L’homme qui promeut la loi du plus fort ; itinéraire et origines
À 40 ans, le vice-président des États-Unis se présente à la fois comme l’intellectuel et l’avenir du trumpisme. Son terrifiant discours de Munich incarne une idéologie réactionnaire radicale, catholique et patriote, tissée d’un désir de revanche.
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JJ. D. Vance est un caméléon cohérent. Avec son parcours de transclasse – enfant pauvre des Appalaches élevé par une mère toxicomane, soldat en Irak, étudiant à Yale – et son habileté rhétorique, il sait s’adresser à n’importe quel auditoire pour produire un effet maximum.
À la Conférence de Munich sur la sécurité, devant les dirigeants européens, le vice-président des États-Unis choisit une argumentation frontale pour inquiéter un continent entier, tout en rassurant Poutine sur les négociations à venir à propos de l’Ukraine, puisque la Russie est considérée, à l’écouter, comme un moindre danger que le choix récent de la Suède de considérer que brûler un Coran pouvait relever d’une incitation à la haine et pas seulement de la liberté d’expression.
Au micro du podcasteur masculiniste Joe Rogan, J. D. Vance passe d’abord un quart d’heure à rigoler en racontant la réaction de ses enfants à la décision de Donald Trump de le choisir comme colistier, puis une demi-heure à stigmatiser la transidentité, moquer la « fausse viande » des végétarien·nes et dérouler des considérations aussi variées que « Emily in Paris est une série extraordinaire » ; « la seule manière pour certains de vouloir se défaire de leur “privilège blanc”, c’est de devenir non-binaire » ou « le corps humain est un temple pollué par le virus woke ».
Dans le magazine catholique américain The Lamp, il évoque sa conversion au catholicisme en citant en longueur La Cité de Dieu, de saint Augustin, la pensée du philosophe catholique français René Girard (1923-2015) ou encore le débat ayant opposé le logicien athée Antony Flew (1923-2010) à Basil Mitchell (1917-2011), professeur de philosophie de la religion à Oxford.
Dans son récit autobiographique à succès, Hillbilly Élégie, publié en 2016 et passé à l’écran en 2020 (Hillbilly est un terme employé pour décrire les habitant·es du Midwest, que l’on peut traduire par « péquenaud »), Vance emploie une langue simple et se présente comme l’incarnation du gendre idéal et du rêve américain : abandonné par son père, balloté entre les différents compagnons de sa mère toxicomane, élevé par sa grand-mère adorée et son grand-père alcoolique, et néanmoins capable d’intégrer une prestigieuse université de l’Ivy League pour y étudier le droit et y rencontrer sa femme et son mentor, Peter Thiel, seul magnat de la Silicon Valley à avoir soutenu Trump dès 2016.
Le glaçant discours de Munich
Cette capacité d’adaptation s’articule néanmoins avec un positionnement idéologique cohérent, bien qu’il se soit radicalisé depuis le succès électoral de novembre 2024 et la stratégie de choc et d’effroi mise en place par l’administration Trump depuis le 20 janvier.
L’orientation politique de J. D. Vance n’est pas dissimulée. À Munich, Vance a prononcé cette phrase, parmi d’autres moments effrayants : « Quand je regarde l’Europe d’aujourd’hui, on ne sait plus très bien ce qu’il est advenu de certains vainqueurs de la guerre froide. » Dans la capitale bavaroise où furent actés, en 1938, le renoncement franco-anglais face à Hitler et le blanc-seing européen à l’expansion germanique, ce n’est pas vers ce qu’il se passe aujourd’hui dans les pays qui ont inventé le fascisme et le nazisme que Vance tourne son regard.
L’administration qu’il codirige est en effet proche de Giorgia Meloni, arrivée aux commandes de l’Italie à la tête d’un parti héritier de la pensée de Mussolini. Et, à propos de l’Allemagne, J. D. Vance prône un rapprochement de la CDU et de l’AfD, dont il a rencontré la dirigeante. C’est-à-dire une fusion des droites traditionnelles et de l’extrême droite, comparable à celle qui a fait le succès du ticket Trump-Vance aux États-Unis.
Pour lui, le problème principal de l’Europe ne réside donc pas dans le retour en Europe d’idéologies xénophobes et ultranationalistes, mais plutôt dans une censure généralisée. Celle-ci se ferait sentir à « Bruxelles, où les commissaires ont mis en garde les citoyens qu’ils avaient l’intention de couper l’accès aux réseaux sociaux en période de troubles, dès lors qu’ils détecteraient ce qu’ils jugeraient être des “discours de haine” ».
Mais aussi dans « ce pays-ci » – on ne saura pas lequel – « où la police a procédé à des descentes chez des citoyens soupçonnés d’avoir posté des commentaires antiféministes en ligne, dans le cadre de la “lutte contre la misogynie” sur Internet ». Ou encore à travers le fait qu’un homme ait été empêché de prier, en Grande-Bretagne, à proximité d’une clinique pratiquant des avortements.
L’homme est habile et marque des points quand il s’en prend aux conditions problématiques dans lesquelles fut récemment annulé le second tour de la présidentielle en Roumanie.
Mais il fait l’impasse sur le fait que tous les textes fondamentaux qui formulent et garantissent la liberté d’expression énumèrent aussi des limites à celle-ci, même si, comme le note le chercheur Denis Ramond dans un livre de référence sur le sujet, ces limites ne « brillent ni par leur cohérence ni par leur clarté ».
Ce qui s’est joué dans le discours J. D. Vance à Munich constitue toutefois moins une discussion sur la « démocratie », réduite à quelques scrutins ponctuels que la puissance financière et médiatique permet d’influencer, ou sur la « liberté d’expression » ici invoquée pour combattre les principes d’humanité et d’égalité tout en censurant à tout-va les mots que l’administration Trump désapprouve, qu’une nouvelle pierre de l’agenda idéologique du vice-président des États-Unis.
La lecture de ses textes plus intimes – son récit autobiographique devenu un succès de librairie avant son entrée en politique, comme ses confessions sur sa conversion au catholicisme – permet de mieux saisir sa vision du monde, et les racines des puissantes motivations politiques de J. D. Vance peuvent alors se synthétiser au travers de quatre dimensions principales.
Un catholique récent, mais intégral
L’homme est avant tout un catholique intégral, convaincu que cette doctrine religieuse peut constituer le socle de la société. Il est lui-même persuadé d’avoir « senti le toucher de Dieu à de petits moments » de sa vie et assisté à quelques « miracles », notamment lorsque Donald Trump a échappé à une tentative d’assassinat en Pennsylvanie en juillet 2024, ainsi qu’il le dit dans l’entretien avec Joe Rogan.
Mais la conversion du vice-président date seulement de 2019. J. D. Vance ne vient pas, en effet, d’une famille catholique. II a été élevé dans un milieu inspiré par l’évangélisme protestant. Dans son récit autobiographique, Hillbilly Élégie, J. D. Vance raconte ainsi comment il a grandi dans une ambiance apocalyptique où « les gens discutaient pour savoir si l’Antéchrist était déjà sur Terre, et si oui, de quel chef d’État il s’agissait ».
Son père considère comme impie l’écoute de toute musique autre que religieuse, et le jeune J. D. se méfie de son oncle, qui accepte la théorie de l’évolution. Le futur vice-président est alors proche des théories créationnistes, y compris dans leurs variantes les plus radicales, dites « Jeune Terre », qui font une lecture littéraliste de la Genèse : la Terre ayant, selon celles-ci, été créée par Dieu en sept jours, il y a un peu plus de 5 000 ans.
Les croyants sont bien plus heureux que les autres personnes. J. D. Vance
En s’extrayant de son milieu social, J. D. Vance s’éloigne toutefois de l’évangélisme jusqu’à devenir athée pendant quelques années. Mais sa rencontre, à Yale, avec Peter Thiel, puis la lecture de saint Augustin et de René Girard lui permettent de retrouver l’expression d’une foi conciliable avec une forme de rationalisme dont l’évangélisme l’avait privé.
Cela lui permet d’affirmer, ainsi qu’il l’écrit dans Hillbilly Élégie, que « les croyants sont bien plus heureux que les autres personnes. Ceux qui vont régulièrement à l’église commettent moins de crimes, sont en meilleure santé, vivent plus longtemps, abandonnent moins souvent leurs études et obtiennent plus fréquemment un diplôme universitaire que ceux qui n’y vont jamais ».
À cette conviction s’ajoute une forme de revanche liée à un sentiment d’oppression de sa religion, qu’il exprime également dans son récit personnel : « Je lus un livre de David Limbaugh intitulé Persecution sur les multiples formes de discrimination dont les chrétiens étaient victimes. Internet bruissait d’informations concernant des œuvres d’art contemporain montrées à New York présentant des images du Christ ou de la Vierge couverts d’excréments. Pour la première fois de ma vie, je me sentais membre d’une minorité persécutée. »
Dans son discours de Munich, J. D. Vance a, de façon similaire, consacré un long moment à décrire l’injustice faite à Adam Smith-Connor, « un kinésithérapeute de 51 ans et ancien combattant, pour le crime odieux de s’être tenu à 50 mètres d’une clinique d’avortement et d’avoir prié en silence pendant trois minutes, sans gêner qui que ce soit, ni interagir avec quiconque, mais simplement pour avoir prié en silence ».
De cette foi profonde découle l’importance pour J. D. Vance des valeurs familialistes. Vance déteste celles et ceux qui décident de n’avoir pas d’enfants. Il a visé à plusieurs reprises les « childless cat ladies » (« femmes à chats sans enfants »), comme les démocrates Kamala Harris et Alexandria Ocasio-Cortez, qui non seulement n’engendrent pas une prochaine génération d’Américain·es, mais consacrent l’essentiel de leur énergie à leur carrière et à la politique plutôt qu’à s’occuper d’un ménage.
Loin des proclamations démocratiques du discours tenu à Munich, J. D. Vance s’avère le pilier d’un courant antimoderne et anti-égalitaire.
Vance a aussi suggéré que les parents devraient avoir le droit de voter au nom de leurs enfants, afin d’octroyer plus de poids électoral aux personnes qui « investissent » dans l’avenir des États-Unis.
Il défend aussi un modèle « traditionnel » de la famille. Dans Hillbilly Élégie, il raconte le jour où il crut être homosexuel et devoir finir pour cela en enfer, après avoir écouté le prêche d’un pasteur, parce que lui-même, à 8 ans, n’aimait guère les filles et ne fréquentait que des amis garçons. Il fallut l’intervention de sa grand-mère lui demandant s’il « avait envie de sucer des bites » et obtenant une réponse négative pour régler la question…
L’évolution de son rapport à la foi et à la religion est décrite minutieusement dans un texte au titre explicite, « Comment j’ai rejoint la Résistance », publié dans The Lamp le 1er avril 2020, soit moins d’un an après son baptême, que la revue Le Grand Continent a traduit et commenté en détail dans un article essentiel pour comprendre ce qui nous arrive.
Loin des proclamations démocratiques du discours tenu à Munich, J. D. Vance s’avère le pilier, aux côtés de Peter Thiel ou de Kevin Roberts, président de la Heritage Foundation dont les liens avec l’Opus Dei sont nombreux et anciens, d’un courant antimoderne et anti-égalitaire qui puise une partie de son inspiration réactionnaire-révolutionnaire dans le régime clérical autoritaire autrichien des années 1930 ou dans une forme de néo-maurrassisme théorisé par Yoram Hazony, pilier des grandes conférences « nat-con » dont J. D. Vance, alors simple sénateur de l’Ohio, fut un des intervenants les plus réguliers.
Un soldat patriote
Dans l’entretien de plus de trois heures avec Joe Rogan, Vance passe de longues minutes à discuter du tir ayant raté de très peu Donald Trump en Pennsylvanie. Le désormais vice-président se considère comme un combattant expérimenté, transformé par son expérience militaire en Irak, dont il raconte, dans son autobiographie, à quel point elle l’a changé, tant physiquement qu’en lui permettant de s’extraire du milieu pauvre et dysfonctionnel dans lequel il avait grandi.
J. D. Vance adopte certes, parfois, une position critique vis-à-vis de la guerre menée contre l’Irak à l’époque de George Bush, par exemple dans ce texte où il déclare : « Je suis parti pour l’Irak en 2005, jeune idéaliste déterminé à répandre la démocratie et le libéralisme dans les nations les plus reculées du monde. Je suis revenu en 2006, sceptique quant à la guerre et quant à l’idéologie qui la sous-tend. »
Une partie de son refus de soutenir l’Ukraine tient à ce sentiment d’échec laissé en lui par le terrain irakien et sa conviction que les États-Unis ne doivent pas dépenser d’énergie, d’hommes et d’argent dans des guerres lointaines. Mais il n’empêche que ce même terrain irakien est au cœur de l’homme qu’il est devenu, au-delà du fait qu’à l’instar de beaucoup de ses compatriotes, J. D. Vance a vécu l’attentat contre le World Trade Center comme un basculement. « Les attentats du 11-Septembre avaient eu lieu un an plus tôt, pendant mon avant-dernière année de lycée, et, comme tout Hillbilly qui se respecte, j’étais prêt à partir au Moyen-Orient pour buter du terroriste », écrit-il ainsi.
À 16 ans, je me suis promis de serrer la main à chaque vétéran que je croiserais. J. D. Vance
Outre le renforcement d’un imaginaire de Far West exprimé d’une phrase pendant le discours de Munich – « il y a un nouveau shérif en ville » –, J. D. Vance écrit, dans Hillbilly Élégie, ce qui est sans doute une des clés de son ascension spectaculaire : « Les marines avaient fait naître en moi un incroyable sentiment d’invincibilité. »
L’expérience en Irak l’a profondément marqué dans son rapport au monde et à son pays. Dans un livre au ton relativement mesuré, c’est le seul sujet à propos duquel il s’emporte, en racontant sa rencontre avec un autre étudiant de l’université de l’Ohio : « J’écoutai un camarade de classe qui avait 19 ans et portait une barbe hideuse débiter les aberrations habituelles sur la guerre en Irak. […] Ce trouduc à la barbe mitée osait raconter que nous tuions des gens pour le plaisir. »
En résumé, comme il l’écrit encore dans Hillbilly Élégie en parlant de sa grand-mère: « Mamaw a toujours eu deux dieux : Jésus-Christ et les États-Unis d’Amérique. Je n’étais pas différent. […] J’ai les larmes aux yeux quand j’entends l’hymne sirupeux que Lee Greenwood a intitulé God Bless the USA. À seize ans, je me suis promis de serrer la main à chaque vétéran que je croiserais. […] Je refuse encore de regarder Il faut sauver le soldat Ryan avec d’autres personnes que des proches, car je pleure pendant toute la scène finale. »
De façon symptomatique, son récit autobiographique est d’ailleurs dédicacé à ses grands-parents maternels qui l’ont élevé, mais avec cette formulation particulière : « Pour Mamaw et Papaw, mes Terminator à moi ».
Un revanchard nativiste
Dans son discours tenu à Munich, J. D. Vance a exprimé ce qui, bien plus que la Russie, lui semblait être la menace principale pour l’Europe, à savoir l’immigration : « Parmi tous les défis urgents auxquels les nations ici représentées font face, je ne crois pas qu’il y en ait de plus pressant que les migrations de masse. Aujourd’hui, près d’une personne sur cinq vivant dans ce pays est née à l’étranger. »
Prenant appui sur la voiture conduite par un Afghan et qui a foncé dans une foule munichoise peu avant son discours, il a enchaîné : « C’est une histoire terrible, une histoire que l’on a trop entendue en Europe et hélas trop aux États-Unis aussi. Un demandeur d’asile, souvent un jeune homme dans sa vingtaine, connu de la police, qui fonce dans une foule avec une voiture et fait voler en éclats une communauté unie. Combien de fois devons-nous subir ces revers épouvantables avant de donner une nouvelle direction à notre civilisation commune ? Aucun électeur sur ce continent ne s’est rendu aux urnes pour ouvrir les vannes à des millions d’immigrés sans contrôle. »
Brandir la menace migratoire en l’assimilant aux attentats est le trope et le carburant principal des extrêmes droites occidentales. Mais J. D. Vance l’ancre dans une histoire particulière. Tout son livre, Hillbilly Élégie, est en effet construit comme une ode au monde dont il est issu et dont il veut à la fois montrer et contrer la fragilité : celui des familles blanches et ouvrières du Midwest américain.
« Je veux qu’on sache quelle vie mènent les plus pauvres et qu’on mesure l’impact de cette pauvreté, matérielle et spirituelle, sur leurs enfants », écrit-il en ouverture de son ouvrage. En affirmant également que « là où les Américains voient des Hillbillies, des rednecks ou des white trash, [il] voi[t] [s]es voisins, [s]es amis, [s]a famille ».
Pour Vance, « des études ont prouvé que la classe ouvrière blanche est la catégorie la plus pessimiste de la population américaine. Davantage que les immigrants latinos, dont beaucoup vivent pourtant dans une pauvreté inimaginable. Davantage même que les Africains-Américains, dont les perspectives économiques sont toujours largement inférieures à celles des Blancs ».
Comme lors de son discours de Munich, Vance s’exprime dans une langue nativiste, dans laquelle le « peuple » est conçu comme un élément non métissé, en y ajoutant l’envie, sensible dès son récit autobiographique, de (re)donner aux classes populaires blanches l’occasion de prendre leur revanche.
Un fondamentaliste de l’inégalité
Ce qui ressort encore de Hillbilly Élégie, c’est à quel point, alors même que J. D. Vance analyse avec une certaine finesse les conditions, notamment économiques, qui ont conduit une grande partie des lieux et des gens parmi lesquels il a grandi à sombrer dans la pauvreté, la drogue et le désespoir, le vice-président des États-Unis refuse l’existence des déterminismes sociaux.
Pour lui, à l’encontre de la réalité de la désindustrialisation qu’il étudie par ailleurs, chacun est responsable de son sort et de son destin, et « nous choisissons de ne pas travailler alors qu’il le faudrait ». Une conviction renforcée par son propre parcours de transclasse.
Le gouvernement encourage le déclassement à travers le système d’aide sociale. J. D. Vance
Les problèmes que ces individus rencontrent, juge-t-il dans son récit personnel, « ont des causes bien plus profondes que les seules tendances macroéconomiques et la politique ». Ce qui prive les siens de chances de réussite, affirme-t-il, ce sont les déménagements incessants, les remises en ménage fréquentes, les disputes familiales : « Ça et pas la médiocrité de l’école publique. »
Tous les problèmes, insiste-t-il « ne sont pas causés par le gouvernement, les grandes entreprises ni personne d’autre » : « Nous les avons créés et nous seuls pouvons les régler. »
Pire, les aides, qu’elles soient étatiques ou familiales, s’avéreraient contre-productives et perverses. J.D Vance écrit ainsi : « Je dis à Mamaw qu’aider ma mère aggravait les choses et que, si elle avait mis le holà il y a trente ans, peut-être que Maman ne serait pas en train de supplier son fils pour obtenir de la pisse propre » afin d’échapper à un test de détection de drogue dans les urines.
Il en est de même pour les interventions de l’État. Pour Vance, les bénéficiaires d’aides sociales sont des assisté·es : « Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi notre vie à nous était un combat quotidien, alors que ceux qui vivaient des largesses du gouvernement s’offraient des délices dont je ne pouvais que rêver. »
Mais cela va plus loin que cette rhétorique classique de la droite et de l’extrême droite puisque, selon lui, « le gouvernement encourage le déclassement à travers le système d’aide sociale ».
En bref, les acteurs sociaux et politiques sont, pour Vance, des entités insulaires, les seules à pouvoir et à devoir affronter les problèmes auxquels elles sont confrontées, et la sélection prétendument naturelle se fera sur la force d’âme de chacun·e. Une conviction qui n’est autre que l’autre face de la loi du plus fort, et peut aussi bien s’appliquer à un individu qu’à une nation comme l’Ukraine ou à un continent comme l’Europe…
Mediapart ; Joseph Confavreux