Utopia 56 ne lâche rien

A Lille, Tours, Grande-Synthe

Jeudi, à Lille, nous avons tenu une action devant l’Opéra avec les jeunes filles que nous accompagnons dans leur recours auprès du juge des enfants. Parmi elles, Grâce, leur porte-parole, âgée de 16 ans, dont la minorité a été contestée, a pris la parole pour motiver la mobilisation et raconter le quotidien et les dangers de vivre à la rue quand on est une fille.  
Leur demande est de pouvoir
être hébergées le temps du recours, en application du principe de présomption de minorité. Ce recours devant le juge pouvant durer plus d’un an, l’absence d’hébergement pendant cette période peut avoir des conséquences très graves.
Ces jeunes filles, comme tous les mineurs isolés en recours de minorité, sont considérées majeures par le département et mineures par la préfecture. C’est donc un flou juridique et administratif au-dessus duquel, aucun principe supérieur ne s’applique, à part une suspicion à charge qu’elles mentent sur leur âge. Pourtant, le comité des droits de l’enfant de l’ONU est clair :
ces jeunes doivent bénéficier du principe de présomption de minorité, et qu’à ce titre, l’État et toute collectivité territoriale doivent les protéger. 

C’est en vertu de ce principe que nous nous sommes rassemblé.es jeudi, avec les quinze jeunes filles que l’on accompagne. Pendant huit heures, nous n’avons eu que très peu de réponse des pouvoirs publics, et finalement, nous avons obtenu de la préfecture qu’elles soient hébergées pour quatre nuits en auberge de jeunesse.

C’est une victoire qui va leur apporter un peu de répit, mais ce n’est toujours pas conforme aux obligations de l’Etat qui doit garantir un hébergement digne et durable. À leurs côtés, nous allons donc continuer à insister sur la nécessité que la prise en charge soit complète et respectueuse de leur droit. C’est la seule manière de garantir un environnement sécurisant pour leur santé, leur dignité et leur avenir. Avoir un toit, c’est avoir un refuge, un endroit pour apprendre, faire ses devoirs, se nourrir correctement, avoir une bonne hygiène, et ne plus avoir peur. 
Nous nous tenons aux côtés de tous les mineurs isolés étrangers, et nous battons ensemble pour la défense de leurs droits.
Si nous sommes en mesure de les accompagner de la sorte, c’est grâce à votre soutien. 

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A Tours

L’Ilot, notre lieu d’hébergement collectif à Tours, fête son premier anniversaire ! Depuis son ouverture, l’Ilot a permis de proposer du répit à quarante jeunes, pour au moins une nuit. Ces quarante adolescent.es ont participé à écrire l’histoire de ce lieu. 
Ici se rencontrent des jeunes issu·es de
nombreux pays, des bénévoles engagé·es, des citoyen·nes solidaires, autour de valeurs communes de solidarité et de partage. Pour ces jeunes, loin de leur famille et de leurs proches, cela représente bien plus qu’un toit.
À l’Ilot, les jeunes disposent de
petites chambres collectives, pour deux ou trois maximums, qui leur permettent de se reposer et de construire leur avenir. Chaque soir, une quarantaine de repas chauds sont préparés et servis par et pour les jeunes, avec l’aide de bénévoles et grâce à des dons collectés chez des commerçants solidaire et la Banque Alimentaire.
Une
permanence d’accueil s’y tient tous les jours pour permettre aux jeunes de tous les lieux de venir chercher des vêtements, des produits d’hygiène et de partager un moment chaleureux à l’Ilot. Chaque semaine, nous organisons également une permanence juridique et de scolarité, pour répondre aux questions spécifiques des jeunes sur ces sujets.

Ce projet de lieu de vie collectif est entièrement porté par Utopia 56, grâce à l’engagement et à la mobilisation de nombreuses et nombreux bénévoles et la générosité des donateur·ices. Un immense merci à tous·tes.

Si les initiatives citoyennes comme l’Ilot permettent de sortir de la rue ces jeunes, elles contribuent malgré nous à leur invisibilisation. Bien qu’hébergés, leurs droits fondamentaux restent bafoués, puisqu’en vertu de la présomption de minorité, ils devraient être protégés par l’État. On ne lâche rien !

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A Grande-Synthe

Une politique qui se nourrit de la mort

En 2024, plus de 36 827 personnes ont tenté de traverser la Manche pour rejoindre l’Angleterre, 89 d’entre elles ont perdu la vie, en mer ou sur terre. 

 Le journaliste José Rexach du média Blast vous emmène sur le terrain, auprès des équipes d’Utopia 56 à Grande-Synthe, pour analyser les dispositifs de sécurité mis en place : sont-ils réellement là pour protéger ? Ou pour éloigner les exilés des routes les plus sûres, quitte à les exposer à plus de dangers ?

Voir le documentaire

https://www.youtube.com/watch?v=0LahJcSTqL8