Elle a eu lieu en octobre 2021
« Les descenderies de Cigéo, qui sont les éléments clés de la phase pilote, sont des tunnels inclinés de large diamètre et longs de plusieurs kilomètres. Ces descenderies interceptent en particulier les calcaires de l’Oxfordien sur près de 300 mètres d’épaisseur. Si les perméabilités retenues lors des premiers forages de l’ANDRA pour cette formation géologique étaient faibles, les nombreuses investigations complémentaires en 2003 et 2008 démontrent que l’Oxfordien présente régulièrement
des circulations préférentielles rapides dans des fractures en profondeur qui invalident les faibles valeurs de perméabilité initialement retenues. La caractérisation plus précise de ce karst en cours de formation interroge sur la faisabilité de Cigéo :
– en construction, ces singularités hydrogéologiques renforcent les aléas et les contraintes de creusement des ouvrages surface-fond.
– en exploitation, les pompages permanents dans les ouvrages pour évacuer ces eaux d’infiltration impliquent une gestion constante des rejets en surface et des risques supplémentaires au fond.
– après fermeture, comment évolueront les karsts sous couverture de l’Oxfordien sous la zone de Bure? Dans 100 ans, 1 000 ans, 10 000 ans, quelles seront les vitesses de circulation de l’eau dans les fissures, fractures, dissolutions et cavités générées au fil du temps dans ces formations calcaires? Quels impacts à long terme sur la dispersion des radionucléides?
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https://www.youtube.com/watch?v=3ioDEG-_LEc&t=3s
27 minutes
Du point de vue hydrogéologique, deux évolutions majeures depuis le dossier originel de 2005 amènent des interrogations et inquiétudes concernant les eaux d’exhaure du projet Cigéo :
Les calcaires de l’Oxfordien, épais d’environ 300 m, constituent la formation géologique encaissante supérieur de la roche hôte (Callovo-Oxfordien). Il s’agit d’un milieu complexe du point de vue hydrogéologique.
– Dans le dossier initial de 2005, il était question de puits pour descendre les colis de déchets.
En 2009, le puits est abandonné pour des raisons techniques, au profit de deux descenderies d’un seul tenant.
Ces descenderies intercepteraient, avec une pente de 12 %, la formation des calcaires de l’Oxfordien.
Ce choix de conception multiplierait par 20 environ la surface de contact des ouvrages jour-fond et des calcaires de l’Oxfordien, et donc d’autant les venues d’eau à gérer dans ces ouvrages.
– L’autre critère ayant évolué est la valeur donnée à la perméabilité de l’Oxfordien. Lors des premiers forages en 2000, elle était estimée à 2,7.10-9 m/s. Suite aux campagnes de forages de 2003 et de 2008, on sait aujourd’hui que les caractéristiques hydrogéologiques de l’Oxfordien sur le secteur sont hétérogènes et que les perméabilités peuvent varier entre 10-8 m/s et 10-5 m/s voire 10-3 m/s dans les zones les plus fracturées. Cela multiplie encore les estimations initiales des venues d’eau à gérer par un facteur 100 environ. Si on comparait les estimations données par le maître d’ouvrage en 1994 aux actuelles, ces valeurs de perméabilité seraient multipliées par un facteur 10 000 environ !
Ainsi, les exhaures en provenance de l’Oxfordien, qui ne constituaient pas un problème très important lors des études réalisées en 2005 puisqu’il était question de puits (faible surface de contacts) et d’une perméabilité faible et homogène sur le secteur, devient une question primordiale.
Pourtant, malgré les procédures d’autorisation en cours, le maître d’ouvrage ne donne pour l’heure aucune estimation quantitative officielle de ces exhaures. On sait cependant que les descenderies seraient drainantes au niveau de l’Oxfordien et que des caniveaux de récupération permettraient d’évacuer, de façon gravitaire, ces eaux vers deux rétentions positionnées dans une recoupe en pied de descenderies. Les eaux contenues dans ces rétentions seraient renvoyées en continu en surface via un réseau spécifique.
Si ce type de dispositif drainant n’est pas exceptionnel dans des ouvrages courants de génie-civil et miniers, il doit être mis en perspective dans le cadre du projet Cigéo. La durée d’exploitation envisagée de 150 ans et les problématiques pouvant être engendrées par un dysfonctionnement des pompes amènent de nouvelles questions sans réponse. Pour Cigéo, la collecte des eaux d’exhaure est identifiée par le maître d’ouvrage comme principale source susceptible d’engendrer une inondation interne des galeries en profondeur. Les descenderies sont des ouvrages identifiés comme sensibles vis à vis du risque de dissémination de substances radioactives.
A plus long terme, il est probable que cette perméabilité évolue à des échelles de temps significatives. En effet, l’érosion endokarstique par dissolution des carbonates dans le massif calcaire fracturé de l’Oxfordien fait évoluer le milieu géologique sur le secteur Meuse/Haute Marne à des échelles temporelles sensibles, allant du siècle à la dizaine de milliers d’années.
Les impacts de Cigéo sur la ressource en eau du territoire
file:///C:/Users/Pierre/Downloads/FICHE-HYDROGEOLOGIE.pdf
Plus d’infos sur le projet Cigéo
https://meusenature.fr/themes/cigeo/
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