Un nouveau cadre d’EDF dénonce la dissimulation d’incidents nucléaires à la centrale atomique du Tricastin
En juin dernier une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Marseille contre EDF avec douze chefs d’accusation retenus dont « non-déclaration d’incident ou d’accident » et « mise en danger d’autrui » après la plainte d’un cadre de la centrale nucléaire du Tricastin qui y a travaillé de 2016 à 2018. Aujourd’hui un second cadre, Ingénieur au service d’inspection internet d’EDF depuis 2015, rejoint le premier plaignant et affirme qu’en juillet 2018 les responsables de la centrale ont « tout fait pour faire obstacle au travail d’inspection » et porte plainte à son tour pour « harcèlement moral » de la part de la direction de la centrale.
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Un second cadre de la centrale nucléaire EDF du Tricastin dénonce la dissimulation d’incidents nucléaires de la part de la Direction de la centrale. Victor (un pseudonyme choisi pour préserver son anonymat) rejoint le premier cadre « Hugo » qui avait dénoncé des faits similaires et d’autres malversations qui ont conduit le parquet judiciaire de Marseille à ouvrir une enquête avec pas moins de douze chefs retenus, dont « non-déclaration d’incident ou d’accident » et « mise en danger d’autrui » suite à sa plainte du 5 octobre 2021.
« Victor » qui a 51 ans et est ingénieur au service d’inspection internet d’EDF depuis 2015 va, à son tour, se constituer partie civile dans cette enquête. Aujourd’hui victime de « harcèlement moral … à la demande expresse de la direction de la centrale » Victor est en arrêt maladie et déclare qu’« il apparaît de manière incontestable que les responsables » de la centrale nucléaire du Tricastin ont, (au moins) en juillet 2018, « tout fait pour faire obstacle au travail d’inspection » de son service et de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN).
« Victor » rejoint aussi Leila, l’hôtesse d’accueil sur le site nucléaire du Tricastin, licenciée soit-disant pour faute grave après avoir dénoncé des manquements sérieux dans la sécurité du site et dont le tribunal administratif a fin mars 2022 cassé la procédure contre elle après trois années de lutte.
Très prude et méprisant pour ses salarié-es, EDF dément évidemment les accusations d’une stratégie de dissimulation des incidents nucléaires et de non-respect généralisé des procédures tout comme l’existence d’intimidations envers la filière indépendante de sûreté. Mafia et lâcheté vont souvent de paire.
Vous souhaitez nous transmettre des informations ? nous nous engageons à préserver votre anonymat. Que les bouches s’ouvrent, que la peur change de camp :
contacts@coordination-antinucleaire-sudest.net
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voir notamment sur ce sujet :
. La centrale nucléaire EDF du Tricastin est une véritable pétaudière où tous les coups sont permis. Une nouvelle plainte contre le nucléariste est déposé pour harcèlement moral (30 mai 2022)
. Tricastin : un cadre de la centrale nucléaire dénonce une « politique de dissimulation » d’incidents de sûreté (12 novembre 2021)
. Centrale nucléaire EDF de Tricastin : une information judiciaire ouverte pour « non-déclaration d’incident et d’accident», « mise en danger d’autrui » et « faux et usage de faux » (9 juin 2022)
. Tricastin : licenciée pour avoir alerté sur des dysfonctionnements dans la sécurité du site (11 mai 2022)
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Encore une mauvaise nouvelle pour EDF
La production nucléaire est revue à la baisse pour 2022
Le groupe français annoncé jeudi avoir abaissé sa prévision de production nucléaire en France pour 2022, en raison de l’impact des grèves sur la maintenance de ses réacteurs et l’allongement de la durée d’arrêt de 4 réacteurs nucléaires. Le groupe a néanmoins confirmé ses estimations de la production nucléaire pour 2023 et 2024. 29 des 56 réacteurs nucléaires en France sont à l’arrêt (Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)
De mal en pis. A l’approche de l’hiver, et alors que près de la moitié des 56 réacteurs nucléaires sont à l’arrêt pour des maintenances prévues ou des problèmes de corrosion soupçonnés ou avérés, EDF a une nouvelle fois révisé à la baisse sa production nucléaire pour l’année 2022. Ceci en raison notamment de l’arrêt prolongé de quatre réacteurs concernés « par le programme de contrôles et de réparations du phénomène de corrosion sous contrainte », mais aussi des grèves pour des augmentations salariales qui ont perturbé « les plannings d’arrêt pour maintenance ». Résultat : la production nucléaire ne sera pas comprise entre 280-300 TWh (térawattheures) en 2022 comme l’énergéticien français l’envisageait jusqu’ici, mais devrait se situer dans une fourchette allant de 275 à 285 TWh (térawattheures).
Le groupe a confirmé ses estimations de la production nucléaire en France pour 2023 et 2024, soit respectivement 300-330 TWh et 315-345 TWh. Pour rappel, la capacité du parc français avoisine les 460 TW.
L’impact financier n’a pas été communiqué
Sur les neuf premiers mois de l’année, la production nucléaire en France s’élevait à 209,2 TWh, soit 59 TWh de moins qu’à la même période en 2021. Au cours de la même période, EDF ne pouvait guère compter sur les barrages pour corriger le tir : la production hydraulique s’est établie à 24,9 TWh, une baisse de 8,6 TWh par rapport à 2021 en raison d’une capacité là aussi « historiquement faible », conséquence de la baisse du niveau des retenues d’eau liée à la sécheresse.
Le groupe n’a pas précisé si cette révision en baisse de la production nucléaire allait avoir des répercussions sur ses résultats financiers. Une mauvaise nouvelle de plus pour EDF qui, la semaine dernière, prévoyait une nouvelle aggravation de l’impact financier due à la baisse de la production nucléaire à hauteur de 32 milliards d’euros sur son excédent brut d’exploitation (Ebitda), au lieu des 29 milliards d’euros annoncés en septembre et 24 milliards en juillet. Or ces prévisions financières tenaient compte de l’estimation de production nucléaire française pour 2022 « dans le bas de la fourchette 280-300 TWh (térawattheures) et des prix à terme 2022 au 7 octobre », précisait le groupe.
ZOOM- EDF éconduit en Pologne
Beau contrat pour Westinghouse. Le groupe américain construira la première centrale nucléaire en Pologne pour 20 milliards de dollars, a indiqué ce mercredi le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, après la décision de Varsovie de basculer dans l’atome pour assurer son indépendance énergétique. Plus précisément, il construira trois réacteurs AP1000.
« Il s’agit de la technologie la plus avancée et la plus sûre », a expliqué le chef du gouvernement polonais pour justifier le choix de Westinghouse face aux deux autres candidats, EDF et le sud-coréen KHNP. Cette première centrale sera construite à Lubiatowo-Kopalino, près de Choczewo, dans le nord du pays. Elle doit entrer en service en 2033. Deux autres centrales devraient être également construites. Varsovie compte disposer, à terme, de trois sites nucléaires de trois réacteurs chacun, avec une puissance maximale globale de 15 GW, ce qui représenterait environ 30% du mix énergétique du pays.
Le choix de l’opérateur pour construire le deuxième projet inscrit dans le programme gouvernemental de développement d’énergie nucléaire doit être prise « dans les trimestres à venir », a indiqué Mateusz Morawiecki. Un troisième projet ; concrétisé par une lettre d’intentions signée lundi, porte sur la construction d’une centrale nucléaire près de Patnow (centre de la Pologne), par le groupe sud-coréen KHNP et les polonais PGE (contrôlé par l’Etat) et ZE PAK (privé). Ce consortium utiliserait la technologie APR1400 développée par KHNP.
la tribune.fr
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Commentaire à propos de ce dernier article
« Encore une mauvaise nouvelle … ». Pour EDF, oui ! Pour le pouvoir en place aussi.
Pour les opposants au nucléaire, c’est une information intéressante !
Ce pouvoir donne l’impression d’être incompétent. A voir ! Il est fort probable qu’il y ait eu une incapacité à faire face à des remises en forme des centrales …. cela coûte très cher. Mais il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de nuisance de ce capitalisme : face à une difficulté, il est capable de rebondir pour devenir encore plus fort. En tout cas, il teste cette nouvelle version de la sobriété capitaliste (pour certains, pas pour tous). Et surtout, il teste le degré d’obéissance de la part des citoyens. Pour l’instant, on en prend plein la figure : on perd beaucoup de liberté ; jusqu’à quand ?
Le pouvoir en place continue à croire dans le nucléaire … avec des projets qui ne seront pas opérationnels avant 2030, 2040 …! D’ailleurs, le seront-ils quand on voit les péripéties de l’EPR qui devait être mis en circulation en 2012 et coûter 3 milliards (on en est actuellement à 20).
Pour faire croire que la réflexion sur la politique énergétique est crédible, on agite l’installation d’éoliennes industrielles en mer et sur terre. Sans concertation sérieuse en direction des citoyens. On oublie de nous dire que cette politique est très centralisée (on réfléchit à partir d’un maillage à l’échelle de la France mais aussi de l’Europe). Il ne faut pas oublier que tout ce que produit l’éolien va directement dans les réseaux de la Très Haute Tension d’EDF, sans aucune incidence directe du côté de la population impactée… et avec des pertes en ligne importantes !
Cette méthode jacobine évite de demander l’avis des personnes concernées et empêche de réfléchir au niveau des petits territoires. Il faudrait au contraire penser la politique énergétique à ce niveau car cela impliquerait beaucoup les habitants qui pourraient exprimer leurs idées pour une meilleure pratique dans ce domaine.. et ailleurs.
Il ne faut pas croire au Père Noël avec cette politique macronienne … relayée par de nombreux partis politiques (gauche comprise).
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Le redémarrage de la centrale nucléaire de Cattenom retardé
Les réacteurs 1 et 3 de la centrale nucléaire de Cattenom voient leur redémarrage repoussé de plusieurs semaines à cause de problèmes de corrosion et du mouvement de grève qui a touché le site en octobre.