Gaza saigne

Israël tue, la France est émue !!!

Gaza n’est plus une simple ville, mais un cri ouvert face au silence du monde. Ses maisons détruites racontent les histoires de ceux qui ont vécu et sont morts dans l’ombre. Les décombres portent des noms, des souvenirs et des rêves anéantis. Gaza saigne… et le monde regarde. La situation est catastrophique. Témoignage d’Abu Amir, représentant de l’UJFP à Gaza le 3 avril 2025.

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Gaza aujourd’hui n’est pas un champ de bataille, mais un champ d’extermination à ciel ouvert, où des massacres sont commis chaque jour, où des familles sont éradiquées collectivement, sous l’impuissance internationale et un silence troublant. Un peuple est tué sans relâche, piégé dans un coin exigu de la terre, empêché de fuir, enfermé dans la mort.

L’ « émigration volontaire » : un déplacement forcé sous couvert de guerre

Dans l’un des épisodes les plus obscurs et inquiétants depuis le début de l’agression, le ministre israélien de l’Intérieur, Moshe Arbel, est apparu à l’aéroport Ramon le mardi 1er avril, supervisant lui-même ce qui est désormais appelé le « plan Trump d’émigration volontaire ». Ce plan, mené en silence et dans les coulisses, est présenté au monde comme une initiative humanitaire, alors qu’il s’agit en réalité d’un déplacement forcé maquillé par des slogans de volontariat, exploitant le besoin vital de survie.

Ce jour-là, un nouveau groupe de centaines de Palestiniens a quitté la bande de Gaza à bord d’un avion privé à destination de l’Allemagne, accompagné de diplomates allemands. Ce vol n’était pas le premier : le ministre Arbel a révélé qu’une dizaine de vols avaient été organisés ces dernières semaines, transportant des centaines de Palestiniens vers l’Allemagne, la Roumanie et les Émirats arabes unis.

Tout cela se déroule dans une opacité totale, sans aucune implication ni coordination palestinienne officielle. À Gaza, personne ne connaît les détails de ces départs : ni leur organisation, ni leur financement, ni la sélection des passagers. Les informations ne nous parviennent que par les médias israéliens, ce qui soulève des soupçons quant à l’existence de réseaux secrets exploitant le désespoir et la destruction ambiants.

Et face à ce siège, à la faim et à la mort quotidienne, il serait injuste de blâmer ceux qui tentent de survivre. La situation catastrophique pousse de nombreuses familles à s’accrocher à toute possibilité de sortie, même si cela signifie monter dans un avion vers une destination inconnue, dans un voyage non annoncé, sans adieux ni retour. Ce n’est pas une émigration volontaire, mais un exode silencieux orchestré sous les bombes, justifié par des couloirs “humanitaires” frauduleux.

Explosion humanitaire : Gaza devient incontrôlable

Dans une évolution alarmante, le coordinateur humanitaire des Nations unies a averti d’un effondrement total de la situation dans la bande de Gaza, déclarant que « ce qui se passe à Gaza constitue une violation flagrante du droit international et humanitaire ». Il a indiqué que plus de 200 000 personnes ont fui Rafah et le nord de la bande ces derniers jours, et que près des deux tiers du territoire de Gaza étaient désormais hors de portée de l’aide humanitaire.

Dans les zones sinistrées, aucune aide n’a été livrée depuis plus d’un mois. Les camions sont bloqués aux points de passage, les entrepôts sont vides. Même l’eau potable devient rare, les centres d’hébergement sont surpeuplés à un niveau inhumain. Il n’y a ni matériel médical, ni antidouleurs, seulement du sang, des cris et des mères perdant leurs enfants dans leurs bras.

Ces alertes surviennent alors qu’Israël continue de bombarder les centres de secours, les entrepôts et les installations sanitaires, invoquant des accusations non fondées de « vol d’aide ». Mais le responsable onusien a démenti ces allégations, affirmant que la distribution de l’aide est soumise à un contrôle rigoureux, sans preuve de détournement vers des groupes armés.

Rafah brûle… Personne n’entend les appels à l’aide. Rafah, dernier refuge pour les déplacés, est en flammes sous les bombardements. Cette ville du sud, qui abritait plus d’un million de personnes, voit à nouveau la majorité de ses habitants devenir des sans-abri. Dans la zone de Khirbet Al-Adas en particulier, des centaines de familles assiégées ont lancé des appels désespérés, sans couloirs sûrs, sans équipes de secours, sans même des ambulances capables d’y accéder.

Les bombardements se poursuivent depuis des heures, les maisons sont rasées jusqu’à leurs fondations. La fumée couvre le ciel de la ville, et la scène rappelle les massacres de Khan Younès et Jabalia. La crainte que Rafah ne devienne une nouvelle version de ces massacres s’intensifie minute après minute. Les survivants passent d’un danger à l’autre, d’une tente en ruine à un champ de décombres, sans abri. Même les écoles et les mosquées n’ont pas été épargnées par les frappes. Plus aucune instance onusienne ne peut garantir la moindre protection.

Quand Gaza devient une accusation : le discours incendiaire de Katz

Dans une démonstration politique justifiant moralement l’extermination, le ministre israélien Yisrael Katz a déclaré que l’opération « Épée et Force » était entrée dans une nouvelle phase visant à « anéantir et purifier » la bande de Gaza, confirmant l’intention de l’armée de prendre le contrôle de vastes zones du territoire et de les annexer aux « zones de sécurité ».

Katz a appelé les Palestiniens à « se révolter contre le Hamas », dans un discours qui rend les civils responsables de la guerre, comme s’ils avaient la liberté de décision ou des moyens d’action. Il n’a distingué ni enfant ni femme, ni combattant ni civil, considérant chaque Palestinien comme un ennemi potentiel. Ainsi, les médias israéliens et les responsables extrémistes continuent de dépeindre les habitants de Gaza comme des membres du Hamas, les rendant tous responsables des événements du 7 octobre. Ce discours de propagande vise à légitimer les massacres et à justifier l’injustifiable, dans un silence international complice de cette barbarie.

Jabalia… Le cimetière ouvert des enfants et des déplacés

Dans l’un des massacres les plus terrifiants, une frappe israélienne a visé une clinique de l’UNRWA dans le camp de Jabalia, au nord de Gaza, qui abritait des centaines de déplacés. Au moins 19 personnes ont été tuées, principalement des femmes et des enfants, transformant la clinique en scène d’horreur et de carnage. Des témoins ont rapporté qu’une fillette avait été retrouvée décapitée, et que l’identification des corps se faisait uniquement par les vêtements : « un chemisier rouge », « un pantalon gris », « une petite chaussette »… Voilà la réalité. Plus de traits, plus de visages. Malgré ce massacre, de nombreuses familles croient encore que les installations de l’UNRWA sont sûres. Mais Israël a démontré qu’aucune ligne rouge n’était respectée. Hôpitaux détruits, écoles anéanties, tentes bombardées… Quelle immunité peut-il encore rester ?

La famine frappe… et les enfants meurent en silence

Le Programme alimentaire mondial a averti que ses stocks dans la bande de Gaza sont presque épuisés. Les colis alimentaires suffisent à peine pour deux jours, et les repas chauds ne pourront être distribués plus de deux semaines. Plus d’un million de personnes risquent la famine, alors que toutes les voies d’acheminement de nourriture, d’eau et de médicaments sont bloquées. Des familles partagent un seul pain, les malades s’endorment de faim, faute d’analgésiques. Les enfants souffrent de malnutrition aiguë, les nourrissons meurent sans lait. L’eau est contaminée, les médicaments absents, et le pain est devenu un rêve inaccessible.

Malgré tout cela, les consciences du monde restent endormies, et les voix ne s’élèvent que pour des condamnations formelles ou pour défendre « le droit d’Israël à se défendre ».

Gaza n’est plus une simple ville, mais un cri ouvert face au silence du monde. Ses maisons détruites racontent les histoires de ceux qui ont vécu et sont morts dans l’ombre. Les décombres portent des noms, des souvenirs et des rêves anéantis.

À Gaza, les gens sont enterrés sans linceul, les prières sont récitées sur des corps non identifiés, des familles entières disparaissent sans laisser de trace. Alors que les victimes attendent d’être secourues, personne ne vient. Pas de justice, pas de loi, pas d’équité. Seulement un silence mondial troublant, à la hauteur du bruit des explosions.

Gaza saigne… et le monde regarde.

pierre Stambul ; abonné de Mediapart

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Israël tue, la France est émue !

C’est un communiqué du Quai d’Orsay, le 1er avril.

« La France exprime son émotion après la découverte des dépouilles de quinze secouristes du Croissant-Rouge palestinien (PRCS) et de la défense civile palestinienne, le 30 mars, décédés dans le cadre d’une opération militaire israélienne une semaine plus tôt alors qu’ils venaient porter assistance à des blessés. »

Comme le confirmera une vidéo réalisée par l’une des victimes sur son téléphone portable peu avant sa mort – et dont l’existence a été révélée le 5 avril -, les travailleurs humanitaires ne sont pas simplement « décédés ». Ils ont été assassinés.

Ces événements ne sont pas déroulés « dans le cadre d’une opération militaire » : le convoi d’ambulances, parfaitement identifiable avec ses gyrophares et ses sirènes hurlantes, faisait route pour secourir des civils bombardés à Rafah. Il a été poursuivi et intercepté par les militaires. Ses passagers arrêtés.

La « découverte » des « dépouilles » n’a été possible qu’une semaine après l’attaque (illégale) de l’armée israélienne, lorsque des collègues des secouristes ont enfin eu accès à la zone.

Quant à l’expression d’une « émotion », elle pouvait s’accompagner d’une condamnation et de l’exigence d’explications adressées aux autorités israéliennes – ignorées dans le communiqué.

À la suite des massacres perpétrés par le Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023, la diplomatie française a effectué un virage sur l’aile. D’une part, en adhérant largement au discours du gouvernement d’extrême droite dirigé par Benyamin Netanyahou, d’autre part en manquant à ses obligations de base. De Charles de Gaulle (1958-1969) au président Jacques Chirac (1995-2007), Paris défendait le droit du peuple palestinien à obtenir enfin l’État promis par les résolutions des Nations unies et rappelait avec force Israël à ses devoirs : se retirer des territoires occupés en 1967 et respecter ses responsabilités de « puissance occupante » en Cisjordanie et à Gaza.

Depuis le déclenchement de l’offensive israélienne à Gaza, la violation répétée – parfaitement établie par de multiples rapports d’organismes des Nations unies et d’organisations non gouvernementales – du droit international humanitaire ne provoque que de molles condamnations. Celle, par exemple, de l’utilisation de l’aide humanitaire comme « instrument de guerre », par le président Emmanuel Macron en Égypte, le 8 avril. Cette retenue tranche avec la netteté et la fermeté – justifiées – des réactions aux crimes commis par l’armée russe en Ukraine.

Avocate historique de la Cour pénale internationale, la France a autorisé, dans la nuit du 6 au 7 avril 2025, l’avion de M. Netanyahou, pourtant sous mandat d’arrêt, à survoler son territoire pour se rendre à Washington.

Le monde diplo