Contre le laissez-passer sanitaire
À l’heure où le retour à « la normale » est pressenti pour 2023, il devient urgent de s’interroger sur les logiques sous-jacentes qui ont amenées à l’imposition du passe-sanitaire et à son corollaire, la vaccination quasi-obligatoire.
Le numérique tient un rôle central dans cette dérive. Serge Halimi, rédacteur en chef du Monde diplomatique va jusqu’à dénoncer une « dictature numérique » : « […] nous entérinons plutôt benoîtement l’invasion galopante du numérique et du traçage de nos vies intimes, professionnelles, de nos échanges, de nos choix politiques. […] M. Macron […] [précipite] le remplacement des interactions humaines par un maquis de sites administratifs, de robots, de boîtes vocales, de QR codes, d’applications à télécharger. Dorénavant, réserver un billet, acheter en ligne, exige à la fois une carte bancaire et la communication de son numéro de téléphone portable, voire de son état civil. Il fut un temps, qui n’était pas le Moyen Âge, où l’on pouvait prendre le train en demeurant anonyme, traverser une ville sans être filmé, se sentir d’autant plus libre qu’on ne laissait derrière soi nulle trace de son passage. Et pourtant, il y avait déjà des enlèvements d’enfants, des attentats terroristes, des épidémies – et même des guerres. »
Ajoutons qu’une étude de la Fondation Jean-Jaurès donne à voir une autre logique qui est en affinité élective avec cet autoritarisme technologique. Cette étude nous apprend que l’électorat macroniste rêve d’un « homme fort » et ce dans une proportion bien supérieure (46 %) à celle des français. Cet électorat talonne l’extrême droite (54 %) en cette velléité.
La chroniqueuse à Reporterre Célia Izoard dénonce : « ce monde-là [qui] repose sur ce qui est présenté depuis plus de vingt ans comme la clé de la compétitivité économique, résumé par le sigle « NBIC » : nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives. Face à une pandémie, il se déploie sous la forme d’une politique sanitaire exclusivement fondée sur la vaccination et le traçage numérique [et] s’inscrit […] dans une politique industrielle. Ses enjeux ont été clairement explicités dans le rapport Villani de 2018 sur l’intelligence artificielle : face à la concurrence des géants internationaux, il faut créer « une politique économique articulée autour de la donnée » […] tout particulièrement dans le secteur prioritaire de la santé. Ainsi, « l’un des rôles de la puissance publique à l’heure de l’IA [intelligence artificielle] est d’orchestrer le “monitoring” de l’ensemble du système sanitaire, c’est-à-dire d’identifier les données susceptibles d’être utilisées et d’organiser les modalités concrètes de leur collecte et de leur exploitation à des fins de santé. »
Et de questionner : « en d’autres termes, la politique “sanitaire”du gouvernement français, mais aussi israélien, chinois, etc.) est-elle une politique de santé publique ou une politique industrielle sur le front stratégique des « big data » et de l’intelligence artificielle ? »
Plus largement, la société industrielle est étroitement liée à l’outil de gestion qu’est l’informatique. Ce dernier est tout sauf neutre et comme toute technique, elle « redéfinit toujours les rapports sociaux » selon François Jarrige. Dès sa conception, l’informatique porte en elle cette tendance lourde qui permet d’accroître les capacités de contrôle sur la société de masse afin d’en perpétuer la logique : une logique socialement et écologiquement destructrice. Remettre en cause l’informatisation du monde et la complaisance technophile de tous les partis politiques est un préalable indispensable.
Sans smartphone, ce « gadget de destruction massive » aucun gouvernement n’aurait pu aussi facilement déléguer ses pouvoirs de police aux restaurateurs, ni ces derniers les mettre en oeuvre. Sans l’addiction entretenue à cette prothèse numérique qui géolocalise et contrôle à des fins commerciales et sécuritaires les citoyen·nes depuis des années, le passe-sanitaire aurait-il été aussi facilement accepté ?
Le groupe PMO de prévenir dès 2005 : « Si ce marché (du portable) est si porteur, c’est que le rouleau-compresseur marketing a su capter ce qui, dans ce monde high tech et dévoué à la guerre économique, avait été détruit : les rapports sociaux […] Pourquoi aurions-nous besoin d’une médiation électronique pour communiquer si ce n’est pour nous adapter à un monde qui atomise chacun de nous et morcelle nos vies ? […] “Selon Béatrice Fracchiolla, sociologue et chercheuse en pointe sur les nouvelles technologies, son usage immodéré [NDR : du portable] sert à combler les temps de déplacements quotidiens qui sont souvent source d’angoisse. “Ce temps passé en transit dans des sortes de “non-lieux” successifs, au milieu d’une foule anonyme, entraîne une perte d’identité”, écrit-elle dans la revue Esprit critique. […] La sociologue voit dans le portable […] autant de tentatives de reconquête par l’humain d’espaces urbains chaotiques. Des moyens d’être mobile, comme autant de “palliatifs au rapport de voisinage qui diminue au fur et à mesure que les villes s’agrandissent et s’étendent, que leurs frontières deviennent de plus en plus délétères”
Pour en savoir plus sur le document créé par le « Collectif du Vallon d’information sur les objets connectés et champs électromagnétiques artificiels » :
Jetez vos smartphones
Voici le sommaire
Introduction
Contrôler pour exclure… grâce aux smartphones : bienvenue dans la technopolice
L’informatisation du monde détruit les acquis sociaux et la démocratie
Changer de logiciel : pour une santé environnementale
Que faire ?
Concluons