage a été quand même imposé. Il s’agissait de canards vaccinés.

Extraits d’une conférence du Pr Jean-Luc Guerin, professeur à l’École Vétérinaire de Toulouse à la Chambre d’agriculture de Dordogne, du 10 novembre 2022 destinée aux éleveurs.

Les informations recueillies lors de cette conférence sont en accord avec les connaissances acquises sur la vaccination animale. L’utilisation des vaccins chez les oiseaux peut favoriser l’émergence de mutants.

Ceci est connu pour la maladie de Marek des volailles. La vaccination peut aussi augmenter la diffusion du virus H5N1 et une protection incomplète au niveau des oiseaux peut entraîner une propagation silencieuse du virus. Les vaccins peuvent exercer une pression immunologique de sélection sur les souches en circulation : les souches non ciblées par le vaccin sont favorisées et parmi elles peut émerger un variant ayant un potentiel de pathogénicité accru chez l’homme. En Chine, malgré un programme obligatoire de vaccination de toutes les volailles à partir de septembre 2005, le virus de la grippe H5N1 a provoqué des épidémies chez les volailles dans 12 provinces entre octobre 2005 et août 2006. L’analyse génétique a révélé qu’un mutant du virus H5N1, qui est une sous-lignée du virus H5N1 non caractérisée auparavant, était apparue et était ensuite devenue le variant prédominant, remplaçant les multiples sous-lignées précédemment établies dans le sud de la Chine. D’après une publication chinoise de 2023, un vaccin contre H5N1 pour les oiseaux, fondé sur la technologie VLP (virus-like particule à partir de baculovirus d’insecte : le baculovirus recombiné avec les gènes du virus aviaire est cultivé sur cellules d’insectes) et adjuvanté protège les poulets. Mais les poulets vaccinés excrètent encore le virus lorsqu’ils sont infectés (en quantité inférieure aux non vaccinés). Comme ces poulets auront moins de symptômes que des poulets non vaccinés ils ne seront pas repérés et pourront continuer à excréter le virus et à le répandre.

Les vaccins proposés aux éleveurs de canards en France

En septembre 2023, seul le vaccin Boehringer Ingelheim a été sélectionné par l’ANSES (l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) pour lutter contre la grippe aviaire, alors que 2 vaccins ont été testés : le vaccin à ARNm du Français CEVA a été écarté pour des raisons logistiques (conservation nécessaire à très basse température). 80 millions de doses seront fournies, le vaccin a été expérimenté en France sur des canards mulards. C’est un vaccin sous unitaire H5 inactivé (le sous-type H5 est la souche prévalente en automne 2023 en France), il est commercialisé depuis plus de 10 ans.

En mars 2024 cependant, les autorités changent d’avis et commandent 27 millions de doses de vaccin ARNm CEVA et 34 millions de vaccins classiques Boehringer pour une vaccination obligatoire des canards depuis octobre 2023 (en 2023 les 80 millions de doses avaient été attribuées à Boehringer). CEVA aurait modifié les conditions de stockage, allégeant les contraintes thermiques. La vaccination comprend 3 doses de vaccin. SANITAIRE Vaccin influenza (Boehringer) et CEVA se partagent les doses.

Le vaccin CEVA est à ARNm auto-amplifié codant pour H5 du H5N8 enrobé dans des nanoparticules ferriques, il contient du squalène (soupçonné de toxicité chez l’homme). L’(auto)-injection accidentelle peut provoquer de fortes douleurs et un gonflement, notamment en cas d’(auto-)injection dans une articulation ou un doigt de la main, et, dans de rares cas, conduire à la perte de ce doigt si un examen médical n’est pas effectué rapidement.

Les vaccins Boehringer et CEVA ont été évalués en 2022 par l’École Vétérinaire de Toulouse. Le schéma vaccinal comprenait 2 doses pour chaque vaccin (à 1 jour et 28 jours de vie pour le vaccin CEVA à ARNm et à 10 jours et 28 jours de vie pour le vaccin recombinant Boehringer). La conclusion officielle de l’essai est que les 2 vaccins réduisent le niveau et la durée de l’excrétion virale par voie respiratoire et fécale et réduisent la transmission entre volailles (aucune transmission n’a été observée par contact indirect c’est-à-dire aéroportée). Mais l’excrétion cloaquale chez les vaccinés et les non vaccinés dure 14 jours et elle est seulement légèrement réduite chez les vaccinés par rapport aux témoins.

Le vaccin A est le CEVA à ARNm et le vaccin B le Boehringer sous-unitaire.

Il est clair que l’excrétion est seulement légèrement diminuée chez les animaux vaccinés, en quantité mais pas en durée.

Le peu de signes cliniques obtenus après inoculation de la souche d’épreuve dans les conditions expérimentales utilisées, y compris chez les canards mulards non vaccinés, ne permet d’obtenir que peu d’éléments relatifs à la protection clinique. Néanmoins, les seuls signes cliniques observés l’ont été chez des sujets non-vaccinés. La vaccination limite fortement la transmission par contact direct et abolit la transmission aéroportée selon les conclusions des auteurs de ce rapport de l’École Vétérinaire de Toulouse. Pourtant leur document révèle que parmi les vaccinés il peut y avoir de rares individus qui demeurent infectieux pendant 3 jours qui peuvent transmettre le virus à d’autres canards mais que ces contacts secondaires n’excrètent pas le virus par l’intestin.

Dès le début de la campagne de vaccination obligatoire en 2023, les autorités doutaient déjà de l’efficacité des vaccins puisqu’elles ajoutaient une 3ème dose obligatoire pour l’une des 3 espèces ciblées (les canards mulards) : cette dose supplémentaire était censée réduire le risque d’excrétion et de transmission du virus.

Mais comme les ATU des vaccins ne prévoient que 2 doses, cette 3e dose obligatoire est appliquée sous la responsabilité du vétérinaire !

Cela signifie-t-il que les vétérinaires sont responsables pécuniairement des dégâts dus à cette 3è dose ?

En juillet 2024, le Ministère de l’Agriculture « propose » des doses de rappel pour les canards reproducteurs : il est question de 3 doses supplémentaires (en tout donc 5 doses) pour protéger les animaux à vie « longue » (40 semaines -même pas un an !).

Rappel pour nos amis étrangers : la vaccination des volailles destinées à l’exportation est INTERDITE.

Comme on pouvait s’y attendre, des cas de grippe aviaire sont signalés dans des élevages vaccinés.

Un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène a été confirmé le 06 novembre 2024 dans un élevage de canards implanté dans la commune de Saint-Étienne d’Orthe dans le département des Landes. Ces animaux avaient été vaccinés contre l’IAHP conformément à la réglementation ».

Un cas de grippe aviaire est détecté dans l’Eure en décembre 2024. Toutes les volailles sont confinées, le transport des oiseaux est interdit ainsi que la vente de volailles vivantes, la sortie d’œufs des exploitations (sauf dérogation !),la chasse aux oiseaux. L’élevage contaminé est abattu. Le Préfet de l’Eure prescrit des tests PCR tous les 15 jours sur les volailles vaccinées : « Pour les volailles récemment mises en place, n’ayant pas encore débuté leur vaccination, la vaccination est interdite. Les viandes et les produits contenant ces viandes obtenues à partir de volailles vaccinées issus de zone de protection ou de zone de surveillance font l’objet d’un marquage spécifique et d’un traitement d’atténuation si nécessaire… ».

La vaccination des volailles n’est pas reconnue comme utile dans le monde entier mais elle est pourtant imposée en France alors que les vaccins ne sont pas stérilisants et n’empêchent pas la diffusion du virus, ni la maladie comme l’ont montré les essais de 2022 et la campagne 2023-2024.

Quel est le danger des vaccins ARNm pour le consommateur ?

Lorsque les canards sont vaccinés avec le produit CEVA à ARNm auto-amplifiant, il faut souligner qu’aucun test n’a été effectué sur la capacité de ce produit génique à être transmis au consommateur de viande de canard. L’ARNm vaccinal est encapsulé et donc protégé dans des nanoparticules lipidiques (LNPs) qui sont théoriquement capables de résister aux sucs gastriques. Donc si le canard a été vacciné à l’ARNm, on peut supposer que ce produit a diffusé dans tout le corps de l’animal (comme ce qui a été montré chez l’homme, la souris, etc.). Si la viande est mal cuite (magret par exemple), l’ARNm peut être intact et toujours protégé dans les LNPs : le consommateur peut donc théoriquement être « vacciné » par cet ARNm destiné au canard. De plus on sait que l’ARNm vaccinal des produits géniques anti-COVID-19 Pfizer et Moderna peut être naturellement inclus dans des vésicules extra cellulaires naturelles ou exosomes par les cellules du vacciné; ces exosomes résistent aux sucs digestifs. Cette éventualité théorique n’a pas été étudiée chez les canards puisqu’aucune étude de biodistribution ni de pharmacocinétique n’a été menée dans l’essai de 2022. Pourtant on sait que des exosomes sont capables d’intégrer des réplicons d’ARNm et de les transmettre à d’autres cellules. Les militants écologistes et les organisations de consommateurs se préoccupent beaucoup des OGM végétaux dans l’alimentation mais pas des animaux transformés en OGM par la vaccination !

aimsib.org/