Comment faire le choix de la guerre civile !
« Le Covid 19 et ce qu’il est devenu sont des constructions sociales, éminemment politiques, donc qui ont façonné la conscience collective, enfin l’inconscience collective… » observe Alexandre Penasse dans Kairos Hebdo numéro 9 du 4 juillet 2022(1). De fait il est une urgence centrale : s’affranchir du champ sanitaire dans lequel les covidistes imposent de confiner le débat. De fait ils y piègent leurs contradicteurs. Non pas que cette dimension ne soit pas importante, mais elle est ici seconde. Il y a en effet bien longtemps que ces événements se situent sur un autre plan : celui du religieux au sens sociologique du terme.
Aucune société ne « fait société » sans système idéologico-religieux : système nommé cosmogonie(2). La nature a horreur du vide c’est bien connu. Dans l’espace laissé vacant par les grands récits religieux et politiques, le covidisme vient investir cet espace. Dans un monde réduit au physiologique, les clercs qui indiquent le Sens aux grands de ce monde sont les technoprophètes transhumanistes Yuval Noah Harari et consorts. Accaparant la parole médiatique, ils martèlent que toute idée de transcendance est illusion archaïque et réactionnaire. C’est le règne d’Homo Deus. L’humain n’est pas réductible à un animal et une machine ? Selon eux, seules des « arguties philosophico-théologico-fumeuses(3) » pourraient s’opposer à cette vision progressiste de la condition humaine.Dans cette perspective, le covidisme fournit tout l’attirail à la société : litanies, vêtements, grands discours, valeurs, édifices, clergé en robe/tablier blanc… et même des ennemis et boucs-émissaires, pour faire corps.
Le « vaccin », thérapie génique aux effets secondaires mal connus mais à l’inefficacité désormais démontrée, ne relève ici pas de la médecine mais d’un rite archaïque, telle la scarification ou le tatouage, à travers lequel le sujet prouve qu’il est prêt à attenter à son intégrité physique pour prouver son adhésion au régime. Le masque est, lui, la marque d’une humiliation et d’une servitude volontaire que beaucoup continuer de réclamer, même en après la fin de son obligation, même après que des médecins alertent sur ses conséquences sur la santé(4).
Parallèlement, les réfractaires à ce rite initiatique consistant à injecter dans leur chair un produit inconnu et potentiellement dangereux montrent leur insoumission au dogme covidiste. Ils seront par conséquent dénoncés comme des hérétiques mettant en cause la cohésion du groupe. L’aspect sanitaire n’est plus que le masque « scientifique » destiné à recouvrir un phénomène social. Cela est d’ailleurs avoué par les covidistes eux-mêmes. Ainsi cette médecin qui twitte le 19 juillet 2022 : « Dr. Oceane MINKA @MinkaOceane_Dr · Jul 19 Un soignant vacciné covid + peut travailler, mais un soignant antivax covid- ne peut pas travailler. La différence entre ces 2 ne réside pas dans le niveau de transmission mais dans le rapport à la science, à la morale, à l’éthique. #NON à la réintégration des soignants #antivax. » Tout est dit.
Avant l’élection présidentielle française, un chroniqueur de RTL remarquait : « Emmanuel Macron a besoin d’adversaires pour le combat politique à venir et pour se positionner5. » Un de ses confrères faisait une analyse allant dans le même sens : « La saillie [d’Emmanuel Macron sur les Amish] est davantage qu’une moquerie à l’adresse d’élus écologistes devenus experts dans l’auto-caricature. Non, elle tient d’un positionnement réfléchi dans la perspective de l’élection présidentielle. (…) Un ministre de poids explique que 2022 se jouera autour de trois frontières [dont] le clivage croissance-décroissance […] Malgré un réel déficit de crédibilité en matière environnementale, le chef de l’État presque candidat a ainsi décidé de les affronter6 ». « C’est l’ennemi qui te désigne » est une fameuse sentence de théorie de la guerre. La Macronie et sa Start-up Nation ont désigné leurs ennemis : ceux qui ne croient pas que le Progrès nous permette de nous affranchir des lois de la biophysique, et que la thérapie génique n’éradiquera pas le virus. Dans ce contexte de « guerre », il s’agit de les dénoncer comme l’ennemi de l’intérieur, c’est-à-dire le pire danger. Ils seront surtout utilisés comme boucs-émissaires pour détourner du pouvoir la colère de la population. « La France, le monde est en guerre contre un ennemi qui est le virus, et vous vous placez objectivement du côté du virus, du côté de l’ennemi ! » hurlait un journaliste de France Info, le 21 août 2021, à un opposant aux politiques liberticides.
Cet été, la gare de Pithiviers près de Paris a été transformée en mémorial pour les déportés. C’est pourtant la même matrice qui amène à ces horreurs : notamment ces hauts fonctionnaires qui ne font qu’« obéir aux ordres » et qui renvoient invariablement les résistants au « terrorisme » et aujourd’hui au « complotisme ». M. Castex, Mme Borne et consorts, soit le parfait psychotype de cette haute administration qui envoie sans sourciller des dizaines de milliers de travailleurs au chômage pour cause de refus d’injection. M. Castex, Mme Borne et consorts, qui font, 70 ans après cette tragédie, un marché obscène des victimes de leurs prédécesseurs. Communisme, fascisme, nazisme… aujourd’hui covidisme, ce sont les mêmes esprits malléables qui s’en remettent aux « autorités compétentes » « pour leur bien », qui rejouent sans fin la même tragédie.
Tout est bouleversé par l’histoire : si le pass sanitaire est la marque du « fascisme », ce qu’il est, le vote au Parlement européen ce 23 juin 2022 a vu les écologistes EELV, en pointe pour réclamer l’injonction obligatoire, et le parti de Jean-Luc Mélenchon approuver sa prolongation, pendant que le parti de Marine Le Pen s’y opposait. Le RN est-il devenu le parti « antifa » ? La Gauche et les syndicats, eux, ont sombré, rattrapés par leur pulsion totalitaire. Seul les délires « woke », pur produit du capitalisme libéral, semblent encore les motiver.
Ceux qui ne font pas le lien entre décroissance et résistance au covidisme passent à côté de l’essentiel. Confronté aux limites physiques de la planète, la Macronie est rendue plus folle et dangereuse encore. Plutôt que de s’interroger, elle dirigera sa colère vers les « Amish », dont elle voudra, selon la thèse girardienne, faire les victimes expiatoires. « Un bon indien est un Indien mort. » (général Philip Sheridan). Les indiens d’ici ‑ « Amish », « décroissants », Gilets jaunes, et autres attardés ‑ doivent être, pour eux, éliminés. Il en va du triomphe du « Progrès ».
Constantin Mirabel ; kairospresse.be
Notes et références
- www.kairospresse.be/kairos-hebdo-n9
- Une cosmogonie est un récit mythologique qui décrit ou explique la formation du Monde. Elle se distingue de la cosmologie, qui est la « science des lois générales par lesquelles le monde physique est gouverné ».
- Réponse de l’auteur Antoine Bueno au philosophe Fabrice Hadjadj interrogeant ses thèses : « La vie peut-elle se ramener à des problèmes techniques? ». « Faut-il limiter les naissances pour sauver la planète ? », Le Figaro Magazine, 24 juin 2022
- « Une vague de maladies respiratoires déferla sur l’Allemagne. L’Association des médecins généralistes de la Sarre considère le port du masque comme l’une des causes — et prône un usage plus modéré. » (Die Welt, 22 juillet 2022).
- « Emmanuel Macron installe ses clivages pour 2022 », 16 septembre 2022.